Communiqué de presse

18/20
la fin du XVIIIe siècle et aujourd'hui
Exposition du 5 septembre au 29 octobre 2004

à l'ancien Musée de peinture de Grenoble
Commissaire : Yves Aupetitallot

Olaf Breuning, Rineke Dijkstra, Jean-Baptiste Féret, Nan Goldin, Renée Green, Jean-Baptiste Greuze, Peter Halley, On Kawara, Thomas Ruff, Charles-Amédée-Philippe Van Loo, Henk Visch.

L'exposition, organisée par le MAGASIN, met en parallèle des oeuvres et des objets de la deuxième moitié du dix-huitième siècle issus de collections publiques et privées en Isère, et des oeuvres contemporaines des deux dernières décennies.

18/20 s'inscrit dans la série dite d'"expositions maquettes" initiées par le Magasin début 2004, dans le contexte particulier d'attente des travaux de rénovation de la verrière qui couvre le bâtiment. Conçues à partir des lieux où elles sont présentées, les "expositions maquettes" constituent en quelque sorte l'ébauche d'expositions qui pourraient être développées à une échelle plus grande et interrogent tout à la fois les formats de travail et leur contexte de présentation.

L'exposition 18/20 présentée dans l'ancien Musée de peinture (Bibliothèque du bâtiment de 1872 de Charles Auguste Questel), met en évidence quelques idées parmi les plus importantes de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, qui ont contribué à la naissance de l'ère moderne dont nous sommes plus ou moins les héritiers.
Alors que la vision de l'homme et de la société de l'ancien régime, fortement imprégnée du fait religieux était figée, la société pré-révolutionnaire appelle en profondeur son opposé : une vision dynamique d'un monde qui se définit sans limites dans le temps et dans l'espace. Cette même société invente le cercle familial dans lequel prend place l'enfant, renforce la notion d'individu, d'intimité et du sentiment amoureux. La sphère privée débute son histoire et commence peu à peu sa contamination de la sphère publique.

Ces idées fortes sont développées dans des modules circulaires, projections au sol des occulus du plafond de la Bibliothèque et dans une des salles du Musée.

Cette exposition est organisée avec le concours du Département Histoire de l'art Université Pierre Mendes-France. Elle bénéficie du soutien de Charles Burger (Toiles de Jouy).

Le parcours de l'exposition - Les oeuvres

par espace de présentation

Le temps et l'histoire

Jean-Baptiste Féret (Évreux - 1664/ Paris -1739)
Paysage et Bergers
Huile sur toile
Collection Musée de Grenoble

Temple d'amour, Nantes vers 1790, réédition Charles Burger.

On Kawara
May 27, 1967
Liquitex sur toile, 20,50 x 25,50 cm Courtoisie collection particulière, Genève.
L'artiste (né en 1933, vit et travaille à New York) prend acte du passage du temps avec les Date Paintings, une série d'oeuvres qui dure maintenant depuis plusieurs décennies. Le point du départ est la lecture des journaux locaux du lieu où l'artiste se trouve à un moment donné. Un événement qui est rapporté dans le journal retient son attention et il découpe l'article correspondant. La date de sa publication est peinte sur une petite toile dans la même langue que celle du journal. L'article est conservé dans le fond de la boîte en carton dans laquelle est placé le tableau quand il n'est pas exposé.


L'espace et la géographie

Vues d'optique
Gravures en taille douce sur papier
Collection particulière
Les vues d'optiques du dix-huitième siècle sont des gravures en taille douce à l'eau-forte faites spécialement pour être regardées au travers d'un appareil d'optique (avec pour conséquence l'inversion du texte et de l'image). Elles sont coloriées à la main, au pinceau parfois au pochoir.

L'hommage de l'Amérique à la France,
manufacture de Jouy vers 1783, dessin de Jean-Baptiste Huet et son école, réédition Charles Burger.

Peter Halley
Orange Prison, 2001
Acrylique day-glo, pearlescent et roll-a-tex sur toile
Courtoisie Galerie Art & Public, Cabinet PH, Genève
Dans les années 80, Peter Halley (né en 1953, vit et travaille à New York) est l'artiste le plus important d'un mouvement pictural appelé «néo-géo» qui renoue avec la peinture géométrique abstraite. Auteur de nombreux textes, Peter Halley qualifie les formes qu'il peint de «géographies». Selon lui elles sont la représentation de l'espace, de nos sociétés contemporaines.


L'exotisme et la chinoiserie

La fascination pour les porcelaines et laques d'Extrême-Orient atteint son apogée au cours du XVIIIe siècle. Importées par les marchands-merciers, les belles pièces de Chine, vases en pendants et sculptures, ainsi que les décors de laque du Japon notamment destinés à orner le mobilier, animent les intérieurs raffinés du siècle. Imitant la production de porcelaine orientale, les grandes manufactures (Sèvres, Delft) mais aussi de nombreux centres provinciaux très actifs (Nevers, Rouen, Marseille, ou encore Grenoble et La Tronche) en adoptent avec succès les formes et les décors. Des motifs nouveaux de «pagode», des petites scènes de genre avec «chinois» sont déclinés selon le célèbre accord en bleu et blanc. Le goût pour la chinoiserie participe pleinement de ce grand moment de l'art français par la note enjouée et exotique qu'il apporte à tous les éléments du décor.

Chronologie des Empereurs de toutes les dynasties impériales de Chine
Bibliothèque Municipale de Grenoble

Vase balustre couvert à cartouche en relief
Grand feu camaïeu bleu
Faïence de Delft (Pays-Bas)
Collection Musée de Grenoble

Carreaux de faïence
Atelier Très-Cloître - Grenoble
Collection Musée Dauphinois

Henk Visch
Vaarwel, 1994
Vidéogramme en couleurs, transféré sur DVD, 15'
Courtoisie www.henkvisch.nl
Essentiellement sculpteur, Henk Visch (né en 1950 à Eindhoven où il vit et travaille) réalise avec Vaarwel son unique vidéo construite sur un plan travelling continu d'objets détournés qui évoquent le monde exotique des restaurants chinois qu'il fréquente régulièrement. Les couleurs saturées et la musique sont extraites de ce même univers qui est presque étranger à la culture dont il se réclame.


L'intimité et la domesticité

Charles-Amédée-Philippe Van Loo (Rivoli - 1719 / Paris - 1795)
Une Bacchante jouant du triangle
Huile sur toile

Pierre Achard (1748-1833)
Paire de fauteuils en cabriolet (Estampille «P. ACHARD»)
Fin XVIIIe siècle
Bois peint, toile
Collection Musée Dauphinois
Menuisier et sculpteur dauphinois, Pierre Achard réalise à la fin du XVllle siècle et au début du XIXe siècle plusieurs sièges de qualité commandés par les diverses administrations grenobloises (municipale, préfectorale et judiciaire) et pour des particuliers.

Nan Goldin
Pablo and Hikaru Honda at Home, Tokyo, 1994
Courtoisie collection particulière, Genève
Lewis and Matt in the Tub, Cambridge, MA, 1988
Courtoisie collection particulière, Genève
Depuis son adolescence, Nan Goldin (1953, Washington, vit et travaille à Paris) photographie sa vie et celle de ses amis, chez eux, montrant ses sujets dans la plus grande intimité. Les sujets se montrent sans complexe dans leur vie quotidienne. Nous assistons aux moments de fêtes, de grandes angoisses, de conversations, d'actes sexuels, d'attente, de préparations de sortie...


Galerie de portraits

Le portrait
Le goût pour le naturel introduit une sensibilité nouvelle dans le rendu des portraits qui envahissent les Salons de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture ainsi que les intérieurs privés. Ainsi se distinguant progressivement de la tradition classique et de ses attitudes de convention, le portrait acquiert au cours du siècle des Lumières une certaine profondeur dans l'expression du visage associée à une recherche de simplicité et de grâce. Peint mais aussi réalisé au pastel pour obtenir et garder velouté et aisance dans I e tracé, le portrait gagne en vitalité, voire en sensualité


Thomas Ruff
Portrait (P. Martin), 1989
Portrait (M. Turk), 1990
Série de 60 portraits, 1983-1986 Courtoisie collection particulière, Genève Thomas Ruff (né en 1958, vit et travaille Dusseldorf) émerge sur la scène artistique internationale dans les années 80. Il réalise dans un premier temps des portraits de ses proches, jeunes artistes, étudiants de la même génération, selon à peu près le même cadrage et le même souci d'un réalisme sans concession.


Rineke Dijkstra
Abigael, Herzliya, April 10, 1999
Abigael, Palmahim Israeli Air Force Base, December 18, 2000
Diptyque photographique, C-Prints, Courtoisie collection particulière, Genève
La photographe Rineke Dijkstra (née en 1959 à Sittard (Pays-Bas) vit et travaille à Amsterdam) réalise uniquement des portraits, surtout de jeunes personnes. Ce diptyque d'une jeune femme israélienne nous la montre à deux moments différents. Une image la révèle en tenue décontractée d'été, l'autre, un an et demi plus tard, en uniforme du service militaire de l'armée israélienne.

Olaf Breuning
P Boy, 2000
Courtoisie collection particulière, Genève Un mannequin garçon est habillé d'accessoires provenant d'un magasin de sport. Mais les accessoires de marques «branchée» sont mariés avec une longue masse de fourrure couverte de pattes de lapin qui fait de lui un garçon «sauvage» en décalage par rapport à un monde industriel triomphant.

Jean-Baptiste Greuze
Portrait d'homme (de trois-quart)
Huile sur toile
Collection Musée de Grenoble

Ecole française, XVIIIe siècle
Portrait d'homme dit à tort Portrait de Lépicié
Huile sur toile
Collection Musée de Grenoble


Libon
Portrait de l'arrière grand-mère d'Hector Berlioz, 1778
Huile sur toile
Collection particulière
Libon est peintre de miniatures issu de l'Académie d'Amiens. Il habitait Grenoble en 1780. L'arrière grand-Mère de Berlioz appartient à la famille Brochier, avocat au parlement du Dauphiné en 1779.


Anonyme
Portraits de Marie-Louise-Céleste et de Françoise-Alexandrine-Camille de Rochechouart
Paire de pastels
Collection particulière


Auteur inconnu
Homme sauvage
Sculpture en ronde bosse en bois
XVI-XVIIe siècles
Musée Dauphinois
Même s'il appartient aux siècles précédents, «l'homme sauvage» cristallise un ensemble de pensées fondamentales de la société du XVIIIe siècle sur le rapport entre l'homme et une nature primitive amie. A la conjonction entre les mythes savants anciens et une croyance plus populaire, ii propose une étrangeté qui pouvait aussi séduire les hommes des Lumières.

Musée Stendhal
Renée Green
Commemorative Toile, 1992
Lampe avec tablettes intégrées, 2 chaises
Courtoisie Galerie Christian Nagel, Cologne-Berlin
Renée Green (née en 1959 à Cleveland, vit et travaille à New York et Barcelone) découvre la toile de Jouy nantaise, pendant une résidence à Nantes. Elle l'utilise telle quelle dans son travail produit sur place. Elle travaille ensuite avec le Fabric Workshop de Philadelphie avec qui elle produit une "toile de Jouy" dont elle conçoit les motifs à partir de scènes provenant des gravures de la même époque (18e et 19e siècles) qui «dérangent» les bucoliques scènes de la toile d'origine. On y voit un français pendu durant la Révolution Haïtienne, une sour noire, un homme blanc qui lèche un esclave pour estimer sa valeur. Elle fait couvrir les meubles, les rideaux, et autres surfaces avec cette toile.