Press release (french)

VITO ACCONCI

Vernissage le 17 septembre 1991 à 18h
Exposition du 17 septembre au 10 novembre 1991

Vito Acconci, poète dans les années 60, s'intéresse dès 1969 à la performance, à la vidéo et à la photo. La trace qu'il a laissée dans chacun de ces médias est indélébile, son travail étant à la fois provocateur et libérateur.

Dans un film comme "Conversions I", présenté pour la première fois en 1971 lors de l'exposition Prospect à Dusseldorf, l'artiste se brûle les poils du torse et tire sur ses seins pour signifier "une vaine tentative de développer une poitrine de femme." Lors de son "Projet sans titre pour le Pier 17" en 1971, il confie ses secrets personnels et embarrassants à quiconque lui rend visite au bout d'une jetée abandonnée. Pour "Seedbed" 1972, qui est probablement son oeuvre la plus provocante, l'artiste est allongé sous une rampe spécialement installée dans sa galerie new-yorkaise et émet des monologues auto-érotiques concernant les visiteurs qui marchent au-dessus.

Exprimant au départ une fusion dramatique entre sentiments privés et publics, il atteint une dimension où se confrontent la rhétorique du désir et celle de l'autorité.

Ses performances démontrent sa capacité à dépasser les limites traditionnelles qu'impose la gêne.

Vers la fin des années 70, Vito Acconci crée des installations comptant parmi les plus intrigantes de l'époque, qui ont à la fois désespéré et inspiré plus d'un de ses contemporains ou successeurs. Ses installations sont souvent accompagnées d'enregistrements de ses textes répétés par sa voix menaçante et suggestive. En fait, il rend privé ce qui est public tout en renversant l'ordre établi.

À partir de 1980, ii s'intéresse à la psychologie de la maison, du home, de la chambre, de la porte et de la cuisine ; il imagine des projets d'aménagement d'espaces publics de grande envergure, des lieux de récréation, des parcs et des halls de multinationales. La plupart de ces travaux ont engendré autant de controverses que ses premières performances. Ses constructions inspirées d'une cage à poule, d'une cabane dans un arbre ou d'un canot à rames par exemple, offrent des lieux secrets dans lesquels on peut se cacher, rêvasser, et ont été créées dans l'intention de fournir un agréable refuge pour les enfants de tout âge.

Par exemple, avec "Instant House" 1980, dans laquelle le spectateur, assis sur une balançoire reliée à des poulies, fait s'ériger quatre murs qui se referment autour de lui, ou avec "Birth of the Boats" 1988, où des bateaux à voile s'enfoncent dans la terre afin que l'on puisse s'y asseoir.

Dans "Face of the Earth" 1988, il utilise du bois et du gazon artificiel dans la construction d'une sculpture en forme de visage qui offre des lieux de repos ou d'activité. Dans des oeuvres comme "House of Cars No.2" 1987, Acconci vide et soude entre elles plusieurs voitures en une construction précaire, un abri. Le spectateur peut s'y installer : il y a une chambre, une cuisine, une salle de bains, etc.

L'importance des matériaux est capitale pour Acconci : volontairement bruts, il les définit comme étant "des matériaux de construction pour maisons ou meubles", destinés à ses objets qui font peu de concessions à la décoration et au style. Aucun détail n'est gratuit, chaque partie remplit à la fois une fonction structurelle et iconographique.

Bien que peu de ses projets aient été réalisés, Acconci propose une transformation du paysage urbain américain, de par sa vision dérangeante et étrangement généreuse.