James Lee Byars, Judy Chicago, Lygia Clark, Jörg Immendorff, Gordon Matta-Clark, Nicola L., Lygia Pape
L'exposition emprunte son titre à l'une des oeuvres Lidl Jörg
Immendorff («Hier dürfen wir lieben, hier dürfen wir arbeiten,
hier dürfen wir liegen») et rassemble une soixantaine d'oeuvres et
de documents provenant d'artistes, de collectionneurs, de musées, d'institutions.
À la fin des années 60 et au début des années 70,
bon nombre d'artistes se déjouent d'une vision idéologique et
dialectique des sociétés humaines et expérimentent des
formes communautaires diverses : l'espace collectif de pensée et de travail,
la convivialité partagée, le mode participatif.
Jörg Immendorff (1945, Bleckede, vit à Düsseldorf)
crée à ses débuts au sein de la Kunstakademie de Düsseldorf,
le concept/association Lidl (mot allemand qui décrit le son
d'un hochet de bébé- moyen de communication avant la maîtrise
du langage). Ce concept englobe toutes sortes d'activités de groupe :
Lidl académie, Lidl espace, Lidl sport, Lidl théâtre, etc,
visibles ici dans des oeuvres et des documents photographiques.
Lygia Clark (1920, Belo Horizonte - 1988, Copacabana), artiste
devenue psychanalyste, développe un processus qu'elle intitule "L'homme,
structure vivante d'une architecture biologique et cellulaire" et qu'elle
énonce ainsi : « L'environnement existe seulement dans la mesure
où il y a cette expression collective. Il est créé par
les gestes des participants... » Objets, documents, tels que Architectures
biologiques (1968-69), Bave anthropophagique (1973), Relaxation
(1974-75), témoignent de ces expériences.
Le partage d'un événement (l'alunissage) est le prétexte
du Moon Landing Breakfast, petit déjeuner où se retrouvent
autour d'une table, à Anvers en 1969, des habitants du quartier et la
communauté artistique anversoise, dominée alors par l'Espace A
dont Kasper König est le directeur artistique.
Le film Salto arte réalisé en 1975 à l'initiative
d'lsi Fiszman et projeté pour la première fois
ici, réunit sous un chapiteau de cirque, des artistes comme Panamarenko,
Beuys, Boltanski..., et évoque la solidarité de cette scène
d'Europe du Nord.
A New York, dans le quartier de Soho, Gordon Matta-Clark (1943, New York - 1978) ouvre le restaurant Food, qui devient le lieu de rencontre et de travail des artistes entre 1970 et 1973. L'exposition présente des photographies, des films et le magazine Avalanche.
L'idée du partage autour d'un repas est également mise en oeuvre dans The Dinner Party : une table triangulaire monumentale où sont disposés trente-neuf couverts, chacun dédié à une femme. Au sol sont écrits les noms de 999 femmes qui ont compté dans l'Histoire depuis l'Antiquité. L'artiste féministe Judy Chicago (1939, Chicago, vit au Nouveau Mexique) commence cette pièce en 1974 et la montre pour la première fois en 1979 à San Francisco. Elle fait appel à une communauté de femmes pour sa fabrication. On peut voir ici une vidéo et des pièces préparatoires.
Des oeuvres, relatives au vêtement collectif, font appel à des
collaborations participatives. James Lee Byars (1932, Detroit-
1997, Le Caire), invité en 1969 par la galerie anversoise Wide White
Space, conçoit une pièce-performance constituée d'un tissu
rouge découpé en forme d'avion où les visiteurs sont invités
à passer la tête dans les découpes prévues à
cet effet et à se déplacer ensemble dans l'espace de la galerie
et de la ville.
Le manteau de Nicola L. (née en France, vit à
New York), intitulé Same Skin For Everybody (1968) en est un
autre exemple. La performance prévue lors du vernissage avec The
Blue Cape (2002), qui habille 12 participants, permet de voir un de ces
vêtements collectifs en usage.
L'exposition montre aussi Divisor (1968) de l'artiste brésilienne
Lygia Pape (1929, Nova Friburgo - 2004, Sao Paulo), accompagné
d'une documentation photographique.
Le MAGASIN - Centre National d'Art Contemporain de Grenoble a conçu
cette exposition et a été invité à la présenter
au Mamco dans l'attente de la rénovation de son bâtiment, prévue
d'octobre 2004 à octobre 2005.