Communiqué de presse

"And Gravity" - proposition de Paul Mc Carthy
oeuvres de BAS JAN ADER, GUY DE COINTET, WOLFGANG STOERCHLE
20 octobre 1996 - 5 janvier 1997

Un hommage de Paul Mc Carthy à trois artistes liés au contexte californien des années 70/80 : Bas Jan Ader, Guy de Cointet, Wolfgang Stoerchle. La présentation d'un ensemble d'oeuvres significatives de ces trois artistes européens installés aux Etats-Unis, donnera un éclairage nouveau sur la scène artistique de Los Angeles.

BAS JAN ADER, né le 19 avril 1942 à Winschoten, Hollande, disparu en 1975.
Arrivé en Californie en 1963, Bas Jan Ader étudie la philosophie pour préparer un Doctorat sur Descartes et Hegel.
Proche de Ger Van Elk, Bill Leavitt et Allen Ruppersberg, il développe un travail singulier qui a eu un fort impact en Californie et en Europe. Son influence artistique est active encore aujourd'hui chez des artistes de la jeune génération.

Son oeuvre comprend principalement des installations, des films, des bandes vidéos et des photographies de performances ou d'actions. Il s'affronte au mythe de l'artiste héroïque, le Maître, en déclinant les thèmes de la chute et de l'échec, sensible à la proximité de ces deux mots en anglais : Falling et Failing. Ainsi, dans le film intitulé Fall I, Los Angeles, 1970, il tente de rester assis sur une chaise posée au faîte de sa maison... et tombe. Dans Fall II, Amsterdam, 1970, il roule à bicyclette sur la berge d'un canal... et tombe à l’eau... Images muettes, noir et blanc, de quelques secondes, s'interrompant avant de nous livrer le résultat de l'action.

Fortement marqué par Mondrian, il y fait référence dans plusieurs travaux. Par exemple, dans Primary Time, 1974, (ensemble de photos sans titre et bande vidéo couleur), il réinterprète les théories sur la forme et la couleur en utilisant des objets quotidiens. Vêtu de noir, il arrange et recompose des bouquets de fleurs rouges, bleues, et jaunes en des ensembles monochromes.

Il disparaît brutalement en mer lors de l'accomplissement du deuxième volet d'une oeuvre intitulée In Search of The Miraculous (A la recherche du miraculeux) comportant la traversée de l'Atlantique en voilier. La première partie de l'oeuvre, une série de photos d'une pérégrination dans Los Angeles la nuit, devait être poursuivie pour la troisième étape, en Hollande.
Il quitte Cape Code le 9 juillet 1975 ; après trois semaines, le contact radio s'interrompt, son bateau est retrouvé seul au large des côtes d'Irlande, un an plus tard.


GUY de COINTET, né à Paris en 1934, mort à Los Angeles en 1983.
Après des études aux Beaux Arts de Nancy et un séjour en Afrique du Nord, il part à New York en 1968 où il sera l'assistant du sculpteur Larry Bell.

Il s'établit ensuite à Los Angeles, enseigne la performance à l'Université de Californie, qui marque la scène artistique californienne, de Paul Mc Carthy à Mike Kelley. Son intérêt pour les livres et la culture vernaculaire le rapproche d'Allen Ruppersberg avec qui il se lie d'amitié.

L'exposition présente un ensemble de peintures, livres, films et objets permettant de découvrir la richesse de la production de Guy de Cointet, où s'exprime son intérêt pour les couleurs et la lumière, le langage et l'aspect visuel des mots, les performances et le théâtre.

Il crée des alphabets qui sont le support de dessins, de peintures et de textes. Idéogrammes, anagrammes et cryptogrammes se combinent au sein de livres dont le sens est à décrypter. Ainsi TSNX C24VA7ME, A PLAY BY DR HUN, 1974 ou A Captain From Portugal by Gei No Mysxdod.

Influencé par l'écriture automatique des surréalistes, par les traités sur la couleur de Mondrian ou Kandinsky, il croise des systèmes de langages. Employant des modes combinatoires proches des permutations ou des collages de Brian Gysin ou William Burroughs, il reçoit aussi l'influence de Raymond Roussel.

Ses performances puis ses pièces de théâtre sont l'extension de ce travail sur les codes. Pour cela, il réalise des "objets scéniques", formes géométriques colorées, qui participent au jeu, étant manipulés par les acteurs. "Les éléments visuels fonctionnent comme des énigmes à résoudre. A mesure que la pièce se déroule, ces éléments, généralement abstraits, (…) trouvent leur identité et prennent leur place dans le dialogue et les activités des acteurs" dit de Cointet à propos de TELL ME, 1980. Ces pièces sont des histoires ouvertes, dont les dialogues sont prélevés dans la vie quotidienne. Croisant plusieurs niveaux de langage, issus de livres, de séries télévisées ou de phrases entendues, l'ensemble est une accumulation de détails d'où le récit émerge peu à peu. Objets, tableaux, mots sont tous acteurs. De toutes les couleurs, sa dernière pièce, jouée au théâtre du Rond Point en 1982 par Fabrice Luchini et Sabine Haudepin, entre autres, est l'aboutissement de cette recherche sur la mise en espace du verbe. Il concrétise ainsi ce qui s'exprime déjà dans ses écrits de jeunesse.

WOLFGANG STOERCHLE, né à Neustadt en Allemagne en 1944 et mort à Santa Fé, Nouveau Mexique en 1976.
Adolescent, il émigre au Canada, puis aux Etats-Unis en 1964 réalisant un périple de 6000 km à cheval avec son frère.
Diplômé de l'Université de Californie, il enseigne ensuite la vidéo et compte entre autres pour élèves Matt Mullican et James Welling.

Il participe à des expositions et des festivals en Europe, voyage au Mexique, vit à New York, réalise des vidéos et des performances à Los Angeles avant de s'installer au Nouveau Mexique où il meurt accidentellement.

« Wolfgang voulait toujours briser les barrières. Son travail (et sa vie) étaient au sujet de la confrontation. Il avait un antagonisme viscéral envers tout ce qui était établi. Déjà dans ses premières peintures jusqu'à sa performance finale, Wolfgang utilisa les éléments les plus classiques, les plus traditionnels : la figure humaine, les qualités de la lumière, la beauté de la forme, la simplicité du style. Son art était une confrontation ironique avec les éléments de sa propre sensibilité. Il était aussi un extraordinaire être humain et un homme très drôle », écrit Paul Mc Carthy dans High Performance, au Printemps 1981.

Les performances et les sculptures de Stoerchle ont toujours une dimension expérimentale, le corps en est l'élément de base. La série Critical Work, est une série de 16 sculptures en bronze d'après des moulages de sexes féminins. « L'artiste est l'exposition » déclare-t-il lors d'une exposition où il présente Arm Wrestling (bras de fer), assis à une table, invitant le spectateur à faire un bras de fer avec lui. Il demande alors au public de compléter l'acte créateur.

La performance est pour lui un dépassement des catégories classiques de la sculpture. Ses actions ont parfois provoqué le scandale, ainsi The Artist Concentrates Until He Achieves An Erection, (L'artiste se concentre jusqu'à ce qu'il ait une érection), 1972, ou Urinating Short Spurts On The Rug, (Uriner de courts jets sur le tapis), 1972, pour lesquelles il réalise littéralement la proposition du titre.
Le corps est compris comme un instrument dont l'artiste utilise les possibilités.

Publication de 3 catalogues (un par artiste) français/anglais.