Communiqué de presse

John M Armleder
exposition du 18 février au 13 mai 2001
La "Rue" du Magasin

John Armleder appartient à la scène artistique genevoise depuis la fin des années soixante. Il y est l'un des fondateurs et des animateurs du groupe fluxus Ecart , de 1969 à 1980.

Les activités d'Ecart posent différentes questions qui sont celles du temps : l'exposition, sa fonction, son sens, l'auteur, l'artiste et le collectif, les modes de présentation et de diffusion de l'art, la production de l'art.

John Armleder y pratique la performance et en retient pour les années qui suivront une pratique continue de la perturbation des lieux ou de leur intégration. Ce rapport au lieu d'exposition que l'oeuvre peut « perturber » a été développé dans les sculptures meubles qui déstabilisent la relation entre des formes géométriques pures et des objets empruntés au réel. Il est également développé dans les Wall Paintings auxquels l'oeuvre produite pour le MAGASIN peut être rattachée.

Parmi ces Wall Paintings, l'oeuvre créée dans le contexte de l'exposition premier étage de 1980-81, John Armleder utilisait les défauts des murs d'un appartement désaffecté pour prolonger par des peintures les compositions aléatoires laissées par les diverses activités des anciens occupants des lieux (tâches, marques et fantômes de meubles). Ce mur « sale » est en contradiction avec le lieu idéal et conceptuel du white cube , la salle d'exposition d'un blanc immaculé. Du simple recouvrement d'une paroi à la dispersion blanche présentée en 1967 à Genève ( Linéaments 1 ) lors d'une exposition publique d'un groupe d'artistes qui allait par la suite devenir Ecart , jusqu'à l'apposition systématique d'un pattern (motif-dessin) géométrique qui reprend le principe développé sur une série de toiles des années 80 (Galerie Art & Public, Genève, 1996), en passant par l'application en public d'un vernis transparent sur le mur d'une cave lors d'un festival de performances ( Ecart Happening Festival , Genève, 1969) ou l'utilisation d'un décor de panneaux de bois pour accueillir une composition para-constructiviste évoquant le cabinet de peintures d'El Lissitzky (dans l'annexe d'un hôtel, lors d'une exposition-parcours dans la campagne suisse, Niklaus von Flüe , Sachseln), John Armleder organise à travers ces variations sur la « peinture murale » une perturbation des attendus culturels du spectateur, le confrontant tour à tour au détournement des références des avant-gardes historiques, à une pseudo-radicalité du monochrome ou à l'horizon décoratif de la peinture.

Au MAGASIN, John Armleder s'empare de l'ensemble des murs de l'espace central « la Rue », environ une centaine de mètres linéaires, qu'il recouvre d'un papier sérigraphié dont le motif unique est une cible déformée. Le fond de l'impression est orange alors que les couleurs des anneaux, bleu et jaune sont alternées sur deux impressions différentes du même motif. Ce motif sérigraphié est collé sur le mur par bloc de quatre de deux types différents : l'anneau central est orienté soit vers l'intérieur, soit vers l'extérieur.

L'ensemble, monumental par ses dimensions et son rapport au lieu, constitue une sorte de boîte à l'intérieur de l'espace que la couleur orange circonscrit. Le trouble visuel induit par le système de pose, l'instabilité optique du système graphique perturbent dans le même temps la perception d'un espace qui devient le support d'une « peinture murale décorative ».

John Armleder est né en 1948 à Genève. Il vit et travaille à New York et Genève.