Communiqué de presse

ROBERT BARRY
11 mai – 14 juin 1989

Robert Barry est né en 1936 dans le Bronx, quartier populaire de New York.
Il appartient (avec Douglas Huebler, Joseph Kosuth et Lawrence Weiner) à la première génération des "artistes conceptuels".

Sans renier son appartenance à cette famille d'artistes, Robert Barry n'a jamais permis qu'on réduise son art à l'expression d'une formule. Il ne s'est jamais rangé à l'idée que l'art était plus logique qu'intuitif, ou qu'il avait plus à voir avec le langage qu'avec les sentiments susceptibles d'être signifiés par le langage. Il a toujours eu envers l'art conceptuel une attitude personnelle et subjective.

A la fin des années 60, Robert Barry réduit progressivement les composantes visuelles de son art. Ses premiers travaux se concentrent essentiellement sur le monde invisible de la matière qui se dérobe à la perception (Carrier Waves, ondes de fréquence, 1968 ; Inert Gaz, gaz inertes, 1969).

Effectivement, même avec un gros effort d'attention, on pouvait fort bien ne pas percevoir, par exemple, le déplacement de 99.5 mégacycles d'un point à un autre sur une fréquence FM, même si l'on était averti qu'il s'agissait d'une oeuvre d'art "invisible". Avec ses pièces "invisibles" du début, Barry s'était mis en quête d'une forme esthétique élargie. L'art cesse d'être un objet à "regarder". Barry questionnait les limites de notre perception mais aussi la nature de la perception.

En 1970, Robert Barry commence à proposer des oeuvres sous forme de liste de mots. Ces mots ne sont pas liés dans une phrase, ce qui incite le spectateur à passer du temps sur chacun. Il utilise toujours l'anglais, sa langue maternelle. Dans les langues anglo-saxonnes, notamment, les mots possèdent une pluralité de sens et n'acquièrent de spécificité que dans le contexte où ils sont utilisés. Isolés, ils retrouvent leur pluralité et s'offrent ainsi au pouvoir d'association du spectateur, dans le temps concret de leur confrontation. Far la suite, Robert Barry va faire alterner des mots et des "images" (cercles bleus, rouges, photographies de paysages...).

Robert Barry ne s'est jamais limité à un seul medium ou une seule pratique. Depuis la fin des années 60, il a eu recours pour ses travaux à un grand nombre de media : livres, projections de diapositives, fenêtres, installations acoustiques, peintures, pièces murales, films, enregistrements, gravures...

La plupart des travaux datant des dix dernières années sont soit des peintures individuelles, soit des pièces murales. Ce sont des inscriptions verbales tranquilles, discrètes, raffinées, tracées avec soin sur des fonds monochromes.

Barry décrit ainsi le processus de réalisation d'une peinture murale : "La couleur vient d'abord. Il s'agit en général de couleur tout prête, de marques de peinture standard. Son choix n'est guère différent de celui des mots... La couleur caractérise l'espace, c'est-à-dire le contexte des mots. Chaque élément est en rapport avec tous les autres, et affecte tous les autres, tout en préservant apparemment sa propre individualité. C'est pourquoi j'utilise relativement peu d'éléments. Cela devient une espèce d'exercice délicat de jonglerie… s'assurer que tout continue à se déplacer dans l'espace tout en espérant que l'ensemble ne s'effondre pas".

L'exposition de Robert Barry au Magasin est née d'un projet commun avec le Musée Saint-Pierre Art Contemporain de Lyon.

A Lyon, pour l'espace du Musée d'Art Contemporain, Robert Barry présente un ensemble de 8 peintures. Ces toiles, bien que créées spécifiquement pour cette occasion, pourront être montrées ultérieurement dans un autre contexte.

Pour le Magasin, Robert Barry réalisera une grande peinture murale dans l'espace de "La Rue". Cette oeuvre fera suite à la pièce de Lawrence Weiner, présentée dans ce même espace en décembre dernier. Le rapprochement de ces deux oeuvres permettra peut-être une meilleure compréhension du travail de ces deux artistes qui, au-delà d'un parallélisme troublant (même génération, même "mouvement" artistique, utilisant tous deux le langage comme véhicule de réflexion et d'expression artistique) ont su affirmer au fil des années des démarches très singulières. Tandis que chez Weiner les croquis d'installation sont des suggestions -la langue suffit, l'oeuvre ne doit pas nécessairement être réalisée" - pour Barry la situation concrète, dans le temps et dans l'espace, fait partie de l'oeuvre.

La peinture murale "inamovible" conçue par Robert Barry pour "La Rue" du Magasin sera exécutée par un peintre en lettres et recouverte après l'exposition. Ne subsistera que la documentation sur la pièce.

Dans l'auditorium sera également présenté un "Slide Piece" de Barry (projection de diapositives).

Ces deux propositions, visibles simultanément à Lyon et à Grenoble, permettront une réflexion sur les particularités de l'espace muséal et de l'espace d'un centre d'art en vue d'une possible complémentarité. Dans cette simultanéité, elles reprennent en quelque sorte les préoccupations de Robert Barry.

Robert Barry commence à exposer en 1964 (Westerly Gallery, New York). Depuis 1969, il expose notamment dans des galeries connues pour la diffusion de l'Art Conceptuel dans les années 70 (Seth Siegelaub, New York et Los Angeles ; Art & Project, Amsterdam ; Yvon Lambert, Paris ; Sperone, Turin ; Paul Maenz, Cologne). Il a participé aux expositions de groupe emblématiques qui ont donné à ce mouvement une réputation internationale.

EXPOSITIONS PERSONNELLES (depuis 1980)

1980     "Wallpiece", Galerie Leo Castelli, New York
             Joslyn Art Museum, Omaha, Nebraska
            "Robert Barry Color Drawings", Galerie Paul Maenz, Cologne, R.F.A.
1981     "Robert Barry", Galerie Yvon Lambert, Paris
             "All the Time", Galerie Leo Castelli, New York
1982     Museum Folkwang, Essen, R.F.A.
             Museum of Conceptual Art, San Francisco
1983     "Robert Barry : Graphik und Installationen", Ulmer Museum, R.F.A
             "Robert Barry", Galerie Leo Castelli, New York
1984     "Robert Barry : Wallpieces", Galerie Yvon Lambert, Paris
1986     "Closed Gallery" and "Marcuse", Galerie Delfryd Celf, LLoyds Bank, Pays de Galle
             Le Consortium, Dijon
1987     Galerie Paul Maenz, Cologne, R.F.A.
             Galerie Primo Piano, Rome, Italie
             Galerie Julian Pretto, New York
             Galerie Delfryd Cel, Pays de Galles G-B.
             Galerie Ghislain Mollet-Vieville, Paris
1988     Galerie Delfryd Celf, Pays de Galle, G-B.
             Galerie Wasserman & Edition E, Munich, R.F.A
             Galerie Meert-Rihoux, Bruxelles, Belgique
             Galerie Paul Maenz, Cologne, RF.A.
             Galerie Yvon Lambert, Paris
1989     Galerie Holly Solomon, Galerie Leo Castelli, Galerie Julian Pretto, New York
             Garage Tom Solomon, Los Angeles
             Galerie Ugo Feranti, Rome, Italie
             Musée Saint-Pierre Art Contemporain, Lyon
             Magasin - Centre National d'Art Contemporain, Grenoble