Communiqué de presse

TONY BROWN
Exposition du 20 février au 28 avril 1993


Première exposition personnelle dans une institution française de l'artiste Tony Brown, l'une des figures majeures de la nouvelle scène artistique canadienne. LE MAGASIN présente quatre oeuvres dont "Wind Machine" récemment montrée lors de la dernière Documenta à Kassel, et une oeuvre inédite, spécialement conçue pour Grenoble. Un ensemble exceptionnel si l'on considère la production limitée, due à la complexité des réalisations de cet artiste.

Tony Brown construit d'étranges machines en mouvement, spectaculaires. Loin d'être une apologie de l'univers de robotisation dans lequel le monde contemporain est entré, les installations de Tony Brown dénoncent le triomphe de la machine qui domine la destinée de l'homme "pour le meilleur et pour le pire", comme le souligne Pierre Francastel. Un univers de plus en plus robotisé, où la main de l'homme devient un concept abstrait du passé. Les oeuvres de Tony Brown manifestent la transformation que ces machines ont opérée sur notre appréhension du réel. Véritables "Machines de vision", pour reprendre la formule de Paul Virilio, elles montrent, entre autre, cet état d'aveuglement dans lequel s'est progressivement installée la société post-moderne. Des machines qui ont développé les moyens de communication tout en renforçant constamment l'isolement, l'impression de vivre dans des bulles. Des "Machines à habiter" ("Living in the hot house").

Une communication toujours plus rapide, de plus en plus loin, mais sans contact physique. Ainsi, les machines de Tony Brown, parfaitement réalisées, conservent toujours la trace de l'homme par leur aspect légèrement bricolé, comme s'il s'agissait de rappeler leur propre essence : tout ensemble de pièces matérielles fabriquées par l'homme, connectées entre elles, contraintes à un mouvement, et capables de transmettre et/ou de transformer l'énergie. Objet d'admiration et d'effroi tour à tour, image des machines complexes du monde moderne, les oeuvres de Tony Brown développent de manière manifeste le rapport d'anthropomorphisme projeté sur les robots ou sur toute machine depuis le début de la modernité ("One plus one"), jouant avec l'attachement de l'homme à donner à tout ce qu'il fabrique sa propre image. A l'époque de la télétactilité, de la possibilité du toucher à distance, Tony Brown renvoie le corps à distance, à son image.

"Que quelque chose puisse se répéter, c'est là un pouvoir qui semble supposer dans l'être un manque… l'être se répète, voilà ce que signifie l'existence des machines ; mais si l'être était surabondance inépuisable, il n'y aurait ni répétition ni perfection machinale. La technique est donc la pénurie de l'être devenue pouvoir de l'homme". (Maurice Blanchot, "l'Amitié", 1971)

Tony Brown est né en 1952 à Peterborough, Grande-Bretagne. Il vit et travaille à Paris.

Cette exposition est réalisée avec le soutien du Ministère des Affaires extérieures et du Commerce Extérieur du Canada, du Ministère de la Culture et des Communications d’Ontario, des Services Culturels de l’Ambassade du Canada et de la Délégation de l’Ontario à Paris.