Communiqué de presse

Théories et pratiques artistiques féministes : débats, enjeux, perspectives
avec Nicole Schweizer et Elvan Zabunyan
Rencontre-débat (5/6
)
Mardi 4 mai 2004


Nicole Schweizer (née en 1973), historienne de l'art, assistante scientifique au Kunstmuseum de Berne et commissaire d'exposition.

« Histoire et politique : l'histoire de l'art peut-elle survivre au féminisme? » C'est ainsi que Griselda Pollock intitulait de façon polémique sa contribution à l'un des rares ouvrages publiés en France alliant les termes Féminisme, art et histoire de l'art (Paris : Collection Espaces de l'art, 1994, ouvrage dirigé par Yves Michaud). Partant de cette question, et sur la base des écrits récents d'auteures comme Griselda Pollock (Leeds), Lisa Tickner (Londres), Irit Rogoff (Londres) et Mieke Bal (Amsterdam), il s'agit d'interroger les changements de perspectives induits par des interventions féministes dans la discipline de l'histoire de l'art.
Comment la critique féministe a-t-elle déplacé le ou les objets autour desquels s'articulait traditionnellement la discipline? Quels nouveaux objets ont dès lors été constitués, et comment, à l'épreuve de ceux-ci, les histoires de l'art féministes doivent-elles, à leur tour, constamment se repositionner ? Dès lors, est-il possible, pour des historien-ne-s de l'art féministes de travailler de façon «disciplinaire».

Elvan Zabunyan (née en 1968), Maître de conférences en Histoire de l'art contemporain à l'Université de Rennes 2, critique d'art et commissaire d'exposition.

En 1975, Valie Export écrit: « Les femmes doivent utiliser tous les médiums comme un moyen de lutte sociale et de progrès social dans le but de libérer la culture des valeurs exclusivement masculines ». De quelle manière la femme artiste peut-elle échapper au paradoxe d'être à la fois aliénée par son sexe et libérée par la conscience de son identité sexuelle? Dès les années 1970, moment où le féminisme commence à être théorisé selon son inscription dans des champs disciplinaires multiples, c'est dans l'art contemporain qu'on le retrouve le plus visible. Les femmes qui décident de s'engager dans un travail de représentation visuelle analysant le statut féminin et féministe le font de façon radicale. Leur militantisme et leur pratique artistique tentent de définir une nouvelle forme esthétique. Trente ans plus tard, ces mêmes artistes apparaissent telles des figures historiques, elles sont inscrites dans le passé alors qu'une nouvelle émergence dans l'époque présente indique que leur discours est toujours d'actualité. Alors qu'elles continuent de travailler, c'est leur pratique des années 1970 et donc des années « féministes » qui se trouve être la plus médiatisée. Qu'en est-il alors du statut des artistes femmes et féministes aujourd'hui ?