Press release (french)

GINO DE DOMINICIS
Quelques œuvres plus ou moins récentes
Exposition du 1er mars au 29 avril 1990



Gino De Dominicis
Né en 1947, à Ancona, Italie. Vit et travaille à Rome.

Gino De Domincis expose ses oeuvres pour la première fois en 1965 à Ancona. Il s'installe ensuite à Rome où il réalise sa première exposition personnelle en 1969.

Par deux fois, en 1972 et 1978, il participe a la Biennale de Venise.

En 1980, il expose au Centre Georges Pompidou où un espace lui est entièrement consacré. Il reçoit en 1985 le prix International de la Biennale de Paris.

Sa dernière exposition personnelle a lieu en 1986 au Musée di Capodimonte à Naples. Il participe en 1989 à l'exposition "Italian Art in the Twentieth Century à la Royal Academy de Londres.

Le travail de Gino De Dominicis se caractérise par le refus des tendances et des mouvements artistiques tels que Pop Art, Art Conceptuel, Arte Povera, Transavanguardia... Il n'existe aucun livre ou catalogue sur son travail étant donnée son aversion pour les reproductions photographiques de ses oeuvres.

"Les photographies ne devraient pas porter le nom de l'"objet" photographié ou de l'artifice de l'"objet", mais seulement le nom du photographe. Considérées d'une manière erronée comme documentation, les photographies, au contraire, n'ont aucune relation avec mes oeuvres." (Gino De Dominicis)

Ne voulant utiliser la photographie comme document ou comme véhicule publicitaire pour le travail artistique, De Dominicis a refusé de construire sa propre historicité à travers les catalogues et les monographies.

Pour l'exposition inaugurale de la nouvelle programmation, le Magasin met à disposition de Gino De Dominicis la Rue et les salles d'exposition.

(…) A notre époque, caractérisée par une absence d'éclaircissement, Gino De Dominicis offre l'intuition d'un temps de l'immortalité du corps, le rêve d'une société qui a préfiguré le prototype de l'artiste-héros.

De son "observatoire " romain, il regarde à travers ses jumelles poussiéreuses, de son oeil perspicace, ironique et désenchanté. Il scrute cette immortalité, non seulement pour comprendre son secret mais aussi pour déplacer le temps, ranimant la prodigieuse force de l'illusion. De son angélique gnose, il dessine un éclaircissement obscur et sceptique, qui n'a rien à voir avec l'Eclaircissement, mais qui, ne participant pas à l'idée romantique, a son incarnation extrême dans le système moderne. Cette adhésion à la mobilité des choses explique pourquoi, dans ces voyages vers le "mythe", le sens de son travail ne se cristallise jamais dans un répertoire formel.

Il est mercuriel par vocation, nomade ethnocentrique et permanent ; un des mystères de son art vient de la convergence entre une grande profondeur intellectuelle et une immense mobilité formelle. Il utilise des objets, des figures et des matériaux du monde pour composer une rhapsodie qui est toujours différente et surprenante.
Ce jeu de l'art, fait pour tourner vertigineusement autour de points variés d'illumination, s'appuie d'abord sur la verticalité du temps et par conséquent sur l'immortalité. L'immortalité de l'âme est un postulat appartenant à beaucoup de religions. Seuls les Sumériens, pour qui, Dieu est physique et immortel, parlent de l'immortalité du corps.
Parallèlement à cette mystérieuse civilisation du Proche-Orient, beaucoup d'idées centrales ont été détournées, déformées après la disparition de certaines cultures. De Dominicis a découvert en cela des coïncidences frappantes avec ses idées et son propre travail.

Suivant la lignée de ce problème, il a abouti à un flottement autour de la culture de sa propre époque, contractant l'espace et le temps jusqu'à les rendre immobiles et physiques. Il libère les figures qui, imprégnées de la fascination de l'hallucination, en deviennent presque extraterrestres, ici et maintenant, contemporaines et ressuscitées à travers un miracle d'entropie éternellement inclinées à l'immanence d'une vie antérieure, pouvant plus tard apparaître dans un futur sans limite.

Hier comme aujourd'hui, des hommes des Seggiolini (Grandes Chaises) à la divinité des Sumériens, des Mongoloïdes aux Jumeaux , des figures du zodiaque à Gilgamesh. Il n'y a rien qui nous sépare, aucun lieu qui nous attache à ces images, qui se matérialisent à notre regard, émergeant d'un temps, qui n'est pas histoire.(…)
(Italo Tomassoni, FLASH ART, juin 1988)