Expositions
Magasin d'en face
ouvert du lundi au vendredi de 14h à 18h
entrée gratuite


Annika Larsson
2 - 25 février 2005

Née à Stockholm en 1972, vit et travaille à New York.
Ses performances filmées sont projetées dans les espaces d’exposition dans un format plus grand que nature. Les hommes et leurs stéréotypes qui en constituent le sujet récurrent sont pris dans des situations banales : fumer un cigare (Cigar, 1999), promener un chien (Dog, 2001). L’investigation est lente et a lieu dans des décors minimalistes sur les musiques électroniques de Tobias Bernstrup. La vidéo New Gravity explore à nouveau les codes esthétiques et le comportement masculin. Des adolescents se laissent bercer par une musique électronique. Annika Larsson filme ces corps en gros plans s’attardant sur le visage et les pieds, points de contact avec le sol qui les maintient dans l’espace social mais qui ne cesse de se dérober. Apparaît l’image 3D d’un homme qui fait face à un des garçons. Cette figure irréelle révèle un monde dans lequel l’image technologique, sans gravité devient un modèle dangereux que le garçon essaie de suivre.

New Gravity, 2003, 29’
courtoisie galerie Andrehn-Schiptjenko, Stockholm


Amy O'Neill
Happy Trails Supersized (from Parade Float Graveyard)
1er - 31 mars 2005
Née à Beaver, USA en 1971, vit et travaille à Genève et Brooklyn.

L’artiste américaine exploite à travers ses travaux les bizarreries de sa culture d’origine et de la Suisse où elle est installée.

Deux couronnes de reines, une rose rouge et une étoile en or sont des symboles de bonheur. Dans ce contexte, une gigantesque lanière de botte brune ne semble visiblement pas à sa place.
Trois grands dessins sur toile, respectivement appelés Rose Queens [Les reines des roses], Happy Trails [Joyeux sentiers] et Monstro, définissent le contexte des fragments présentés. Des images documentaires des chars d’anciennes parades de la Rose Bowl de Pasadena ont fourni les sources de ces «dessins commémoratifs». Commémorer des chars de parade vise à souligner leur statut de monuments très temporaires de la culture populaire vernaculaire. Les fragments de char reprennent des détails présents dans les dessins. L’étoile en or fait référence au gigantesque éperon à cinq pointes que l’on trouve dans Happy Trails, le dessin montre une paire de bottes (deux chars en fait) se baladant dans la rue, alors que la lanière de botte brune paraît avoir été arrachée à l’une des deux chaussures. La rose rouge et les couronne de reines sont des accessoires tirés de «Rose Queens», un char originellement construit pour abriter un concours de reines de beauté.

Durant les dernières 113 années, la parade de la Rose Bowl s’est tenue le jour du Nouvel An à Pasadena, en Californie. Ses organisateurs souhaitaient vanter le climat hivernal tempéré de leur région. «Organisons un festival pour faire connaître au monde entier notre paradis», écrivit l’un d’entre eux. La bibliothèque historique de Pasadena témoigne par ailleurs qu’un autre des organisateurs de la parade visita la Bataille des fleurs qui se tient chaque année à Nice.

Les chars de parade sont également remarquables en raison de leurs traits décoratifs si ridiculement fantaisistes par rapport à la propagande qu’ils véhiculent. L’ordre fraternel des Odd Fellas and Rebekahs présenta, lors de la parade de la Rose Bowl de 1968, un char de fleurs intitulé : Hark, Hark, the Ark [Ecoutez !, Ecoutez !, l’arc]. Le programme officielle de la manifestation le décrivit ainsi : «Une représentation de la fabuleuse entreprise de Noah afin de sauver le règne animal de quarante jours et quarante nuits de pluie». Originellement, l’arche été recouvert de chrysanthèmes blancs, le toit de chrysanthèmes roses et le pont d’un torrent de roses rouges : une scène biblique archaïque et fondamentaliste déguisée en gigantesque peluche à caresser ! Un autre char monumental, construit par Kodak cette fois, montrant America the Beautiful [La belle Amérique] (1977), dressait le portrait de scènes idylliques de la vie de famille américaine sur un plateau circulaire rotatif imitant un film. Chacune – présentée comme un cadre photographique arrêté et dédiée à une valeur familiale particulière – était réalisée à partir de matériaux organiques (l’une était entièrement faite de graines d’oignons). En dernier lieu et très ironiquement, la Union Oil Company de Californie présenta un globe rotatif constitué de 8000 roses de couleur rose intitulé A World of Adventure [Un monde d’aventure]…

Amy O’Neill / mars 2005


Catherine Sullivan
‘Tis Pity She’s a Fluxus Whore, 2003
1er - 29 avril 2005

Née à Los Angeles en 1968 où elle vit et travaille, Catherine Sullivan étudie le théâtre avant d’étudier les arts plastiques. Elle filme ses performances érudites et citationnelles. L’œuvre présentée juxtapose des extraits d’une production de 1943 d’un drame jacobéen de John Ford au Wadsworth Atheneum… et une performance du Festival Fluxus de 1964 à Aix-la-Chapelle.

‘Tis Pity She’s a Whore, (dommage qu’elle soit une catin) publiée en 1633, est d’abord une œuvre dramatique écrite par John Ford, considéré par les critiques comme le dernier grand dramaturge de la renaissance anglaise. L’histoire raconte la relation entre Giovanni et sa sœur Annabella qui se termine dramatiquement. Catherine Sullivan fait référence à la pièce de théâtre jouée en 1943 avec “Chick” Austin. Sullivan s’appuie précisément sur cette représentation au Wadsworth Atheneum à Hartford, Connecticut dont Austin fut également le directeur. Le contenu de la pièce (inceste, meurtre) et le contexte (seconde guerre mondiale) font scandale et valent le renvoi d’Austin.

La représentation de 1943 est mise en relation avec une série de performances données en 1964 à l’Amphithéâtre de l’Académie Technique de Aix-La-Chapelle (Audimax project, 20 juillet 1964) pendant un festival Fluxus avec Bazon Brock, Ludwig Gosewitz, Erik Andersen, Arthur Koepcke, Robert Filliou, Wolf Vostell et Joseph Beuys. Cet événement coïncide avec le jour de l’appel à la résistance contre Hitler en Allemagne vingt ans auparavant. Les artistes saisissent cette occasion pour évoquer cette date historique dans leur travail. La tension culmine quand Beuys prend un coup de poing dans le visage et sans interrompre son action, ensanglanté, brandit un crucifix face au public. L’artiste américaine considère cet événement comme l’un des moments clés de l’avant-garde et tente de reconstruire ce projet en 2003 en l’associant à la référence théâtrale et à son personnage principal.

L’œuvre Tis Pity She’s a Fluxus Whore est composée de deux vidéos (filmées en 16 mm transférées en DVD) présentées en diptyque. Filmées dans les deux lieux de présentation d’origine (on voit Hartford sur l’écran de gauche et Aix-la-Chapelle sur l’écran de droite), un seul acteur incarne tous les personnages à l’aide de postures, de travestissements.

L’œuvre évolue à chaque présentation. Elle peut être alimentée de photographies ou d’objets en rapport avec les objets Fluxus (par exemple, des photogrammes d’objets, des chaises de Brecht, ou des prises faites lors du tournage des films…).

Au Magasin d’en face, les vidéos sont montrées sur moniteur avec une série de 18 photographies couleur. The Potential Interlocutor (2003) montre des détails de graffitis griffés sur les sièges en bois de l’Audimax à Aix-la-Chapelle. Pour l’artiste, il s’agit de représenter un public potentiel de ces nouvelles performances ainsi proposées.


Jason Rhoades
2 – 31 mai 2005

Né à Newcastle, Californie, en 1965. Vit et travaille à Los Angeles.
« Ses installations sculpturales sont profuses, à tout point de vue, mais elles sont aussi composées avec intelligence d’une manière intuitive, de telle sorte que chaque objet trouve sa place dans un système plus large. Dans ce tout théâtral, l’objet endosse une fonction d’appel au sein de l’alliance du tout vivant et chromatique, qui englobe tous les éléments et tous les médias. » (Harald Szeemann, L’Autre, la Biennale de Lyon/RMN, Paris, 1997)

Sound Piece (Duet for Hammond and Hammond), 2000
collection Pierre Huber, Genève, courtoisie Art & Public, Genève

4 MD players, MD Variés, 4 tables en bois avec des photos collées sous plexiglas, 4 barils en plastique, 1 baril en aluminium, 1 boîte à chaussures Méphisto en bois, des câbles en aluminium, des détecteurs de mouvement, des enceintes, des rouleaux de posters, tapis miniature

Le titre de la pièce se rapporte à l’exposition « Perfect World » qui s’est tenue à Hambourg en 1999 : une grande machine à polir avec le nom du fabricant (Hammond) a été utilisée pour polir un nombre important de poteaux en aluminium nécessaires à la construction. En réaction à cela, l’artiste a ensuite utilisé un orgue Hammond et un organiste pour jouer des morceaux du groupe Abba en duo avec la machine à polir bruyante. Une partie de ces duos sont sur les Mini Disques de « Sound Piece ».

En s’approchant de la sculpture, le visiteur va déclencher des détecteurs de mouvement, qui activent à leur tour les lecteurs de Mini Disques. Plus les personnes sont nombreuses autour de l’œuvre, plus les lecteurs sont solicités et recréent l’atmosphère cacophonique du montage de l’exposition « Perfect World » à Hambourg.

Sur les petites tables, des reliques et modèles de l’installation sont visibles, tels que les tapis miniature et les barils, les photos du jardin, etc.


Rodney Graham
1er - 30 juin 2005
Né à Vancouver en 1949, où il vit et travaille.
Rodney Graham réalise des vidéos dans lesquelles il joue des personnages emblématiques d’une époque, une typologie de figures. Dans Vexation Island (1997) il est un pirate sur une île déserte. City Self/ Country Self présente l’artiste face à son double lors d’une rencontre comique avec lui même, à la fois dandy et paysan. Dans How I Became a Ramblin’ Man, c’est un cowboy solitaire. A Reverie Interrupted by the Police nous montre l’artiste-détenu qui prend un moment de liberté pour jouer au piano une mélodie “dans le style John Cage” avant d’être repris par la police.

A Reverie Interrupted by the Police, 2004 , 8’
collection Pierre Huber, Genève, courtoisie Art & Public, Genève


Tracey Emin
1er - 29 juillet 2005
Née à Londres en 1963 où elle vit et travaille.
Ses œuvres trouvent leur point de départ dans ses expériences intimes, notamment sentimentales et sexuelles. Plutôt glauques, ce sont celles d’une adolescente d’une petite ville des bords de mer, puis celles d’une jeune adulte citadine dans l’après révolution sexuelle. Le travail de Tracey Emin fait appel à différents médias.
Cette présentation de pièces de petits formats montre la variété de son travail :

Un monotype, Sometimes I look at myself’, 2000, montre l’artiste dessinée par elle-même.
Un polaroid, I live and work in London E1, 2003, gros plan de sa bouche et de son nez, nous laisse contempler les détails de son visage .
Un néon, Meet me in heaven, I will wait for you, 2004, une vidéo Sometimes the dress is worth more money than the money, 2000-2001, où l’artiste s’oriente vers une réflexion sur la sexualité et l’argent.


Collectif 1.0.3
1er - 29 juillet 2005

Anne Couzon Cesca née en 1978, François Bernus né en 1974, Arnaud Bernus né en 1974, vivent et travaillent à Montreuil.
Sous un nom qui fait directement référence à la nomination des versions de logiciels informatiques, le collectif 1.0.3 réunit trois jeunes artistes.
Ils affirment leur désir d’explorer une subjectivité de la reproductibilité  en élaborant des projets recourant principalement au médium informatique, et dans un rapport constant à l’écran. Ainsi, le MISMA (Module d'Intervention de Sauvegarde de Méthodologies Artistiques) s'envisage comme un outil perceptif de la place qu'occupe l'outil numérique dans le cadre d'une production artistique évènementielle ou individuelle.
Le titre de l'installation, "Voyage en URL I", est étroitement lié au thème de cette vidéo-projection sonorisée. C'est aussi un voyage au coeur d'une rencontre, celle d'un collectif de plasticiens dont le travail est de révéler des contenus informatiques en réalisant des portraits d'ordinateurs, et un compositeur, Robert Rodolf, ayant recours à "l'instrument" informatique.
http://projetmisma.free.fr

Marcel Dzama
19 septembre - 28 octobre

Né en 1974 à Winnipeg, Canada, vit et travaille à New York.
Les dessins de Marcel Dzama mêlent des références à la fois populaire et savante, comme l’histoire de sa ville natale, le film noir, le surréalisme ou des figures mythiques. Réalisés à l’encre et à l’aquarelle le plus souvent sur papier, ils sont reconnaissables par les tons marron obtenus par l’utilisation d’un concentré de Root-beer (boisson effervescente faite à partir d’extraits de racines).
L’artiste compose des scènes peuplées de personnages, d’animaux, de robots, peints dans des décors réalisés avec peu d’éléments (un horizon, un arbre, une plaine enneigée). L’ensemble évoque des situations familières et ambiguës sans avoir recours à un contexte narratif.
L’exposition au Magasin d’en face propose 8 dessins à l’aquarelle et à l’encre sur papier et deux séries de 16 et 25 dessins, réalisés en 2004. Sera aussi présentée dans l’espace d’exposition une compilation de 18 vidéos.
En partenariat avec le Centre d'Art Santa Ṃnica, Barcelone