Communiqué de presse

Emilio Fantin
« Rêves »
Commissaire : Gabi Scardi
7 mars - 16 mai 1999
CAFETERIA

Le projet d'Emilio Fantin reçoit le soutien de l'Istituto Italiano di Cultura de Grenoble.

Il est présenté dans la Cafétéria du MAGASIN.    

« Cette nuit j'ai rêvé... ». Il suffira d'approcher l'oreille du mur pour entendre le récit chuchoté d'une vision nocturne, d'aventures, de rencontres, de voyages dans le passé ou dans le futur, au-delà du temps. Le langage des rêves, comme celui de l'art, accueille les échos de la vie diurne, mais il fait aussi émerger une réalité différente, autre.

Pour Fantin, les rêves ne sont pas seulement des moments de pause séparant un jour de l'autre, ils sont aussi les manifestations d'une vie qui se déroule ailleurs, dans une Communauté des Rêves, dans un monde nocturne qui existe parallèlement au monde tangible. Cette autre vie est dirigée, comme celle du jour, par des règles et des habitudes ; on y échange des messages, on y agit, on s'y rencontre.

Ce qui compte pour Fantin, ce sont les coïncidences, les liens, les rapports qui, engendrés dans le monde des rêves, sont projetés dans le monde diurne. Ainsi, les relations du jour sont peut-être présentes dans la vie nocturne, et celles engendrées dans le monde des rêves peuvent se répercuter dans la société du jour.

Pour son projet dans la Cafétéria, Emilio Fantin a requis la collaboration de personnes travaillant au Magasin, qui ont enregistré un rêve au cours d'une même période.

Il en a organisé l'écoute pour que coïncidences, liens, rapports apparaissent alors qu'ils ont été conçus dans le moment imprévisible du rêve par des individus différents.

Emilio Fantin travaille comme un metteur en scène d'actions dont l'exécution matérielle est confiée à quelqu'un d'autre. Il considère l'artiste comme un médiateur entre le langage et l'art contemporain dans son "utilisation" quotidienne. Il met à disposition des visiteurs, les instruments pour créer eux-mêmes des situations.

Depuis 1989, il travaille surtout au développement d'une théorie esthétique qui mène à prendre conscience d'une trop fréquente aridité expressive et imaginative.

Un de ses premiers travaux, "Strappi", consiste à s'approprier par la technique complexe du strappo (technique utilisée pour détacher les fresques anciennes), des graffitis, inscriptions, des images d'autres artistes, remettant ainsi en question la notion d'auteur.

Dans ses travaux successifs, il ne s'agit pas d'exposer quelque chose mais de consommer ou de transformer. C'est pour cela qu'il associe aux expositions dans les musées et dans les galeries des interventions en dehors du monde de l'art qui ont pour but de créer des nouvelles conditions dans la relation entre le public et les opérateurs du monde de l'art, entre les lieux voués à l'art et les autres lieux.

Il organise le "Trekking per l'arte" promenade à travers des sentiers de montagne ; "Concerto per un piacere pubblico" (Biennale de Venise, 1993) show dans lequel il dissimule des attaques contre certains aspects célébratifs et démagogiques de l'art institutionnel ; "Seminario" où, pendant quelques jours il partage avec d'autres gens une expérience artistique complète faite aussi de repas, de sommeil, de promenades en plein air.

Une des conditions fondamentales souvent présentes dans le travail de Fantin est celle du partage du temps et de l'espace et de la vie quotidienne avec les autres, que ce soit le public, les artistes, les professionnels du monde de l'art ou des participants à un colloque. Il a réalisé un ensemble de travaux intitulé "Come trasformare una galleria d'arte in una palestra": ce n'est pas, comme on pourrait le penser, un cours de gymnastique, mais le titre d'une série de séminaires sur l'art contemporain qui a eu lieu entre 1994 et 1995 à la Galerie Neon de Bologne, à Riolo di Rodiano et dans la Villa delle Rose à Bologne. Après une période de vie, d'étude et de discussion en commun, les participants élaborent un projet artistique qui est réalisé dans un lieu public.

L'autre, dans le travail de Fantin, n'est pas entendu seulement dans son aspect social, mais il est ce qui permet le déroulement de l'acte artistique.

"Ponte" (Neue Galerie, Graz, 1995) est un pont fabriqué en bois et en corde, comme les ponts tibétains, situé dans un lieu de passage sur le parcours de l'exposition. Les visiteurs avaient la possibilité de le traverser malgré les difficultés et le manque de stabilité, ou bien de revenir sur leur pas et faire le tour pour voir le reste de l'exposition.

Dans "Privato", 1997, travail que Fantin a présenté en Italie et qui sera proposé à New York cette année (Art in General), il installe un téléphone dans la galerie et téléphone plusieurs fois par jour pendant toute la durée de l'exposition. Les visiteurs qui passent au moment où le téléphone sonne, peuvent répondre. Le public a alors l'occasion d'expérimenter une relation différente avec l'artiste qui disparaît pour exister seulement en tant que voix, pensée. Fantin va alterner des textes déjà prévus, lus ou récités, et des moments d'improvisation impliquant l'interlocuteur. La distance entre l'artiste et son public est annulée : ce qui reste, c'est la communication, véritable objet du travail.

Biographie
Emilio Fantin
est né en 1954. Il vit et travaille à Bologne.