Communiqué de presse

ART CONTEMPORAIN ET PATRIMOINES EN GRESIVAUDAN
Exposition du 23 juin au 1er septembre 2002

Le Magasin – Centre National d’Art Contemporain organise cet été une manifestation artistique sur le territoire du Grésivaudan en collaboration avec la Conservation du Patrimoine de l’Isère.
Il est commanditaire auprès de cinq artistes de la création d’œuvres originales. Les artistes sont invités à résider pendant une période plus ou moins longue en Grésivaudan et puisent dans ses patrimoines les matières nécessaires à la réalisation de leurs œuvres.
Le Grésivaudan, (allant de Grenoble à Chambéry et délimité d’est en ouest par les massifs de Belledonne et de Chartreuse) est très étendu et riche d’une profusion de patrimoines. En partenariat avec les 9 communes de la CIAGE (Communauté d’Intervention et d’Aménagement du Grésivaudan et de son Environnement), le projet est d’abord développé sur deux sites spécifiques, et à l’automne devrait embrasser l’ensemble du territoire à travers ses paysages et ses patrimoines industriels.
Pendant l’été, deux sites, exemplaires par leur diversité et situés au pied de chacun des deux massifs montagneux, ont été retenus : Fort-Barraux, planté au-dessus de la vallée, en observation des flux migratoires et Allevard-les-Bains, qui accueille depuis longtemps une population exogène de curistes et de skieurs.
A Fort Barraux, Christophe Gonnet, Christophe Morin et Bruno Tanant utilisent le paysage et ses constituants matériels et visuels. Leurs projets se nourrissent du bâti actuel du site, de son plan, etc. Allevard et l’enceinte de ses thermes sont livrés à deux artistes qui utilisent la photographie, Laetitia Benat et Guillaume Janot. Ils restituent des images de ses bâtiments et détails en saison morte, de ses populations, de ses paysages.
Les patrimoines du Grésivaudan devraient donc alimenter le travail des artistes, qui devrait à son tour participer du patrimoine.
Et si d’une certaine manière, les œuvres portent le témoignage du Grésivaudan, elles le font à l’intérieur de la question de l’art, et ouvrent par ce biais le Grésivaudan sur une dimension plus large que les frontières de sa géographie.

Cette manifestation est organisée par le Magasin – Centre National d’Art Contemporain de Grenoble en collaboration avec la Conservation du Patrimoine de l’Isère, et bénéficie du soutien de la C.I.A.G.E. (Communauté d’Intervention et d’Aménagement du Grésivaudan et de son Environnement).

ANCIEN CASINO D’ALLEVARD-LES-BAINS
PHOTOGRAPHIES DE LAETITIA BENAT ET GUILLAUME JANOT

Laetitia Benat
Née en 1971, vit et travaille à Paris.
Depuis 1996, Laetitia Benat réalise des vidéos qui mettent en scène ses proches dans des espaces intimes et des photographies dont les destinations sont multiples ; exposition, reportage, mode ou publicité.
Elle cadre ses sujets de près, en retient des fragments, dès détails d’une histoire avortée. Elle entretient avec eux une sorte de proximité, une intimité relationnelle perceptible dans les atmosphères qui se dégagent des images.
Elle a vécu dans l’hôtel des thermes d’Allevard juste avant l’ouverture au public. Pour l’essentiel elle y a photographié ce qu’elle voyait à travers les vitres de sa chambre ou de son balcon. Elle y montre des détails des thermes, l’atmosphère d’un lieu désert, suspendu dans le temps, vide de toute action et de toute narration, en attente de son imminente réoccupation. L’ensemble n’est pas sans évoquer le climat du film « l’Année dernière à Marienbad » et le lieu où Marguerite Duras, qu’elle affectionne, a vécu à la fin de ses jours.

Guillaume Janot
Né en 1966, vit et travaille à Nantes
Guillaume Janot, lauréat de la Villa Médicis hors les murs, prend Allevard pour point de départ de son année d’itinérance en Europe.
Après des études à l’Ecole d’Art de Nancy où il s’est essentiellement intéressé à la peinture et à la sculpture, Guillaume Janot se consacre à la photographie.
Ses photographies gardent la trace légère, archéologique de la profusion des genres traités. Il erre entre les paysages, les portraits, les natures mortes sans en privilégier aucun. Il construit également une forte distance avec le sujet capté dont le traitement est celui d’un réel différé, à l’égal de sa première œuvre remarquée Non-lieu. L’image photographique d’un chantier urbain est tirée en sérigraphie de grand format, 240 x 320 cm, collée sur le mur d’une épicerie, comme un papier peint. L’ensemble est rephotographié avec les étagères et accessoires de ce petit commerce et retirée en une sérigraphie qui est installée de la même manière dans un Office de Tourisme.
L’espace, le lointain souvenir de son intérêt pour la sculpture y sont également perceptibles comme dans les accrochages de ses photographies et dans la non-standardisation des formats de ses photographies.
Mais Guillaume Janot n’est ni peintre, ni sculpteur. Il est photographe et produit des images en couleur qui peuvent être qualifiées de banales pour un certain nombre d’entre elles, relevant de la carte postale ou du magazine, avec des qualités plastiques évidentes.
Guillaume Janot a résidé à Allevard les Bains après la réouverture des thermes. Il y a sélectionné un certain nombre de sujets qui alternent portraits et paysages, une traversée des genres.
L’ensemble ne constitue pas une série mais une mosaïque qui correspond à une « découverte, à une pratique plutôt touristique des lieux ».

FORT BARRAUX
INSTALLATIONS DE CHRISTOPHE GONNET, CHRISTOPHE MORIN ET BRUNO TANANT
Les travaux présentés portent sur l’ensemble du site du fort, de son architecture, de son inscription dans le paysage.

Christophe Gonnet
Né en 1967, vit et travaille à Saint Julien Molin Molette. (Loire)
Christophe définit son travail de la manière suivante :

« Depuis une dizaine d’années mon travail explore le vaste champ de l’idée de Nature, interrogeant divers paysages et plus particulièrement ceux que produit le paysan. Mes sculptures, le plus souvent des installations de grandes dimensions, destinées à des lieux intérieurs, se caractérisent par leur fragilité, leur équilibre… »

« Le champ, la parcelle cultivée, est une image récurrente de ma production».

Je développe deux projets sur le site de Fort-Barraux. En premier lieu, un jardin composé de 100 brouettes remplies de terre et de végétaux, est réalisé avec le concours de la population qui est invitée à choisir des plants de végétaux et à s’approprier un jardinet-brouette.
L’ensemble est recomposable et déplaçable dans différents lieux des fortifications et met ainsi en relation l’esthétique du jardin avec celle des plans de campagnes militaires.
Le deuxième projet est lui aussi un jardin qui se définit cette fois-ci comme un lieu unique, isolé du reste du monde parce que installé hors-sol, à 5 mètres de hauteur, sur la plate-forme de la lunette N°13 (lunette = élément construit en avant des fortifications) Sa surface est recouverte d’un plan de tôles d’acier qui la quadrille de manière égale et dont les interstices laisseront au fur et à mesure pousser les végétaux.

Le premier projet de Christophe Gonnet a bénéficié du soutien de JARDI’PLUS, Espace Comboires et CASTORAMA, Saint-Martin d’Hères.
Le deuxième projet a bénéficié du soutien de SERTE Tôlerie industrielle, Echirolles.

Christophe Morin
Né en 1976, vit et travaille à Saintes.

Christophe Morin a suivi la formation de l'Ecole d'Art de Nantes au sein de l'option design. Au départ il projette des bâtiments et des hangars agricoles qui se rapprochent de l'architecture et évolue peu à peu vers une activité qu'il qualifie d' "artiste-jardinier". Son premier travail notable est la création de son "jardin d'expériences" dans un petit terrain en friches sur le territoire de sa commune. Il y arrange des éléments de rebut, planches abandonnées, plants végétaux offerts par ses voisins en même temps qu'un certain nombre de savoir-faire qu'ils lui ont transmis. Il réalise également des cabanes de jardin à partir de matériaux de récupération qui évoquent son souci premier de l'architecture. A Blois, il réalise des cabanes pour des chèvres par exemple.
Son intervention à Fort-Barraux qu'il réalisera début juillet part de l'idée suivante : ce que j'envisage de conduire sur le site, c'est une attitude en réaction à son immobilité. C'est pour moi une donnée forte de ce lieu placé en retrait, ou plutôt en rehaut de l'activité galopante du fond de vallée. Cette immobilité, je la perçois aussi dans la masse d'un minéral organisé qui s'effondre par bribes et suivant un long mouvement de désagrégation".

A quelques endroits choisis des remparts, seront édifiés des structures-échaffaudages de bois, adossés aux remparts semblant tout à la fois les soutenir, et les pénétrer comme un élément végétal spontané qui prend racine sur un mur abandonné.

Bruno Tanant
Né en 1959, vit et travaille à Paris.
Bruno Tanant est paysagiste.

Invité à Fort Barraux, il en a parcouru les multiples chemins et regardé les points de vue offerts.
Sa mémoire, les traces photographiques du site et les croquis dessinés constituent les matériaux de base de son travail qu’il a ensuite confronté aux différents plans du site, plans au sol, plans masse, plans et vues de toute la zone. Ils ont été simplifiés, réduits à leurs caractères fondamentaux, rendus abstraits. Dès lors le concept général peut être énoncé de la manière suivante :
« Il s’agit de travailler la fusion et la rencontre d’événements multiples et éloignés, d’émotions qui ne se rencontreraient peut-être jamais, de géométries contraires, pour conduire ce travail à Fort Barraux vers une forme d’abstraction où se bousculent pêle-mêle, horizons, personnages et objets accumulés en série, soigneusement organisée.»
Des chaises, évoquant celles des parcs et des jardins, sont installées en plusieurs endroits du fort, et invitent le visiteur à découvrir un point de vue choisi du site. Dans la casemate, Bruno Tanant développe un travail sur le contraste et l’évolution de la vision, sur le cadrage et l’échelle de la perception. Il utilise notamment les meurtrières et place devant chacune d’elle une chaise longue réglée à une hauteur particulière pour permettre un point de vue différent selon la position du corps de l’utilisateur. « Chaque meurtrière propose une lumière différente, des contrastes différents et une végétation spontanée différente. En fond, un morceau de paysage lointain se dessine(…) Cette association premier plan/arrière plan se construit tous les jours différemment en fonction des conditions climatiques et de l’heure de la journée. Les expériences du proche et du lointain le percutent. »