Communiqué de presse
LOTHAR HEMPEL
Alphabet City
11 février – 6 mai 2007
INTERVIEW VIDEO Février 2007 / 3mn14s |
Traduction | |
© La Compagnie des Vidéastes
02/07 |
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Lothar Hempel parle de son travail
Toby Webster : Vous est-il possible de nommer quelques thèmes et
enjeux centraux qui constituent la base du développement de votre travail
?
Lothar Hempel : Paradoxe : quelqu'un peut-il devenir ce qu’il a envie
d’être pour lutter contre l’angoisse de la mort ? Des considérations
morales, les enjeux éthiques et idéologiques sont des motifs
centraux de mon travail qui adviennent dans le questionnement de l’idée
de “moi”. Ici, le moi est fluide et dynamique, c’est une
métaphore sociale. Il est sans commencement et sans fin. Je me plais à construire
des situations qui ont des qualités oniriques ; où intérieurs
et extérieurs ne sont pas en contradiction, où vous êtes,
en tant que spectateur, tout à fait libres de mesurer les différentes
options qui s’offrent à vous alors même que vous vous trouvez
au beau milieu du conflit.
TW : Dans votre travail, les caractères et scénarios sont
mis en place comme s’il s’agissait d’un jeu. Est-ce là pour
vous une analogie utile ?
LH : Traditionnellement, les jeux mènent à un résultat,
alors que j’aime au contraire laisser mes scénarios aussi ouverts
que possible. Cela dit, il y a des similarités en terme de formes. Peut-être
que ça vient de la manière dont j’envisage mes personnages,
comme étant aussi soumis à rituels que les pièces d’un
jeu d’échec. Il n’y a pas de profondeur particulière à ces
figures. Elles sont plus des représentations de principes que des personnages à part
entière. J’aimerais parfois que mes installations fonctionnent
comme des machines narratives capables de produire des variations sans fin,
un peu comme le théâtre Kabuki crée du sens, du beau et
de la vérité par-delà sa force formelle.
TW : J’ai l’impression que vous travaillez avec des perceptions
psychologiques assemblées en collage avec de la sculpture formelle.
Il y a un moment dans votre travail où vous donnez l’impression
de décrire l’âme comme morte. Qu’en pensez-vous
?
LH : Mon travail a aussi un fort côté cinématique.
Dans le langage filmique comme dans le langage onirique, vous trouvez des images
qui résistent aussi bien à la consommation qu’à l’interprétation.
Peut-être ces images sont-elles sans âme simplement parce qu’elles
sont vides. Elles semblent flotter dans un monde parallèle, au-delà des
règles de la narration et de l’intrigue. Elles ne sont pas mortes à proprement
parler, mais plutôt comme des fantômes.
“Entretien entre Toby Webster et Lothar Hempel”, Emma Stern (éd.), Lothar Hempel -Propaganda, ICA - Institute of Contemporary Arts, Londres, 2002, n. p.
Lothar Hempel est né en 1966 à Cologne, où il vit et
travaille.
Il a étudié à la Kunstakademie (Ecole d’art) de
Düsseldorf de 1987 à 1992.