Communiqué de presse

"Images, objets, scènes - quelques aspects de l'art en France depuis 1978"
du 26 janvier au 16 mars 1997
Les galeries, la rue et la salle des projets

L'objet de cette exposition est de porter un regard sur quelques-uns des aspects de l'art en France depuis 1978. La méthode de travail retenue est celle de l'examen préalable d'un large ensemble d'oeuvres diversifiées. Au cours de cet exercice se sont peu à peu imposés des groupes d'oeuvres que des questions ou des thèmes communs pouvaient permettre de rapprocher.


Parmi cette multitude de possibilités, le choix d'un nombre limité d'artistes s'est opéré en fonction de la cohérence que pouvait faire naître l'articulation des différentes questions soulevées par ces artistes. La réunion de ces quelques groupes, comme autant de parties successives d'une démonstration, construit et identifie quelques-uns des aspects de l'art en France de ces vingt dernières années. Ces aspects mis bout à bout constituent l'une des "tendances dominantes" de l'art en France depuis 1978.


L'année 1978 pointe la limite chronologique annoncée par l'exposition présentée à l'ARC - Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris "Tendances de l'art en France 1968-1978/9". Cette triple exposition fut confiée pour chacune de ses deux premières parties, à Marcelin Pleynet et Gérard Gassiot-Talabot et initiée, pour son dernier volet, par un groupe d'artistes. L'exposition rend compte de la décennie écoulée et prononce, malgré elle, le deuil des appareils esthétiques qu'incarnent les deux éminents critiques cités ci-dessus.

LES GALERIES
Première et deuxième salles

être, artiste, faire l'artiste
Héritiers de la "dématérialisation de l'art" telle que la définissait Lucy Lippard, critique d'art américaine, dans son livre consacré à la période 1966-1972, les artistes, à partir de la fin des années soixante-dix, interrogent leur statut, leur fonction sociale, leur rapport à la production, au collectionneur, à la galerie.

Philippe Parreno, dans son film No More Reality - monologue dans une langue incompréhensible -, semble répondre à d'hypothétiques questions d'une interview filmée (cinéma ou télévision). Véronique Joumard, Marylène Negro et Christiane Geoffroy font reproduire à l'identique leur image de groupes sur des sacs de papier. L'image de ces artistes femmes devient le support visuel d'un objet de la vie quotidienne lié à la consommation.

Philippe Thomas, créateur de l'agence "les ready made appartiennent à tout le monde" - signataire de ses oeuvres -, rassemble ses collectionneurs dans une photographie à la manière de Fantin-Latour. Dominique Gonzalez-Foerster, artiste, choisit de présenter Gabrielle Maubrie, sa galeriste, en accrochant chronologiquement ses portraits photographiques.


Troisième et quatrième salles

architecture et représentations allégoriques
En explorant la fonction artistique, les artistes mettent en évidence la crise de la représentation et en font leur deuil au moyen de l'allégorie.

L'image allégorique s'approprie d'autres images, souvent des reproductions, qu'elle vide de leur signification initiale pour montrer ou dire autre chose. Elle ajoute un autre sens à ce qu'elle prétend montrer. L'oeuvre Les Fenêtres de BAZILEBUSTAMANTE développe une série régulière d'éléments architectoniques privés de toute fonction et de toute possibilité d'usage.

Les patrons du "Studiolo" de Michel Aubry constituent les éléments d'un décor lié à l'architecture mais la base de cette construction est donnée par le son et la dimension qu'il livre.

Dans sa série de "Portraits" photographiques, Patrick Tosani a recours au braille pour que les images floues puissent être lues. Bertrand Lavier décline un ensemble de pièces emprunté à un cartoon de Disney, "Mickey au M0MA", dont il extrait les dessins des oeuvres, les agrandit et les re-présente.

 

Cinquième et sixième salles
l'effet "mise en scène"
L'artiste devient un manipulateur d'objets, d'images et de sons qu'il organise, met en scène dans un ensemble dont la signification naît de la mise en relation des composantes ainsi rassemblées. Les objets et les images perdent de leur pouvoir au profit de modèles de productions empruntés à l'extérieur du monde de l'art.

Le projet "Ozone" réalisé par Pierre Joseph, Philippe Parreno, Bernard Joisten et Dominique Gonzalez-Foerster rend compte d'une situation d'urgence en alliant éléments documentaires et iconographie fictionnelle.

Jean-Luc Vilmouth organise avec le "Bar des acariens" un espace social de rencontres alors que Claude Lévêque, avec une chaise banale et le mot ASILE écrit avec un néon, crée une ambiance spécifique. Le Panneau " Welcome to Twin Peaks " de Philippe Parreno et les fausses affiches de cinéma de Bernard Joisten au sortir immédiat des Galeries du Magasin renvoient au mode de production et au milieu du cinéma.

 

LA RUE ET LA SALLE DES PROJETS
La RUE et la SALIE DES PROJETS sont l'écho des ensembles présentés dans les GALERIES.

Dans la RUE, Xavier Veilhan réunit un ensemble d'images-type, images familières - le pont, la vache, la pelleteuse, etc. - qu'il développe en trois dimensions en altérant leur échelle, soit trop petite, soit trop grande. Il simplifie leurs formes, gomme tout particularisme de leur identité ; la pelleteuse n'évoque aucune pelleteuse particulière tout en étant immédiatement identifiée comme une pelleteuse-type.
IFP s'approprie les images/affiches de la publicité et leur mode de diffusion et d'implantation. Pendant toute la durée de l'exposition, la société Dauphin collera, comme dans la rue, les affiches publicitaires du jour.
L'arrangement de deux buts de football par Ange Leccia, l'appropriation qu'il réalise, crée un volume dont les éléments constitutifs ont perdu, encore une fois, leur fonction et leur usage.

La galerie-déambulatoire accueille, entre autres, une série d'oeuvres de Marie Bourget, Bertrand Lavier, Présence Panchounette, qui déclinent l'appropriation, la crise de l'objet et de la sculpture.


Soundtrack movie, la dernière oeuvre de Pierre Huyghe présentée dans la SALLE DES PROJETS, mêle sous-titres et bandes sonores pour donner un film-collage sans image que le visiteur peut lire à l'aide d'un micro.