Communiqué de presse

Jim Isermann
"Vega"
6 juin 1999 – 30 avril 2000

Le Magasin a invité Jim Isermann à créer une oeuvre originale dans l'espace central non-aménagé, appelé "La Rue".
Depuis 1986, date de l'ouverture du Magasin, cet espace est dévolu à des créations originales d'artistes (Richard Long, Daniel Buren, John Baldessari, Pistoletto, etc.) créées la plupart du temps spécialement et en fonction du lieu, de ses qualités architecturales particulières, de ses volumes et de ses dimensions hors normes (surface de 900m2, hauteur sous plafond de 21 mètres en son point central).
Jim Isermann a choisi d'occuper l'ensemble de ses murs (plus de 100 mètres linéaires sur une hauteur moyenne de 5 mètres) et de les recouvrir d'un matériau visuel composé de 6 motifs géométriques modulaires simples développés en une série de 6 couleurs (bleu, violet, vert, jaune, orange et rouge).
Imprimés sur une surface adhésive, ces motifs sont reportés sur les murs et se déclinent selon deux principes généraux qui s'opposent : une série répétitive de combinaisons de rectangles et de carrés développée 15 fois et une variabilité de couleur à couleur répétée 4 fois.

Dès ses premiers travaux Jim Isermann emprunte les motifs, formes et couleurs géométriques de la culture visuelle américaine domestique des années cinquante, soixante et soixante-dix, celle que révèle la décoration et le design les plus populaires et les plus communs (papier peint, tissus, etc.).
Jusqu'au Pop art, l'art moderne a influencé la décoration populaire (voir par exemple l'extraordinaire influence de l'art cinétique tout au long des années soixante) qui par retour d'influence l'a lui-même contaminé. Dans l'un de ses entretiens, Jim Isermann constate que ce rapport s'est inversé depuis le Pop Art. Dans bon nombre de ses travaux, il les juxtapose dans une situation de dialogue complexe et non hiérarchisée.
Parmi ses dernières oeuvres, les "Cubeweave" sont exemplaires de ce mouvement de va-et-vient entre ces deux domaines. La forme de chacune de ces oeuvres est un cube. Forme primaire, pure, le cube est employé par de nombreux artistes dans l'histoire de la sculpture de la deuxième moitié de ce siècle ; il est en bois ou en fer (Robert Morris, Tony Smith, etc.), il est unique ou est démultiplié en série (Carl André, etc.). Les cubes de Jim Isermann qui s'inscrivent dans cette tradition des Beaux-Arts sont, eux, recouverts d'un plaid de laine aux motifs géométriques colorés qui renvoie non pas à la sculpture minimaliste mais au catalogue de la Designer's Guild, c'est à dire simultanément à la domesticité et au design populaire. Chacun des plaids est produit manuellement et non pas industriellement comme la loi de productivité du design l'impose, de surcroît il est original et unique comme tout objet d'art.
Très attentif aux méthodes et moyens de fabrication de ses oeuvres, le plus souvent artisanaux (il envisage de plus en plus de les prendre en charge lui-même), Jim Isermann crée généralement leurs motifs en relation avec le matériau choisi, sa production et en fonction des formes qui seront celles de l'oeuvre.

Né en 1955, Jim Isermann poursuit des études au Californian Institute of the Arts - CalArts de Valencia (1980) et s'établit à Santa Monica où il vit et travaille.