Communiqué de presse

ANISH KAPOOR

Vernissage le jeudi 22 novembre à 18h
Exposition du 23 novembre au 19 janvier 1991

Né en 1954 à Bombay
Vit et travaille à Londres

Anish Kapoor recouvre de pigments ses sculptures, qui sont en calcaire, en grès, en fibres de verre, en bois et en plâtre. Son travail repose en grande partie sur l'utilisation de ces pigments de couleur noire, rouge, bleue, jaune et blanche. Un pigment seul - particule minuscule - n'existe pratiquement pas, en quantité il se transforme en une matière concrète qui se rapproche de la terre, et dont pourtant la consistance est inexistante.

Cette idée de dualité et de contradiction entre le vide et le plein marque tout le travail de Kapoor. Il exprime par le noir l'expérience du néant comme point de départ et origine des choses. L'essentiel est la transformation du matériel dans l'immatériel et inversement. Kapoor retrouve la tradition hindoue par l'utilisation de la poudre colorée qui signifie transcendance, immatérialité et spiritualité pure. Le rouge, la couleur la plus importante, représente le centre, le corps, le sang, la terre, la naissance, la vie et la mort. Le bleu qui ne fait pas partie du corps traduit le ciel et la spiritualité. Le jaune est l'élément passionné et expressif du rouge. Le blanc signifie la pureté et la chasteté. Quant au noir il évoque aussi la terre.

Le Magasin présentera dans l'ensemble de ses salles et de la "Rue" des grandes sculptures, parmi lesquelles "Not Eve", "Madonna", "It is a Man", "Tomb", et une nouvelle série d'oeuvres intitulées "New Field" créées spécialement pour l'exposition au Magasin.

L'exposition et le catalogue ont reçu le concours du British Council. Le catalogue de 72 pages contient de nombreuses illustrations, un essai de Thomas McEvilley ainsi qu'une interview réalisée par Marjorie AllthorpeGuyton. Il a été réalisé pour la Biennale de Venise, où Anish Kapoor a reçu le prix 2000 du jury international en juin 1990 pour son travail au pavillon britannique.

"L'idée d'un lieu en dehors du temps, original et central dans un sens métaphysique, réside dans beaucoup d'oeuvres d'Anish Kapoor depuis l'une des premières "1000 Names" à la récente pièce intitulée "Void Field". Dans un premier sens, ce lieu est un espace à l'intérieur de l'esprit, non pas l'espace de l'ego qui est apparent, mais espace secret et caché de l'inconscient, l'abysse de potentialité duquel émergent les pensées et les sentiments comme des efflorescences imprévisibles. Dans un autre sens, analogue au premier, le "lieu" établi par l'empreinte de l'art est un espace ontogénique, espace chargé de vie potentielle qui émerge avec peine, comme le sommet d'un iceberg. C'est un espace qui, frissonnant d'extase de vie, se caractérise par la capacité de conférer des nouvelles formes à la vie, comme un utérus ou un athanor. En termes d'alchimie, ce serait un espace où la "matière première" existe pour elle-même, un espace au-delà de la logique, un "lieu" fondé sur le paradoxe. Tant que la "matière première" n'a pas de caractéristique ou de différentiation visible elle reste inconnaissable, puisqu'elle n'offre aucun trait permettant de la connaître. L'idée d'une telle connaissance demande un connaisseur non-spécifiés une conscience subou super-individuelle qui puisse connaître ce qui est inconnaissable par l'ego.

Lorsqu'en 1980, Kapoor commença à exposer ses formes rondes organiques dans leurs auréoles de pigment en poudre par terre, il fut difficile d'en détacher le regard. Les surfaces poudreuses, délicates, brillaient d'une simplicité élémentaire. La sérénité avec laquelle ces esprits apparemment endormis se présentaient au monde dérivait plus d'un équilibre de tensions que d'un manque de celui-ci. Ces apparitions apparemment simples incorporaient des polarités extrêmes: les colonisés (l'enfance de Kapoor en Inde) et les colonisants (son long séjour en Angleterre) Est et Ouest, ancien et moderne, particulier et universel, sacré et séculier, nature et culture. Ces tensions sont intériorisées dans ce que Kapoor appela ses "abstractions représentatives de l'informel", et en même temps il les entoure invisiblement comme des implications non-dites. L'objet parait simple, mais il est lié à e nombreuses significations : la symbolique hindoue, la pensée mythique hébraïque, l'abstraction moderniste, l'Art Minimal, l'objectivité poétique du postminimalisme, l'iconicité métaphysique, l'intuition psychoanalytique, la nouvelle sculpture anglaise. Chacun de ces cadres est approprié dans un certain sens, même s'ils semblent contradictoires. Cette simplicité de la présence et la complexité des références fournissent l'énergie à une tension structurelle qui crée une force intérieure intense dans l'oeuvre..."

Extrait du catalogue: ANISH KAPOOR British Pavilion, XLIV Venice Biennale, May-September 1990: "The Darkness Inside a stone" essai de Thomas McEviIley