Communiqué de presse

MICROPOLITIQUES
Commissariat : Paul Ardenne et Christine Macel
Exposition du 6 février au 30 avril 2000
Les Galeries


Atelier van Lieshout, Joseph Beuys, Sylvie Blocher, Marc Boucherot, Daniel Buren, André Cadere, Jimmie Durham, Robert Filliou, Kendell Geers, Felix Gonzalez-Torres, Gregory Green, Carsten Höller, Joël Hubaut, Regine Kolle, Saverio Lucariello, Florence Manlik, Gordon Matta-Clark, David Medalla/Adam Nankervis, Philippe Meste, Name Diffusion, Hervé Paraponaris, Dan Peterman, Michelangelo Pistoletto, Tobias Rehberger, Franck Scurti, Simon Starling, Uri Tzaig, Nicolas Uriburu, Jacques Villeglé

Micropolitiques constitue une exposition collective sans visée exhaustive consacrée aux formes d'art contemporain engageant une réflexion sur le politique à un niveau social fragmentaire ou " moléculaire ". Des formes d'art dont l'approche des questions politiques privilégie en premier lieu micro-agencements, micro-actions ou actions locales -- tout ce qui dérange ou agit au plus près de l'individu sans souci de faire valoir slogans, utopies ou injonctions à engagement.

L'exposition comprend une partie " historique " ainsi qu'une section contemporaine. Pas de lecture chronologique dans l'accrochage : des oeuvres des années 60 côtoient celles appartenant aux années 90, plusieurs travaux d'un même artiste apparaissent à différents moments du parcours. Ce dernier inclut en son sein un espace de documentation constitué de tables basses permettant de consulter divers fac-similés de documents originaux, en rapport notamment avec la partie historique. L'accrochage est délibérément rythmé entre des espaces denses (un ensemble des affiches lacérées " politiques " des années 1950 - 1990 de Jacques Villeglé) et des espaces présentant une pièce unique (l'exceptionnel Food de Gordon Matta-Clark, Ground Cover de Dan Peterman...). Le fil rouge de l'exposition est constitué par une série de " bâtons " (Cadere, Durham, Scurti...) et de " boules " qui essaiment au long du parcours (Pistoletto, Tzaig, Geers), constituant autant de liens au sens esthétique et présentant différentes " familles " micropolitiques. Certaines oeuvres singulières, également, se voient réévaluées (Uriburu), d'autres dénotent par leur humour parfois inattendu (Lucariello mais aussi un Beuys surprenant, en chanteur...). Enfin, la contribution soutenue de la jeune création à cette exposition, avec, parmi d'autres, Simon Starling, Marc Boucherot, Gregory Green ou Régine Kolle, postule pour la continuité active autant que pour l'actualité des formes d'art micropolitiques, aujourd'hui en pleine expansion.

Les commissaires
 
Paul Ardenne
Agrégé d'Histoire, docteur en Histoire de l'art, universitaire. Auteur de diverses études relatives à l'art vivant notamment Art, L'âge contemporain - Une histoire des arts plastiques à la fin du XXème siècle (éditions du Regard, 1997). Collabore régulièrement à diverses revues dont art press, Visuel(s), Parpaings. A participé à l'élaboration en 1997 de la manifestation Interplace Access consacrée à Milan (ViaFarini) aux " indépendants " de l'art.

Prochaines publications : L'art dans son moment politique, automne 1999 (Bruxelles, éditions de la Lettre volée), Pratiques contemporaines : l'art comme expérience (éditions Dis-Voir, octobre 1999, en collaboration avec Pascal Beausse et Laurent Goumarre).

Christine Macel
Conservateur du patrimoine, inspecteur de la création artistique (Délégation aux arts plastiques), Professeur d'art contemporain à l'Ecole du Louvre (Traverses). Commissaire d'expositions (Morceaux choisis , Magasin de Grenoble en 1995 ; Etat des lieux, Musée du Luxembourg, Paris en 1996 ainsi qu'à Tokyo, Taiwan et Johannesburg; Transit - 60 artistes nés après 60 à l'Ensb-a, Paris, en 1997, EXTRAetORDINAIRE , Printemps de Cahors, en 1999; Que saurions nous construire d'autre?, à la villa Noailles, Hyères, en mars 2000, ainsi que Sensitive, Printemps de Cahors, en juin 2000. Critique d'art (collaborations à Parachute, à Beaux-Arts Magazine ...).

 

LISTE DES OEUVRES EXPOSEES

Atelier van Lieshout
Bathroom Unit, 1993
unité mobile de salle de bain
bois, résine polyesther et gel coat coloré
240 x 180 x 400 cm

Joseph Beuys
Sonne statt Reagan, 1982
bande sonore (3 min)

Sylvie Blocher
Living Pictures/Gens de Calais, 1997
installation vidéo

Marc Boucherot
Pièces à conviction, 1993
2 bouteilles de gaz explosées chromées
lieu du sinistre " Emmaüs ", Pointe rouge, Marseille

Pièces à conviction, 1992
1 bouteille de gaz explosée chromée
l ieu du sinistre " Emmaüs ", Pointe rouge, Marseille

Coup d'assure, 1992
2 bouteilles de gaz explosées chromées
1 photographie couleur (40 x 70 cm) du Magasin vu d'avion. Lieu du sinistre, Conforama Plan de Campagne

Daniel Buren
Espace documentaire, 2000
Photos-souvenirs, travaux in situ, diaporama

André Cadere
5 barres de bois rond, 1970-71
diam. 1,5 cm ; longueur 294 cm

Barres de bois rond, 1977
diam. 2,5 cm ; longueur 178 cm ; 52 segments

Jimmie Durham
Le bâton pour marquer le centre du monde à Reims, 1996
bois, miroir, texte

Arc de triomphe individuel, 1996
bois peint, charnières métalliques


Robert Filliou
Research in Dynamics and Comparative Statics (16704 cm 2 de pré-territoire de la République Géniale), 1973
éd. Lebeer-Hossmann. Edition de 30
valise en bois avec encre et crayon de couleur sur carton et papiers collés, scotch, cassette, 28 cahiers, laiton, fil de fer, ficelle
13 x 32 x 49,8 cm

Kendell Geers
Title Withheld ( Self Portrait), 1999
édition 5/5 9,5 x 7,5 x 6 cm
goulot de bouteille brisée, situation

Title Withheld ( R.I.P.), 2000
situation, dimensions variables

Title Withheld (Stolen Idea), 1995-2000
plasticine, situation, dimensions variables

Felix Gonzalez-Torres
"Untitled" (NRA - National Rifle Association), 1990
feuilles de papier imprimées rouge et noir
50,8 x 84,5 x 66,8 cm

Gregory Green
Gregnik Proto I, 1996
aluminium, plexiglas, fils électriques, émetteur
55,8 x 30,5 x 30,5 cm

The New Free State of Caroline, 1996
drapeau, plaque, fil, oeillets

Carsten Höller
Kinder Demonstrieren für die Zukunft, 1992
diaporama, installation

Joël Hubaut
Burô orange pour l'Agence Clom-Trok Orange (agence C.L.O.M.I.K ), 2000
Installation, dimensions variables

Régine Kolle
Seaside, 1996
huile sur toile, 28 x 36 cm

Zombie Today, 1999
huile sur toile, 206 x 121 cm

New Years Morning Bombing, 1999
huile sur toile, 73,5 x 134 cm

Puker, 1999
huile sur toile, 62 x 84 cm

Washing, 1999
huile sur toile, 60,5 x 100 cm

Saverio Lucariello
Micropâlepolitique, 1999
vidéo (7 min)

Florence Manlik
Mono Dope, 2000
installation, dimensions variables

Gordon Matta-Clark
sélection de pièces présentées dans le cadre de l'exposition Food, organisée par Catherine Morris au Westfälisches Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte Münster.
Couvertures Avalanche , films, interviews, etc. Voir détail dans le catalogue Micropolitiques.

David Medalla
Stitch in Time, 1968-2000
tissu, bobines de fil, dimensions variables

Philippe Meste
Gunpower I, 1997
Gunpower II, 1997
Gunpower III, 1997
Gunpower VI, 1999
technique mixte et caisse


Bagpower II
(Technics Noir), 1999
Bagpower IV (Burning), 1999
Bagpower V, 1999
Bagpower V I, 1999
Bagpower VII (Work bleu), 1999
technique mixte

Name Diffusion
cartographes sans lieu
www.moneynations.ch/cartographes 2000
poste de consultation internet

Hervé Paraponaris
Stolen.Island, 2000
Edition Nova Print Couleur
300 x 140 cm

Dan Peterman
With Carrying Case Series, 1990-92
5 valises avec leur moulage interne, résine polystyrène, laque pour voiture
58 x 50,5 x 18 cm ; 45,5 x 18 x 12,5cm; 41,5 x 35 x 24 cm ; 30,5 x 24,5 x 6,5cm
27,5 x 11 x 5,5 cm

Michelangelo Pistoletto
Scultura da passegio, 1995
Styrophore et papier, diam. 100 cm

Buongiorno Michelangelo, 1967
film n/b réalisé par Ugo Nespolo (transfert vidéo)
Tobias Rehberger
Bibliothèque horizontale, 1999
(version Magasin), 2000
livres, 6 cendriers, 11 lampes en papier
dimensions variables

Franck Scurti
The City Is Not a Tree, 1999
offset couleur sur papier, 118 x 173 cm, affichage sauvage dans Grenoble

Caducée III,1997   
diam. 6,5 cm ; longueur : 192,5 cm

Caducée IV, 1997
diam. 6,5 cm ; longueur : 90,5 cm

Caducée V, 1997
diam. 5,2 cm ; longueur : 159 cm

Caducée VI, 1997
diam. 5,2 cm ; longueur : 133 cm
canettes de boisson, étuis en peau de boa

Sandwich, 1999 
porte en verre 210 x 80 cm, poignée en bois et vignettes, trousseau de clés

Simon Starling
Work made-ready for Kunsthalle Bern. A Charles Eames Aluminium Group chair remade using the metal from a Marin Sausalito bicycle . A Marin Sausalito bicycle remade using the metal from a Charles Eames Aluminium Group chair, 1996
technique mixte

Uri Tzaig
?, 1998
vidéo (20 min)

Paper Ball, 1994
papier, peinture, ruban adhésif, diam. 56 cm

Nicolas Uriburu
International Coloration of the Waters La Seine, Green Paris, 1970
photographie, 60 x 100 cm

International Coloration of the Waters East River, Green New York, 1970
photographie, 60 x 100 cm

International Coloration of the Waters Rio de la Plata, Green Buenos Aires, 1970
photographie, 60 x 100 cm

International Coloration of the Waters Canal Grande, Green Venice, 1970
photographie, 60 x 100 cm

Coloration, 1973

portfolio de 6 sérigraphies, 75 x 55 cm

Jacques Villeglé
Rue Notre-Dame-des-Champs, 22/10/58
affiches lacérées marouflées sur toile, 60 x 100 cm

Rue Archereau , 8/04/70
affiches lacérées marouflées sur toile, 73 x 60 cm

Rue au Maire , 13/11/72
affiches lacérées marouflées sur toile, 116 x 89 cm

Rue Pierre Lescot , 3/05/81
affiches lacérées marouflées sur toile, 224 x 160 cm

107, r ue Beaubourg , 04/95
affiches lacérées marouflées sur toile, 195 x 119 cm

Les quatre roues (Poitiers), 3/02/98
affiches lacérées marouflées sur toile, 220 x 170 cm

Rue Léopold Robert (La Succession), 18/01/64
affiches lacérées marouflées sur toile, 82 x 49 cm

 

LES ARTISTES
Atelier Van Lieshout
Etabli en 1995.

Joep Van Lieshout
Né en 1963 à Ravenstein. Vit et travaille à Rotterdam depuis 1987.
L'AVL-Ville
Depuis quelque temps l'Atelier Van Lieshout (AVL) s'est attaché à réaliser l'AVL-Ville. Par ce projet l'Atelier Van Lieshout entend créer son propre village utopique, un État libre où les gens de l'AVL pourront faire ce qu'ils veulent. L'AVL-Ville contient des oeuvres d'art qui peuvent être utilisées pour mener une vie à peu près autarcique. (...) La salle de bains rouge exposée à Micropolitiques pourrait très bien faire partie de l'AVL-Ville. C'est une cabine détachée qu'on peut facilement déplacer et mettre où on le désire.

Atelier van Lieshout (extrait du catalogue de l'exposition).

Joseph Beuys
1921, Krefeld - 1986, Dusseldorf.
La question doit enfin être posée, quitte à être considérée comme sacrilège auprès des Beuysiens orthodoxes. Cette question, je la pose : Joseph Beuys riait-il ? Je plaide pour qu'on la prenne au sérieux. Car, dans le flot croissant des publications scientifiques, pseudoscientifiques ou ésotériques consacrées à Beuys, cet aspect de sa nature et de son activité risque de disparaître irrémédiablement. Je peux en témoigner : oui, Joseph Beuys riait ; oui, il était doté d'humour, d'un humour noir j'en conviens. Il possédait aussi un grand sens de l'ironie, de la satire et savait parfaitement se moquer des autres. C'était beau de le voir rire et de rire avec lui. J'en ai fait sans cesse l'expérience au cours d'entretiens, de conférences ou de discussions publiques. Tout comme il était capable de chanter à tue-tête des chansons populaires allemandes, quand il était en voiture par exemple, il riait parfois à gorge déployée - et cela correspond tout à fait à son image. (...)

Heiner Stachelhaus, Le rire de Joseph Beuys , in catalogue Joseph Beuys , Centre Georges-Pompidou, Paris, 1994

Sylvie Blocher
La forme micropolitique que je pratique est mon activité Living Pictures (1993) doublé d'une attitude "ula" (universal local art). Donner la parole au visage, c'est donner la parole au modèle et envisager une relation entre l'artiste et le modèle sous le postulat du partage de l'autorité. Les Living Pictures s'intéressent à la singularité de la parole contre l'efficacité du discours. (...) C'est après de longues heures de tournage que survient parfois l'étonnement de la parole. Lorsque les modèles, auxquels s'identifient les participants et qu'ils tentent d'imiter, s'effacent et qu'ils deviennent leurs propres modèles. Derrière la caméra il n'y a personne que cette absence de l'autre auquelle ils s'adressent et dont ils prennent immédiatement la mesure (...) Je ne les représente pas mais présente ce qui tout à coup les déborde. Leur singularité radicale (...) L'attitude "ula" c'est tourner une oeuvre avec un même dispositif artistique à différents endroits géographiques. C'est éviter toute vérité à l'art.

Sylvie Blocher (extrait du catalogue de l'exposition).

Marc Boucherot
Né en 1968 à Annecy. Vit et travaille à Marseille.
La création est pour moi un acte de citoyenneté. Au regard des autres pour mériter l'appellation citoyenne il ne s'agit pas de faire du beau, du complaisant-ou de voter, mais de rendre compte d'un état. L'objet d'art devient alors outil à réflexion, à éducation, à provocation, à insurrection qui participe au développement d'une conscience collective. (...) Le principe artistique que j'utilise est celui du déplacement des objets, voire des personnes, mais qui au delà du simple déplacement va rendre possible un questionnement entre l'oeuvre et son rapport à la société. Pour prendre un exemple concret Muito a été créé pendant une résidence de 6 mois dans une favela de Recife (Nordeste du Brésil). Muito se compose de baraques ambulantes et sonorisées vendant boissons et nourriture.

Marc Boucherot (extrait du catalogue de l'exposition).

Daniel Buren
Né en 1938, à Boulogne-Billancourt. Vit et travaille " in situ ".

André Cadere
1934, Varsovie - 1978, Paris.
Barres de bois rond, assemblage de segments peints dont la longueur égale le diamètre. Une erreur est systématiquement incluse dans la succession des différentes couleurs. Cette méthode est mise en oeuvre depuis 1970.

André Cadere, Présentation d'un travail - Utilisation d'un travail , 1975, note 1.

1. ... Une barre de bois rond peut être exposée n'importe où, sans bénéficier ni de local privilégié, ni d'autorisation spéciale. Et en même temps, il s'agit d'un travail ne dépendant d'aucun mur privé ou public, ne nécessitant ni clous, ni encollage ou pose de couleur, ni d'autres systèmes d'accrochage.

2. Cependant, exactement le même travail peut être accroché à un mur - et même, entre autres, à celui d'une galerie - et fixé ou posé de toutes les façons possibles dans les lieux dévolus aux oeuvres "classiques". Car il est important que ce pouvoir "classique" ne puisse pas marginaliser mes pièces, les isoler dans une zone d'"avant-garde".

3. Pouvant être présenté de façon classique, il faut le montrer aussi ainsi, selon ses propres possibilités et justement pour en enlever tout "idéalisme révolutionnaire". Il ne faut pas penser qu'il est en dehors des galeries, ni contre qui que ce soit, etc. Je montre mes pièces envers et contre tout, sans avoir d'autre cible qu'elles-mêmes.

Lettre à Yvon Lambert , 5 juin 1978.

Jimmie Durham
Né en 1940 aux Etats-Unis. Vit et travaille à Berlin.

Robert Filliou
1926, Sauve - 1987, Peyzac-le-Moustier
J'avais l'idée de créer mon propre territoire et, bien sûr, de proposer aux autres également de créer le leur. Je me disais que les gens qui vivraient dans un tel territoire passeraient leur temps à développer leur génie plutôt que leurs talents.

Robert Filliou, à propos du Territoire de la République Géniale , dans le cadre de "Research at the Stedelijk" au Stedelijk Museum d'Amsterdam (in cat. de l'ARC, Paris, 1984, p. 142)

Le modèle bourgeois est figé tandis que le modèle artistique peut être plus enrichissant. Mais ce modèle implique de beaucoup travailler sur soi. Dans le même temps que vous changez la société, vous essayez bien plus de vous changer vous-même.

From Madness to Nomad-ness , 1979

Kendell Geers
Né en 1968. Vit et travaille à Johannesburg
L'art est l'incarnation la plus pure de l'idéologie, c'est une des formes les plus pures de la politique dans n'importe quelle société. Quand il est de qualité, l'art exige que le spectateur assume la responsabilité de ses goûts et jugements, et quand il ne l'est pas, c'est parce qu'il s'est aventuré trop loin dans le monde des vanités sociales. L'éthique et l'esthétique sont les deux faces de la même pièce.

Kendell Geers (extrait du catalogue de l'exposition).

Felix Gonzalez-Torres
1957, Guáimaro (Cuba) - 1996, Miami
I l y a des gens qui disent que l'esthétique et la politique sont des choses différentes. Moi je dis que ce qu'il y a de mieux en esthétique c'est que la politique qui le pénètre de toutes parts est entièrement invisible. Car quand on parle d'esthétique, on pense à tout un ensemble de règles qui ont été instituées par quelqu'un. Nous ne sommes pas nés avec des règles esthétiques dans nos mains, que je sache ? L'esthétique ne porte pas sur la politique : elle est la politique même. Et c'est ainsi que le "politique" peut être utilisé le mieux, parce qu'il semble si " naturel ". Les coups politiques les plus efficaces sont ceux qui ne semblent pas être "politiques".

Cité par Nancy Spector, Félix González-Torres , New York, 1995, p. 13.

Gregory Green
Né à Niagara Falls, New York.
(...) Les ordres et systèmes établis produisent des réactions conditionnées qui considèrent notre système dominant comme le vrai gardien de la liberté, tout en prétendant être la seule et unique source de la vérité. Le pouvoir conçoit et diffuse les mythes et illusions qui perpétuent ces réactions. Leur contrôle sur notre perception est intégral et sacro-saint. (...) Pendant la première moitié de ma carrière, mon travail explorait les techniques et stratégies de manipulation et de contrôle utilisées par les gouvernements et par les institutions et systèmes de pouvoir. Ce qui est au centre de mon travail actuel, c'est en quelque sorte une réaction à ce travail antérieur. À partir de 1990 mon travail a tourné autour de l'exploration de l'histoire et de l'évolution de diverses stratégies d'assomption de pouvoir et de changement qui sont disponibles pour les individus et les groupes au sein d'un ensemble social (...)

Gregory Green (extrait du catalogue de l'exposition).

Carsten Höller
Né en 1961 à Bruxelles. Vit et travaille à Cologne depuis 1993.
Les doutes, la perplexité, l'incompréhensible au sein du compris, l'hystérique pas ordinaire ou au-delà de l'hystérie, l'hystérie de masse à petite échelle, le principe de plaisir, les structures auto-reproductrices au sein du colosse mécaniste (le dévorant de l'intérieur), le parasitoïde irrationnel, la décision unique, avec qui on va passer sa vie, par opposition à l'indécidabilité de tout le reste, cela se produit ailleurs, produire l'improductivité, la transparence ternie, l'après-prétention, croire, les questions de motivation, la raison des raisons.

Carsten Höller (extrait du catalogue de l'exposition).

Joël Hubaut
Né en 1947 à Amiens. Vit et travaille à Réville.

installation-manoeuvre-peinture-sculpture-vidéo-performance-musique-poésie sonore et visuelle-fiction-essais-édition- etc.

Regine Kolle
Née en 1967 à Cologne. Vit et travaille à Paris depuis 1994.

Saverio Lucariello
Né en 1958 à Naples. Vit et travaille à Paris.

Florence Manlik
Née en 1967. Vit et travaille à Paris.
Je pense que la complexité de ce qui entoure l'individu est inférieure à sa propre complexité. La politique d'un individu, c'est son désir. En l'occurrence, il y a autant de politiques qu'il y a d'individus. C'est ce que je m'efforce de montrer.

Florence Manlik (extrait du catalogue de l'exposition).

Gordon Matta-Clark
1943, New York - 1978, New York
La limite est ce que je travaille, ce que j'essaie de préserver, et en même temps ce qui est interprété. Et pour moi, la différence entre ma catégorie de limites et celle de la majorité est que, pour la majorité des gens, les limites sont très définies, très soignées. Les miennes sont brutes et les gens ont l'air de les trouver différentes mais en fait elles sont bien plus informatives.

Judith Russi Kirshner, Museum of Contemporary Art, Chicago, le 13 février 1978 ; repris dans le catalogue de l'exposition Gordon Matta-Clark , Musée Cantini, Marseille, 1993, pp. 313-325

David Medalla
Né en 1942 à Manille, (Philippines). Vit et travaille à Londres.
Allant vers un nouveau millénaire, moi qui depuis plus de quatre décennies ai été impliqué comme artiste dans toutes sortes d'événements et d'interventions qui visent à fournir des métaphores destinées à inciter l'individu à créer lui-même des propulsions vers la libération, j'envisage une époque où l'esprit humain se débarrassera des soucis triviaux et des terreurs banales qui ont constitué les aspects sombres de notre époque, et avanceront avec grâce vers une étape lumineuse et pleine de vie où régnera l'amour fraternel, réciproque, transcendental-hédoniste.

David Medalla, décembre 1999, (extrait du catalogue de l'exposition).

Philippe Meste
Né en 1966 à Rennes. Vit et travaille à Paris.

Name diffusion
Marion Baruch, Serge Combaud, Myriam Rambach

Créé à Milan par Marion Baruch en 1990. Actuellement réseau actif à Paris.
La pièce nue nous avons élaborée pour Micropolitiques est une action dans le web. Nous invitons de nombreux internautes à ouvrir leur domaine à des Sans Papiers, un groupe formé de personnes " concrètes ", construites par ordinateur. (...) Sont convoquées pour la fabrication des pages des notions de mécanique de navigation, d'ergonomie, de projection mentale...

Name diffusion, novembre 1999 (extrait du catalogue de l'exposition).

Hervé Paraponaris

Dan Peterman
Né en 1960 à Minneapolis. Vit et travaille à Chicago
Mes oeuvres trouvent leur origine depuis des années dans mon observation des systèmes liés au fleuve de déchets qui est inévitablement produit par la société capitaliste, centrée sur la consommation. C'est là une recherche tout à la fois technologique, sociale, écologique, économique, sémiologique, politique, etc. On pourrait affirmer que l'adoption d'un tel point de vue est en soi critique de la culture considérée. Je suis assez d'accord, mais je devrais ajouter qu'il n'y a aucune critique à laquelle j'adhère simplement. La complexité à laquelle je suis confronté m'accule souvent à tâtonner à la recherche de points de référence entre le global et le local, notamment. Où serais-je si je n'étais à même de refaçonner fréquemment mon univers micro-politique ?

Dan Peterman (extrait du catalogue de l'exposition)

Michelangelo Pistoletto
Né en 1933 à Biella. Vit à Biella.
La fluidité de la pensée dans les rapports interpersonnels, comme dimension de l'être, est à la base et dans le développement de mon travail. Il s'étend à une activité qui met l'art au carrefour de toutes les liaisons possibles entre tous les secteurs. Mon oeuvre relève d'un laboratoire commun où le produit individuel est autonome et fait en même temps partie d'une vision ample et ouverte qui se forme et se transforme sans cesse grâce à la présence et à l'apport de chacun. La différence prend la place de l'homogénéité. La créativité prend la place des religions.

Michelangelo Pistoletto (extrait du catalogue de l'exposition).

Tobias Rehberger
Né en1966 à Esslingen, Neckar. Vit à Francfort

Franck Scurti
Né en 1965 à Lyon. Vit et travaille à Paris.
Dès qu'un individu s'exprime publiquement, on peut dire que son action est politique. C'est à partir du moment où une oeuvre interroge publiquement le vivre en commun des hommes que l'on peut la qualifier de politique et ainsi laisser à l'artiste le soin d'affirmer sa responsabilité. J'ai développé à travers un ensemble de propositions une réflexion sur les pratiques quotidiennes comme une alternative à la notion de projet. L'idée sous-jacente à cette activité est d'établir et d'expérimenter la pratique artistique sur la même base que ce qui structure nos décisions quotidiennes. Ainsi, j'ai reproduit la porte de la boulangerie de mon quartier, filmé un verre de bière à la terrasse d'un café ou refait la semelle de mes chaussures. Un ensemble fragmentaire de petites modifications articulées sur des détails du quotidien. (...) C'est très différent de la notion de projet parce que cela ne comporte pas d'hypothèse de programmation, de commande, mais plutôt une politisation des pratiques quotidiennes comme l'acte d'un présent.

Franck Scurti (extrait du catalogue de l'exposition) .

Simon Starling
Né 1967 à Epsom. Vit et travaille à Glasgow.

Uri Tzaig
Né en 1965 à Kiryat Gar, Israël
Penser l'autre n'est qu'une manière de vous aider à définir votre propre conviction... Ainsi donc, oui, il est très important de résister au système et d'opposer un refus au pouvoir... Mais il est plus important de créer et inventer ses propres systèmes... Et ensuite de les briser à nouveau. Faire de l'art ce n'est qu'un véhicule qui nous conduit vers des destinations plus singulières, plus intéressantes, vers des lieux que nous ne connaissons pas ... Puisqu'il y a différents gardiens qui vous attendent de toute façon, quelle que soit la destination, l'artiste devrait être assez malin pour les tuer sans qu'ils s'en rendent compte... Le duel (la bataille) introduit le sexe dans l'art (certains artistes cousent les uniformes, certains les déchirent), on peut sentir la sueur...

Je préfère les artistes qui ne crient pas contre le policier - mais qui chantent - tout(e) artiste devrait savoir ce qui le/la fait chanter...

Uri Tzaig (extrait du catalogue de l'exposition).

Nicolàs Garcìa Uriburu
Né en 1937 à Buenos-Aires. Vit et travaille à Buenos Aires.
J'ai toujours aimé la nature, mais c'est à partir de la coloration des eaux de Venise (3 km, 20 juin 1968) pendant la Biennale que j'ai pris une claire conscience de la nécessité de sa défense et d'une lutte contre sa contamination par l'homme, effective depuis l'âge industriel, et plus encore à partir de 1950. Je répète ce geste dans plusieurs eaux du monde parallèlement au parcours de mes expositions. Je trouve important de répéter le geste dans des lieux aquatiques très divers : fleuves, lacs, fontaines. Cela devient un message visuel, artistique et politique. (...) Je prends la défense des arbres depuis 1971 (...) en utilisant la presse, la télévision, des lettres. Les gens me connaissent par tous ces gestes et respectent mon travail. Je me sens un communicateur d'idées, bien sûr, à travers l'art où j'introduis le concept du travail pour le bien public. (...) J'ai compris que l'éthique est plus importante à présent que l'esthétique.

Nicolàs Garcìa Uriburu (extrait du catalogue de l'exposition).

Jacques Villeglé
(Jacques Mahé de la Villeglé dit) né en 1926 à Quimper.
À l'origine du choix des affiches lacérées qui m'a permis de constituer une oeuvre plastique de longue haleine il y a sans aucun doute le sentiment que le milieu de l'art était confiné sur lui-même. (...) Voler et collectionner, chaparder et réunir une collection, travailler sur et avec le temps c'est participer à l'histoire des grandes et petites manoeuvres de la politique, et des moeurs commerciales et de société.

Dès mes premières collectes j'ai envisagé que la réunion des affiches devenues illisibles par la lacération engendrerait une réalité critique, une dialectique qui ferait décoller les regardeurs de la banalité des contingences quotidiennes. La lacération provoque les rapprochements imprévisibles du brouillage syntaxique comparatif maldorique dénué de toute notion sociale ou morale. Le microcosme de la palissade, à l'image du macrocosme de la société est le miroir, le symbole, des contradictions universelles du chaosmos, les structures idéologiques sont désarticulées.

Jacques Villeglé, novembre 1999 (extrait du catalogue de l'exposition).