Communiqué de presse
MICROPOLITIQUES
Commissariat : Paul Ardenne et Christine Macel
Exposition du 6 février au 30 avril 2000
Les Galeries
Atelier van Lieshout, Joseph Beuys, Sylvie Blocher, Marc Boucherot, Daniel
Buren, André Cadere, Jimmie Durham, Robert Filliou, Kendell Geers, Felix
Gonzalez-Torres, Gregory Green, Carsten Höller, Joël Hubaut, Regine
Kolle, Saverio Lucariello, Florence Manlik, Gordon Matta-Clark, David Medalla/Adam
Nankervis, Philippe Meste, Name Diffusion, Hervé Paraponaris, Dan Peterman,
Michelangelo Pistoletto, Tobias Rehberger, Franck Scurti, Simon Starling, Uri
Tzaig, Nicolas Uriburu, Jacques Villeglé
Micropolitiques constitue une exposition collective
sans visée exhaustive consacrée aux formes d'art contemporain
engageant une réflexion sur le politique à un niveau social fragmentaire
ou " moléculaire ". Des formes d'art dont l'approche
des questions politiques privilégie en premier lieu micro-agencements,
micro-actions ou actions locales -- tout ce qui dérange ou agit au plus
près de l'individu sans souci de faire valoir slogans, utopies ou injonctions
à engagement.
L'exposition comprend une partie " historique "
ainsi qu'une section contemporaine. Pas de lecture chronologique dans l'accrochage :
des oeuvres des années 60 côtoient celles appartenant aux années
90, plusieurs travaux d'un même artiste apparaissent à différents
moments du parcours. Ce dernier inclut en son sein un espace de documentation
constitué de tables basses permettant de consulter divers fac-similés
de documents originaux, en rapport notamment avec la partie historique. L'accrochage
est délibérément rythmé entre des espaces denses
(un ensemble des affiches lacérées " politiques " des
années 1950 - 1990 de Jacques Villeglé) et des espaces présentant
une pièce unique (l'exceptionnel Food de Gordon Matta-Clark,
Ground Cover de Dan Peterman...). Le fil rouge de l'exposition est
constitué par une série de " bâtons "
(Cadere, Durham, Scurti...) et de " boules " qui essaiment au long
du parcours (Pistoletto, Tzaig, Geers), constituant autant de liens au sens
esthétique et présentant différentes " familles "
micropolitiques. Certaines oeuvres singulières, également, se
voient réévaluées (Uriburu), d'autres dénotent par
leur humour parfois inattendu (Lucariello mais aussi un Beuys surprenant, en
chanteur...). Enfin, la contribution soutenue de la jeune création à
cette exposition, avec, parmi d'autres, Simon Starling, Marc Boucherot, Gregory
Green ou Régine Kolle, postule pour la continuité active autant
que pour l'actualité des formes d'art micropolitiques, aujourd'hui en
pleine expansion.
Les commissaires
Paul Ardenne
Agrégé d'Histoire, docteur en Histoire de l'art, universitaire.
Auteur de diverses études relatives à l'art vivant notamment Art,
L'âge contemporain - Une histoire des arts plastiques à la fin
du XXème siècle (éditions du Regard, 1997). Collabore
régulièrement à diverses revues dont art press, Visuel(s),
Parpaings. A participé à l'élaboration en 1997
de la manifestation Interplace Access consacrée à Milan
(ViaFarini) aux " indépendants " de l'art.
Prochaines publications : L'art dans son moment politique,
automne 1999 (Bruxelles, éditions de la Lettre volée), Pratiques
contemporaines : l'art comme expérience (éditions Dis-Voir,
octobre 1999, en collaboration avec Pascal Beausse et Laurent Goumarre).
Christine Macel
Conservateur du patrimoine, inspecteur de la création artistique
(Délégation aux arts plastiques), Professeur d'art contemporain
à l'Ecole du Louvre (Traverses). Commissaire d'expositions (Morceaux
choisis , Magasin de Grenoble en 1995 ; Etat des lieux, Musée
du Luxembourg, Paris en 1996 ainsi qu'à Tokyo, Taiwan et Johannesburg;
Transit - 60 artistes nés après 60 à l'Ensb-a,
Paris, en 1997, EXTRAetORDINAIRE , Printemps de Cahors, en 1999; Que
saurions nous construire d'autre?, à la villa Noailles, Hyères,
en mars 2000, ainsi que Sensitive, Printemps de Cahors, en juin 2000.
Critique d'art (collaborations à Parachute, à Beaux-Arts
Magazine ...).
LISTE DES OEUVRES EXPOSEES
Atelier van Lieshout
Bathroom Unit, 1993
unité mobile de salle de bain
bois, résine polyesther et gel coat coloré
240 x 180 x 400 cm
Joseph Beuys
Sonne statt Reagan, 1982
bande sonore (3 min)
Sylvie Blocher
Living Pictures/Gens de Calais, 1997
installation vidéo
Marc Boucherot
Pièces à conviction, 1993
2 bouteilles de gaz explosées chromées
lieu du sinistre " Emmaüs ", Pointe rouge, Marseille
Pièces à conviction, 1992
1 bouteille de gaz explosée chromée
l ieu du sinistre " Emmaüs ", Pointe rouge, Marseille
Coup d'assure, 1992
2 bouteilles de gaz explosées chromées
1 photographie couleur (40 x 70 cm) du Magasin vu d'avion. Lieu du sinistre,
Conforama Plan de Campagne
Daniel Buren
Espace documentaire, 2000
Photos-souvenirs, travaux in situ, diaporama
André Cadere
5 barres de bois rond, 1970-71
diam. 1,5 cm ; longueur 294 cm
Barres de bois rond, 1977
diam. 2,5 cm ; longueur 178 cm ; 52 segments
Jimmie Durham
Le bâton pour marquer le centre du monde à Reims,
1996
bois, miroir, texte
Arc de triomphe individuel, 1996
bois peint, charnières métalliques
Robert Filliou
Research in Dynamics and Comparative Statics (16704 cm 2 de pré-territoire
de la République Géniale), 1973
éd. Lebeer-Hossmann. Edition de 30
valise en bois avec encre et crayon de couleur sur carton et papiers collés,
scotch, cassette, 28 cahiers, laiton, fil de fer, ficelle
13 x 32 x 49,8 cm
Kendell Geers
Title Withheld ( Self Portrait), 1999
édition 5/5 9,5 x 7,5 x 6 cm
goulot de bouteille brisée, situation
Title Withheld ( R.I.P.), 2000
situation, dimensions variables
Title Withheld (Stolen Idea), 1995-2000
plasticine, situation, dimensions variables
Felix Gonzalez-Torres
"Untitled" (NRA - National Rifle Association),
1990
feuilles de papier imprimées rouge et noir
50,8 x 84,5 x 66,8 cm
Gregory Green
Gregnik Proto I, 1996
aluminium, plexiglas, fils électriques, émetteur
55,8 x 30,5 x 30,5 cm
The New Free State of Caroline, 1996
drapeau, plaque, fil, oeillets
Carsten Höller
Kinder Demonstrieren für die Zukunft, 1992
diaporama, installation
Joël Hubaut
Burô orange pour l'Agence Clom-Trok Orange (agence C.L.O.M.I.K
), 2000
Installation, dimensions variables
Régine Kolle
Seaside, 1996
huile sur toile, 28 x 36 cm
Zombie Today, 1999
huile sur toile, 206 x 121 cm
New Years Morning Bombing, 1999
huile sur toile, 73,5 x 134 cm
Puker, 1999
huile sur toile, 62 x 84 cm
Washing, 1999
huile sur toile, 60,5 x 100 cm
Saverio Lucariello
Micropâlepolitique, 1999
vidéo (7 min)
Florence Manlik
Mono Dope, 2000
installation, dimensions variables
Gordon Matta-Clark
sélection de pièces présentées dans le
cadre de l'exposition Food, organisée par Catherine Morris au
Westfälisches Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte Münster.
Couvertures Avalanche , films, interviews, etc. Voir détail
dans le catalogue Micropolitiques.
David Medalla
Stitch in Time, 1968-2000
tissu, bobines de fil, dimensions variables
Philippe Meste
Gunpower I, 1997
Gunpower II, 1997
Gunpower III, 1997
Gunpower VI, 1999
technique mixte et caisse
Bagpower II (Technics Noir), 1999
Bagpower IV (Burning), 1999
Bagpower V, 1999
Bagpower V I, 1999
Bagpower VII (Work bleu), 1999
technique mixte
Name Diffusion
cartographes sans lieu
www.moneynations.ch/cartographes 2000
poste de consultation internet
Hervé Paraponaris
Stolen.Island, 2000
Edition Nova Print Couleur
300 x 140 cm
Dan Peterman
With Carrying Case Series, 1990-92
5 valises avec leur moulage interne, résine polystyrène, laque
pour voiture
58 x 50,5 x 18 cm ; 45,5 x 18 x 12,5cm; 41,5 x 35 x 24 cm ; 30,5 x 24,5 x 6,5cm
27,5 x 11 x 5,5 cm
Michelangelo Pistoletto
Scultura da passegio, 1995
Styrophore et papier, diam. 100 cm
Buongiorno Michelangelo, 1967
film n/b réalisé par Ugo Nespolo (transfert vidéo)
Tobias Rehberger
Bibliothèque horizontale, 1999
(version Magasin), 2000
livres, 6 cendriers, 11 lampes en papier
dimensions variables
Franck Scurti
The City Is Not a Tree, 1999
offset couleur sur papier, 118 x 173 cm, affichage sauvage dans Grenoble
Caducée III,1997
diam. 6,5 cm ; longueur : 192,5 cm
Caducée IV, 1997
diam. 6,5 cm ; longueur : 90,5 cm
Caducée V, 1997
diam. 5,2 cm ; longueur : 159 cm
Caducée VI, 1997
diam. 5,2 cm ; longueur : 133 cm
canettes de boisson, étuis en peau de boa
Sandwich, 1999
porte en verre 210 x 80 cm, poignée en bois et vignettes, trousseau de
clés
Simon Starling
Work made-ready for Kunsthalle Bern. A Charles Eames Aluminium
Group chair remade using the metal from a Marin Sausalito bicycle . A
Marin Sausalito bicycle remade using the metal from a Charles Eames Aluminium
Group chair, 1996
technique mixte
Uri Tzaig
?, 1998
vidéo (20 min)
Paper Ball, 1994
papier, peinture, ruban adhésif, diam. 56 cm
Nicolas Uriburu
International Coloration of the Waters La Seine, Green Paris,
1970
photographie, 60 x 100 cm
International Coloration of the Waters East River, Green
New York, 1970
photographie, 60 x 100 cm
International Coloration of the Waters Rio de la Plata,
Green Buenos Aires, 1970
photographie, 60 x 100 cm
International Coloration of the Waters Canal Grande, Green
Venice, 1970
photographie, 60 x 100 cm
Coloration, 1973
portfolio de 6 sérigraphies, 75 x 55 cm
Jacques Villeglé
Rue Notre-Dame-des-Champs, 22/10/58
affiches lacérées marouflées sur toile, 60 x 100 cm
Rue Archereau , 8/04/70
affiches lacérées marouflées sur toile, 73 x 60 cm
Rue au Maire , 13/11/72
affiches lacérées marouflées sur toile, 116 x 89 cm
Rue Pierre Lescot , 3/05/81
affiches lacérées marouflées sur toile, 224 x 160 cm
107, r ue Beaubourg , 04/95
affiches lacérées marouflées sur toile, 195 x 119 cm
Les quatre roues (Poitiers), 3/02/98
affiches lacérées marouflées sur toile, 220 x 170 cm
Rue Léopold Robert (La Succession), 18/01/64
affiches lacérées marouflées sur toile, 82 x 49 cm
LES ARTISTES
Atelier Van Lieshout
Etabli en 1995.
Joep Van Lieshout
Né en 1963 à Ravenstein. Vit et travaille à Rotterdam
depuis 1987.
L'AVL-Ville
Depuis quelque temps l'Atelier Van Lieshout (AVL) s'est attaché à
réaliser l'AVL-Ville. Par ce projet l'Atelier Van Lieshout entend créer
son propre village utopique, un État libre où les gens de l'AVL
pourront faire ce qu'ils veulent. L'AVL-Ville contient des oeuvres d'art qui
peuvent être utilisées pour mener une vie à peu près
autarcique. (...) La salle de bains rouge exposée à Micropolitiques
pourrait très bien faire partie de l'AVL-Ville. C'est une cabine détachée
qu'on peut facilement déplacer et mettre où on le désire.
Atelier van Lieshout (extrait du catalogue de l'exposition).
Joseph Beuys
1921, Krefeld - 1986, Dusseldorf.
La question doit enfin être posée, quitte à être
considérée comme sacrilège auprès des Beuysiens
orthodoxes. Cette question, je la pose : Joseph Beuys riait-il ? Je plaide
pour qu'on la prenne au sérieux. Car, dans le flot croissant des
publications scientifiques, pseudoscientifiques ou ésotériques
consacrées à Beuys, cet aspect de sa nature et de son activité
risque de disparaître irrémédiablement. Je peux en
témoigner : oui, Joseph Beuys riait ; oui, il était doté
d'humour, d'un humour noir j'en conviens. Il possédait aussi un
grand sens de l'ironie, de la satire et savait parfaitement se moquer
des autres. C'était beau de le voir rire et de rire avec lui. J'en
ai fait sans cesse l'expérience au cours d'entretiens, de conférences
ou de discussions publiques. Tout comme il était capable de chanter
à tue-tête des chansons populaires allemandes, quand il était
en voiture par exemple, il riait parfois à gorge déployée
- et cela correspond tout à fait à son image. (...)
Heiner Stachelhaus, Le rire de Joseph Beuys , in catalogue Joseph Beuys , Centre Georges-Pompidou, Paris, 1994
Sylvie Blocher
La forme micropolitique
que je pratique est mon activité Living Pictures (1993) doublé
d'une attitude "ula" (universal local art). Donner la parole
au visage, c'est donner la parole au modèle et envisager une relation
entre l'artiste et le modèle sous le postulat du partage de l'autorité.
Les Living Pictures s'intéressent à la singularité
de la parole contre l'efficacité du discours. (...) C'est après
de longues heures de tournage que survient parfois l'étonnement
de la parole. Lorsque les modèles, auxquels s'identifient les participants
et qu'ils tentent d'imiter, s'effacent et qu'ils deviennent leurs propres
modèles. Derrière la caméra il n'y a personne que
cette absence de l'autre auquelle ils s'adressent et dont ils prennent
immédiatement la mesure (...) Je ne les représente pas mais
présente ce qui tout à coup les déborde. Leur singularité
radicale (...) L'attitude "ula" c'est tourner une oeuvre avec
un même dispositif artistique à différents endroits
géographiques. C'est éviter toute vérité à
l'art.
Sylvie Blocher (extrait du catalogue de l'exposition).
Marc Boucherot
Né en 1968 à Annecy. Vit et travaille à
Marseille.
La création est pour moi un acte de citoyenneté. Au regard
des autres pour mériter l'appellation citoyenne il ne s'agit pas de faire
du beau, du complaisant-ou de voter, mais de rendre compte d'un état.
L'objet d'art devient alors outil à réflexion, à éducation,
à provocation, à insurrection qui participe au développement
d'une conscience collective. (...) Le principe artistique que j'utilise est
celui du déplacement des objets, voire des personnes, mais qui au delà
du simple déplacement va rendre possible un questionnement entre l'oeuvre
et son rapport à la société. Pour prendre un exemple concret
Muito a été créé pendant une résidence de
6 mois dans une favela de Recife (Nordeste du Brésil). Muito se compose
de baraques ambulantes et sonorisées vendant boissons et nourriture.
Marc Boucherot (extrait du catalogue de l'exposition).
Daniel Buren
Né en 1938, à Boulogne-Billancourt. Vit et travaille
" in situ ".
André Cadere
1934, Varsovie - 1978, Paris.
Barres de bois rond, assemblage de segments peints dont la longueur égale
le diamètre. Une erreur est systématiquement incluse dans la succession
des différentes couleurs. Cette méthode est mise en oeuvre depuis
1970.
André Cadere, Présentation d'un travail - Utilisation d'un travail , 1975, note 1.
1. ... Une barre de bois rond peut être exposée n'importe où, sans bénéficier ni de local privilégié, ni d'autorisation spéciale. Et en même temps, il s'agit d'un travail ne dépendant d'aucun mur privé ou public, ne nécessitant ni clous, ni encollage ou pose de couleur, ni d'autres systèmes d'accrochage.
2. Cependant, exactement le même travail peut être accroché à un mur - et même, entre autres, à celui d'une galerie - et fixé ou posé de toutes les façons possibles dans les lieux dévolus aux oeuvres "classiques". Car il est important que ce pouvoir "classique" ne puisse pas marginaliser mes pièces, les isoler dans une zone d'"avant-garde".
3. Pouvant être présenté de façon classique, il faut le montrer aussi ainsi, selon ses propres possibilités et justement pour en enlever tout "idéalisme révolutionnaire". Il ne faut pas penser qu'il est en dehors des galeries, ni contre qui que ce soit, etc. Je montre mes pièces envers et contre tout, sans avoir d'autre cible qu'elles-mêmes.
Lettre à Yvon Lambert , 5 juin 1978.
Jimmie Durham
Né en 1940 aux Etats-Unis. Vit et travaille à Berlin.
Robert Filliou
1926, Sauve - 1987, Peyzac-le-Moustier
J'avais l'idée de créer mon propre territoire et, bien
sûr, de proposer aux autres également de créer le
leur. Je me disais que les gens qui vivraient dans un tel territoire passeraient
leur temps à développer leur génie plutôt que
leurs talents.
Robert Filliou, à propos du Territoire de
la République Géniale , dans le cadre de "Research
at the Stedelijk" au Stedelijk Museum d'Amsterdam (in cat. de l'ARC,
Paris, 1984, p. 142)
Le modèle bourgeois est figé tandis que le modèle
artistique peut être plus enrichissant. Mais ce modèle implique
de beaucoup travailler sur soi. Dans le même temps que vous changez
la société, vous essayez bien plus de vous changer vous-même.
From Madness to Nomad-ness , 1979
Kendell Geers
Né en 1968. Vit et travaille à Johannesburg
L'art est l'incarnation la plus pure de l'idéologie, c'est
une des formes les plus pures de la politique dans n'importe quelle société.
Quand il est de qualité, l'art exige que le spectateur assume la
responsabilité de ses goûts et jugements, et quand il ne
l'est pas, c'est parce qu'il s'est aventuré trop loin dans le monde
des vanités sociales. L'éthique et l'esthétique sont
les deux faces de la même pièce.
Kendell Geers (extrait du catalogue de l'exposition).
Felix Gonzalez-Torres
1957, Guáimaro (Cuba) - 1996, Miami
I l y a des gens qui disent que l'esthétique et la politique
sont des choses différentes. Moi je dis que ce qu'il y a de mieux en
esthétique c'est que la politique qui le pénètre de toutes
parts est entièrement invisible. Car quand on parle d'esthétique,
on pense à tout un ensemble de règles qui ont été
instituées par quelqu'un. Nous ne sommes pas nés avec des règles
esthétiques dans nos mains, que je sache ? L'esthétique ne porte
pas sur la politique : elle est la politique même. Et c'est ainsi que
le "politique" peut être utilisé le mieux, parce qu'il
semble si " naturel ". Les coups politiques les plus efficaces sont
ceux qui ne semblent pas être "politiques".
Cité par Nancy Spector, Félix González-Torres
, New York, 1995, p. 13.
Gregory Green
Né à Niagara Falls, New York.
(...) Les ordres et systèmes établis produisent des réactions
conditionnées qui considèrent notre système dominant comme
le vrai gardien de la liberté, tout en prétendant être la
seule et unique source de la vérité. Le pouvoir conçoit
et diffuse les mythes et illusions qui perpétuent ces réactions.
Leur contrôle sur notre perception est intégral et sacro-saint.
(...) Pendant la première moitié de ma carrière, mon travail
explorait les techniques et stratégies de manipulation et de contrôle
utilisées par les gouvernements et par les institutions et systèmes
de pouvoir. Ce qui est au centre de mon travail actuel, c'est en quelque sorte
une réaction à ce travail antérieur. À partir de
1990 mon travail a tourné autour de l'exploration de l'histoire et de
l'évolution de diverses stratégies d'assomption de pouvoir et
de changement qui sont disponibles pour les individus et les groupes au sein
d'un ensemble social (...)
Gregory Green (extrait du catalogue de l'exposition).
Carsten Höller
Né en 1961 à Bruxelles. Vit et travaille à Cologne
depuis 1993.
Les doutes, la perplexité, l'incompréhensible
au sein du compris, l'hystérique pas ordinaire ou au-delà de l'hystérie,
l'hystérie de masse à petite échelle, le principe de plaisir,
les structures auto-reproductrices au sein du colosse mécaniste (le dévorant
de l'intérieur), le parasitoïde irrationnel, la décision
unique, avec qui on va passer sa vie, par opposition à l'indécidabilité
de tout le reste, cela se produit ailleurs, produire l'improductivité,
la transparence ternie, l'après-prétention, croire, les questions
de motivation, la raison des raisons.
Carsten Höller (extrait du catalogue de l'exposition).
Joël Hubaut
Né en 1947 à Amiens. Vit
et travaille à Réville.
installation-manoeuvre-peinture-sculpture-vidéo-performance-musique-poésie
sonore et visuelle-fiction-essais-édition- etc.
Regine Kolle
Née en 1967 à Cologne. Vit et travaille à
Paris depuis 1994.
Saverio Lucariello
Né en 1958 à Naples. Vit et travaille à
Paris.
Florence Manlik
Née en 1967. Vit et travaille à Paris.
Je pense que la complexité de ce qui entoure l'individu est inférieure
à sa propre complexité. La politique d'un individu, c'est son
désir. En l'occurrence, il y a autant de politiques qu'il y a d'individus.
C'est ce que je m'efforce de montrer.
Florence Manlik (extrait du catalogue de l'exposition).
Gordon Matta-Clark
1943, New York - 1978, New York
La limite est ce que je travaille, ce que j'essaie de préserver,
et en même temps ce qui est interprété. Et pour moi,
la différence entre ma catégorie de limites et celle de
la majorité est que, pour la majorité des gens, les limites
sont très définies, très soignées. Les miennes
sont brutes et les gens ont l'air de les trouver différentes mais
en fait elles sont bien plus informatives.
Judith Russi Kirshner, Museum of Contemporary Art, Chicago,
le 13 février 1978 ; repris dans le catalogue de l'exposition Gordon
Matta-Clark , Musée Cantini, Marseille, 1993, pp. 313-325
David Medalla
Né en 1942 à Manille, (Philippines). Vit et travaille
à Londres.
Allant vers un nouveau millénaire, moi qui depuis
plus de quatre décennies ai été impliqué comme
artiste dans toutes sortes d'événements et d'interventions
qui visent à fournir des métaphores destinées à
inciter l'individu à créer lui-même des propulsions
vers la libération, j'envisage une époque où l'esprit
humain se débarrassera des soucis triviaux et des terreurs banales
qui ont constitué les aspects sombres de notre époque, et
avanceront avec grâce vers une étape lumineuse et pleine
de vie où régnera l'amour fraternel, réciproque,
transcendental-hédoniste.
David Medalla, décembre 1999, (extrait du catalogue
de l'exposition).
Philippe Meste
Né en 1966 à Rennes. Vit et travaille à
Paris.
Name diffusion
Marion Baruch, Serge Combaud, Myriam Rambach
Créé à Milan par Marion Baruch en 1990.
Actuellement réseau actif à Paris.
La pièce nue nous
avons élaborée pour Micropolitiques est une action dans le web.
Nous invitons de nombreux internautes à ouvrir leur domaine à
des Sans Papiers, un groupe formé de personnes " concrètes
", construites par ordinateur. (...) Sont convoquées pour la fabrication
des pages des notions de mécanique de navigation, d'ergonomie, de projection
mentale...
Name diffusion, novembre 1999 (extrait du catalogue de
l'exposition).
Hervé Paraponaris
Dan Peterman
Né en 1960 à Minneapolis. Vit et travaille à Chicago
Mes
oeuvres trouvent leur origine depuis des années dans mon observation
des systèmes liés au fleuve de déchets qui est inévitablement
produit par la société capitaliste, centrée sur la consommation.
C'est là une recherche tout à la fois technologique, sociale,
écologique, économique, sémiologique, politique, etc. On
pourrait affirmer que l'adoption d'un tel point de vue est en soi critique de
la culture considérée. Je suis assez d'accord, mais je devrais
ajouter qu'il n'y a aucune critique à laquelle j'adhère simplement.
La complexité à laquelle je suis confronté m'accule souvent
à tâtonner à la recherche de points de référence
entre le global et le local, notamment. Où serais-je si je n'étais
à même de refaçonner fréquemment mon univers micro-politique ?
Dan Peterman (extrait du catalogue de l'exposition)
Michelangelo Pistoletto
Né en 1933 à Biella. Vit à Biella.
La fluidité
de la pensée dans les rapports interpersonnels, comme dimension de l'être,
est à la base et dans le développement de mon travail. Il s'étend
à une activité qui met l'art au carrefour de toutes les liaisons
possibles entre tous les secteurs. Mon oeuvre relève d'un laboratoire
commun où le produit individuel est autonome et fait en même temps
partie d'une vision ample et ouverte qui se forme et se transforme sans cesse
grâce à la présence et à l'apport de chacun. La différence
prend la place de l'homogénéité. La créativité
prend la place des religions.
Michelangelo Pistoletto (extrait du catalogue de l'exposition).
Tobias Rehberger
Né en1966 à Esslingen, Neckar. Vit à Francfort
Franck Scurti
Né en 1965 à Lyon. Vit et travaille à Paris.
Dès
qu'un individu s'exprime publiquement, on peut dire que son action est politique.
C'est à partir du moment où une oeuvre interroge publiquement
le vivre en commun des hommes que l'on peut la qualifier de politique et ainsi
laisser à l'artiste le soin d'affirmer sa responsabilité. J'ai
développé à travers un ensemble de propositions une réflexion
sur les pratiques quotidiennes comme une alternative à la notion de projet.
L'idée sous-jacente à cette activité est d'établir
et d'expérimenter la pratique artistique sur la même base que ce
qui structure nos décisions quotidiennes. Ainsi, j'ai reproduit la porte
de la boulangerie de mon quartier, filmé un verre de bière à
la terrasse d'un café ou refait la semelle de mes chaussures. Un ensemble
fragmentaire de petites modifications articulées sur des détails
du quotidien. (...) C'est très différent de la notion de projet
parce que cela ne comporte pas d'hypothèse de programmation, de commande,
mais plutôt une politisation des pratiques quotidiennes comme l'acte d'un
présent.
Franck Scurti (extrait du catalogue de l'exposition) .
Simon Starling
Né 1967 à Epsom. Vit et travaille à Glasgow.
Uri Tzaig
Né en 1965 à Kiryat Gar, Israël
Penser l'autre
n'est qu'une manière de vous aider à définir votre propre
conviction... Ainsi donc, oui, il est très important de résister
au système et d'opposer un refus au pouvoir... Mais il est plus important
de créer et inventer ses propres systèmes... Et ensuite de les
briser à nouveau. Faire de l'art ce n'est qu'un véhicule qui nous
conduit vers des destinations plus singulières, plus intéressantes,
vers des lieux que nous ne connaissons pas ... Puisqu'il y a différents
gardiens qui vous attendent de toute façon, quelle que soit la destination,
l'artiste devrait être assez malin pour les tuer sans qu'ils s'en rendent
compte... Le duel (la bataille) introduit le sexe dans l'art (certains artistes
cousent les uniformes, certains les déchirent), on peut sentir la sueur...
Je préfère les artistes qui ne crient pas contre le policier - mais qui chantent - tout(e) artiste devrait savoir ce qui le/la fait chanter...
Uri Tzaig (extrait du catalogue de l'exposition).
Nicolàs Garcìa Uriburu
Né en 1937 à Buenos-Aires. Vit et travaille à
Buenos Aires.
J'ai toujours aimé la nature, mais c'est à partir
de la coloration des eaux de Venise (3 km, 20 juin 1968) pendant la Biennale
que j'ai pris une claire conscience de la nécessité de sa défense
et d'une lutte contre sa contamination par l'homme, effective depuis l'âge
industriel, et plus encore à partir de 1950. Je répète
ce geste dans plusieurs eaux du monde parallèlement au parcours de mes
expositions. Je trouve important de répéter le geste dans des
lieux aquatiques très divers : fleuves, lacs, fontaines. Cela devient
un message visuel, artistique et politique. (...) Je prends la défense
des arbres depuis 1971 (...) en utilisant la presse, la télévision,
des lettres. Les gens me connaissent par tous ces gestes et respectent mon travail.
Je me sens un communicateur d'idées, bien sûr, à travers
l'art où j'introduis le concept du travail pour le bien public. (...)
J'ai compris que l'éthique est plus importante à présent
que l'esthétique.
Nicolàs Garcìa Uriburu (extrait du catalogue
de l'exposition).
Jacques Villeglé
(Jacques Mahé de la Villeglé dit) né en 1926 à
Quimper.
À l'origine du choix des affiches lacérées
qui m'a permis de constituer une oeuvre plastique de longue haleine il y a sans
aucun doute le sentiment que le milieu de l'art était confiné
sur lui-même. (...) Voler et collectionner, chaparder et réunir
une collection, travailler sur et avec le temps c'est participer à l'histoire
des grandes et petites manoeuvres de la politique, et des moeurs commerciales
et de société.
Dès mes premières collectes j'ai envisagé que la réunion des affiches devenues illisibles par la lacération engendrerait une réalité critique, une dialectique qui ferait décoller les regardeurs de la banalité des contingences quotidiennes. La lacération provoque les rapprochements imprévisibles du brouillage syntaxique comparatif maldorique dénué de toute notion sociale ou morale. Le microcosme de la palissade, à l'image du macrocosme de la société est le miroir, le symbole, des contradictions universelles du chaosmos, les structures idéologiques sont désarticulées.
Jacques Villeglé, novembre 1999 (extrait du catalogue de l'exposition).