Communiqué de presse

John Miller
6 juin – 5 septembre 1999

Commissaire de l'exposition : Lionel Bovier
Les Galeries

Le Magasin consacre à John Miller une première exposition rétrospective qui rassemble un grand nombre d'oeuvres créées entre 1982 et 1999.
La présentation de ces oeuvres dans les salles des galeries exclut tout parcours chronologique au profit de leur regroupement plus ou moins systématique en fonction de leur médium (photographie, peinture, sculpture, etc.) ou de leur thématiqueet tente également de privilégier les qualités visuelles et sensibles de l'accrochage, le dialogue qui peut se nouer entre les oeuvres dans un même espace.

Ces regroupements mettent en évidence les ensembles majeurs de travaux de John Miller :

- Les tableaux peints à l'acrylique, de sujets très divers qui pour beaucoup sont empruntés à une imagerie populaire, d'une banalité consommée. La plupart sont peints en 1983 et chacun l'est en une journée seulement. Etudiant à la Rhode Island School of Design entre 1972 et 1974, il y reçoit une formation de peintre marquée par l'héritage de l'expressionnisme abstrait qu'il rejette rapidement ainsi que celui du Pop art, alors très pregnant sur la scène artistique américaine. En 1983, il projette un ensemble d'oeuvres de petit format qu'il tente de réaliser avec le moins de matériel et de talent possibles en suivant les préceptes de William Blake, une peinture appliquée successivement en fines couches transparentes pour obtenir un maximum de luminosité.

- Les tableaux, sculptures (paysages-saynètes en trois dimensions parsemés de personnages, de petites fabriques et d'objets) et reliefs "bruns" réalisés au milieu des années quatre-vingt et qu'il poursuivra pendant près de huit ans. Recouverts d'abord d'une peinture à l'acrylique marron puis réalisés à l'aide de pâte à modeler d'un aspect visqueux de même couleur qui évoque très directement la matière fécale. Cette matière supposée est bien évidemment métaphorique et renvoie à un ensemble de significations possibles énoncées par John Miller dans différents textes et interviews : le sujet lui-même de l'oeuvre et son principe formel, ce qu'il imaginait être l'idée que l'homme de la rue se faisait des Beaux-Arts dans les années quatre-vingt, une abjection frontale qui permet de résister à l'appropriation esthétique, la théorie psychanalytique de Freud qui pourrait inciter à penser que l’art serait une pulsion anale sublimée, etc.

- Un ensemble de 60 photographies réalisées entre 1994 et 1997 dont le titre générique est Middle of the Day (le milieu de la journée). Ces photographies de sujets extrêmement divers qui sont empruntés à la rue et à l'espace public sont prises au moment précis, entre 12h et 14h, où les manuels de photographie déconseillent fortement toute prise de vue, à cause des conditions d’éclairage et aussi, parce que, dans une perspective sociale, il est dénuéet d’événements suite à la division entre heures de travai , de loisirs et de repos.

- La série des représentations de jeux télévisés et un décor tridimensionnel générique dont les sujets selon les propres termes de John Miller sont "déprimants" et exemplaires d'une possible définition de "l'américanité" dont "ils pourraient être vus comme une perversion alors qu'ils ne font que l'enregistrer". Selon lui, toujours, "ils remplissent en quelque sorte le rôle d'un potlach (jeu de défi pratiqué par les les indiens du Nord-Ouest américain - une façon de vaincre l'adversaire en faisant le plus beau cadeau) où l'on dilapide non seulement les biens matériels mais également les émotions", "c'est l'animisme de la marchandise fétichisée" au sein d'une famille qui n'en est pas une.

Après des études au Whitney Independent Program de New York (1978) et au Californian Institute of the Arts - CalArts de Valencia (1979), John Miller, né en 1954, s'installe à New York où il vit et travaille.