Communiqué de presse
Amy O'Neill
Happy Trails Supersized (from Parade Float Graveyard)
1er - 31 mars 2005
Née à Beaver, USA en 1971, vit et travaille à Genève
et Brooklyn.
L’artiste américaine exploite à travers ses travaux les
bizarreries de sa culture d’origine et de la Suisse où elle est
installée.
Deux couronnes de reines, une rose rouge et une étoile en or sont des
symboles de bonheur. Dans ce contexte, une gigantesque lanière de botte
brune ne semble visiblement pas à sa place.
Trois grands dessins sur toile, respectivement appelés Rose Queens
[Les reines des roses], Happy Trails [Joyeux sentiers] et Monstro,
définissent le contexte des fragments présentés. Des images
documentaires des chars d’anciennes parades de la Rose Bowl de
Pasadena ont fourni les sources de ces «dessins commémoratifs».
Commémorer des chars de parade vise à souligner leur statut de
monuments très temporaires de la culture populaire vernaculaire. Les
fragments de char reprennent des détails présents dans les dessins.
L’étoile en or fait référence au gigantesque éperon
à cinq pointes que l’on trouve dans Happy Trails, le dessin
montre une paire de bottes (deux chars en fait) se baladant dans la rue, alors
que la lanière de botte brune paraît avoir été arrachée
à l’une des deux chaussures. La rose rouge et les couronne de reines
sont des accessoires tirés de «Rose Queens», un char originellement
construit pour abriter un concours de reines de beauté.
Durant les dernières 113 années, la parade de la Rose Bowl
s’est tenue le jour du Nouvel An à Pasadena, en Californie.
Ses organisateurs souhaitaient vanter le climat hivernal tempéré
de leur région. «Organisons un festival pour faire connaître
au monde entier notre paradis», écrivit l’un d’entre
eux. La bibliothèque historique de Pasadena témoigne par ailleurs
qu’un autre des organisateurs de la parade visita la Bataille des
fleurs qui se tient chaque année à Nice.
Les chars de parade sont également remarquables en raison de leurs traits
décoratifs si ridiculement fantaisistes par rapport à la propagande
qu’ils véhiculent. L’ordre fraternel des Odd Fellas and
Rebekahs présenta, lors de la parade de la Rose Bowl de
1968, un char de fleurs intitulé : Hark, Hark, the Ark
[Ecoutez !, Ecoutez !, l’arc]. Le programme officielle de la
manifestation le décrivit ainsi : «Une représentation
de la fabuleuse entreprise de Noah afin de sauver le règne animal de
quarante jours et quarante nuits de pluie». Originellement, l’arche
été recouvert de chrysanthèmes blancs, le toit de chrysanthèmes
roses et le pont d’un torrent de roses rouges : une scène
biblique archaïque et fondamentaliste déguisée en gigantesque
peluche à caresser ! Un autre char monumental, construit par Kodak
cette fois, montrant America the Beautiful [La belle Amérique]
(1977), dressait le portrait de scènes idylliques de la vie de famille
américaine sur un plateau circulaire rotatif imitant un film. Chacune
– présentée comme un cadre photographique arrêté
et dédiée à une valeur familiale particulière –
était réalisée à partir de matériaux organiques
(l’une était entièrement faite de graines d’oignons).
En dernier lieu et très ironiquement, la Union Oil Company de Californie
présenta un globe rotatif constitué de 8000 roses de couleur rose
intitulé A World of Adventure [Un monde d’aventure]…
Amy O’Neill / mars 2005