Press release (french)

RICHARD PRINCE
25 septembre – 27 novembre 1988

Richard Prince est né en 1949. Il vit et travaille à New York.
En 1976, il commence à photographier des publicités dans les magazines, les recadre en coupant la partie texte de l'image et définit ses "rephotographies" comme art. Consciemment, il rejette la création pour la re-création ou la re-presentation ; il choisit d'exprimer ce qui nous passe sous les yeux dans les magazines plutôt que son moi intérieur. Il débarrasse les images de publicité de leurs labels et slogans et les représente comme différents aspects de la vie. En lui donnant le statut d'art, Prince questionne l'archétype médiatique. Son procédé implique de sortir l'image de son contexte publicitaire tout en conservant son caractère exagéré. Les photos publicitaires, en effet, amplifient ou soulignent certaines caractéristiques. Prince se concentre précisément sur cette manière de sur-affirmer. En libérant les images du verbiage très chargé de la publicité, Prince conserve l'aura d'un "look", et laisse en suspens toute qualité propagandiste.

Bien que les rephotographies de Prince se bornent en fait à décontextualiser les images, la trop grande familiarité des clichés est parfois masquée par de petites altérations : en photographiant les images légèrement flou par exemple, ou en photographiant en couleur des images noir et blanc, ce qui donne une légère teinte aux tirages et accentue leur aspect de reproduction.

Contrairement aux premiers artistes Pop américains, Warhol, Rosenquist, Lichtenstein, Rauschenberg ou Johns, Richard Prince ne choisit pas des images chargées ou spectaculaires, mais des images présentes de façon plus subtiles dans notre environnement ; il ne choisit pas les grands archétypes, comme par exemple Marilyn Monroe, mais des personnages secondaires, plus neutres. Les images de Prince sont génériques ; leur normalité leur donne un air, pour reprendre sa propre expression, de "science fiction sociale".

A partir de 1984, Prince présente des travaux qui groupent plusieurs images sur une même feuille de papier photographique, et qu'il intitule "Gangs". Utilisant des planches de diapositives, il organise ces images selon un schéma quadrillé, puis agrandit la composition jusqu'à un format de 240x120 cm environ. En se reférant à une oeuvre d'art par le terme "gang", plus généralement employé pour désigner par exemple des bandes de jeunes délinquants, Prince affirme une attitude d'indépendance, ignorante des polémiques bourgeoises ou politiques, ou du propagandisme social. Dans des "gangs" récents, il inverse sa démarche antérieure qui consistait à retirer le texte des images et choisit pour cela des clichés dont la légende est placée directement sur la photo. C'est notamment le cas pour les gangs "Untitled (War)" et "The Sex One" qui utilisent respectivement des images de la guerre du Vietnam et des images pornographiques. Ces clichés, ainsi que d'autres utilisés par Prince, ne sont pas des photos publicitaires mais sont toujours issus de magazines.

Depuis 1986, Richard Prince s'intéresse également à un élément de texte atypique au monde de l'art : la blague. Il commence par redessiner sur de grandes feuilles de papier des dessins humoristiques publiés dans des revues. Il incorpore également le thème des blagues dans certains gangs. Les blagues de Prince les plus récentes, enfin, sont sérigraphiées sur des toiles monochromes, la couleur et la composition du texte variant avec chaque pièce. Là encore, Prince, en sortant la blague de son contexte habituel, la conversation, met l'humour en suspens ; l'effet comique demeure mais en option.

Mettre des images en suspens, en les sortant de leur contexte ou de leur environnement habituel, c'est mettre en évidence le schéma iconique qu'elles contiennent. Richard Prince observe que des schémas se développent dans tous les media, que la représentation se formalise jusqu'à constituer un langage d'images ; il explore la manière dont ce langage encore imparfait façonne la culture ; son art est une réponse au style "montage" des productions familières à notre environnement contemporain. Le monde qui nous entoure définit notre monde intérieur et les technologies qui nous assistent influencent nos habitudes mentales et nos modes de vie. Aujourd'hui, le téléphone, la radio, la télévision, les ordinateurs, les satellites nous conduisent à prendre des distances par rapport à une culture jusqu'ici dominée par l'écrit, qui façonnait les connaissances par des livres et des images fixes. Le travail de Richard Prince révèle indirectement le conflit qui surgit alors que notre culture passe d'une forme d'écriture à une autre. Son art conserve une apparence formelle esthétique en accord avec le modernisme traditionnel l'élégante sobriété de l'art abstrait contemporain ou de l'art conceptuel. En même temps, le contenu de cet art indique les orientations orales, auditives et visuelles de l'époque multi-media.

L'importante exposition organisée par le Magasin donnera, pour la première fois, l'occasion de voir dans son ensemble le travail de Richard Prince, depuis ses débuts en 1977 jusqu'à aujourd'hui.

Un catalogue bilingue français-anglais, couvrant ces dix années de travail, sera publié parallèlement à l'exposition.

EXPOSITIONS PERSONNELLES

1980
Artists Space, New York, U.S.A.
CEPA Gallery, Buffalo, New York, U.S.A.
1981
Metro Pictures, New York, U.S.A.
Richard Kuhlenschmidt Gallery, Los Angeles, U.S.A.
1982
Metro Pictures, New York, U.S.A.
1983
Le Nouveau Musée, Villeurbanne, France.
I.C.A., Londres, G.B.
Richard Kuhlenschmidt Gallery, Los Angeles, U.S.A.
Baskerville + Watson Gallery, New York, U.S.A.
1984
Riverside Studios, Londres, G.B.
Feature Gallery, Chicago, U.S.A.
Baskerville + Watson Gallery, New York, U.S.A.
1985
International with Monument, New York, U.S.A.
Richard Kuhlenschmidt Gallery, Los Angeles, U.S.A.
1986
International with Monument, New York, U.S.A.
Feature Gallery, Chicago, U.S.A.
1987
Gutenbergstrasse 62a e. V., Stuttgart, R.F.A.
Daniel Weinberg Gallery, Los Angeles, U.S.A.
1988
"Tell me everything", Spectacolor Lightboard, New York, U.S.A.
Barbara Gladstone Gallery, New York, U.S.A.
Le Case d'Arte, Milan, Italie.
Magasin - Centre National d'Art Contemporain de Grenoble, France.
Galerie Hussenot, Paris, France.
Galerie Rafael Jablonka, Cologne, R.F.A.

EXPOSITIONS A DEUX ARTISTES
1985 303 Gallery, New York, U.S.A. (avec David Robbins)
1986 Colin Deland Gallery, New York, U.S.A. (avec John Dogg)
1988 Kunsthalle ZUrich, Suisse (avec Allan McCollum)