Communiqué de presse

Arnulf Rainer
Métaphores de la mort
7 février – 12 avril 1987

Vienne, autre ville à la déchirure de l'Europe. L'empire austro-hongrois détruit, son ancienne métropole s'est vue réduite è une position de plus en plus marginale. Cette marginalité, accentuée par des liens constants avec l'est, a créé les conditions d'un mélange culturel bizarre, unique. La mode "fin de siècle" souvent attachée au nom (le Vienne, cache souvent derrière le décor doré de l'art nouveau, une toile de fond morbide et effrayante. Le. "Wiener Aktionismus" (actionnisme viennois) des années 60, dans son extrémisme (qui va jusqu'à la mutilation du corps) est le résultat d'une opposition radicale contre les restes de l'ancien Etal impérial autoritaire et omniprésent, contre la mentalité fonctionnaire, petite bourgeoise, berceau du fascisme. Dans cette protestation existentielle, les "actionnistes" reconnaissent en Rainer leur mentor. Il reste cependant différent d'eux : il est, de tous les artistes viennois d'après-guerre, sans doute le plus "international" ; sa "peinture pour quitter la peinture" se situe dans le contexte de la problématique de l'art des années 50. Son travail sur le geste et la mimique, sa préoccupation de la mort, la fonction du grotesque dans son oeuvre relèvent par contre d'une tradition artistique et littéraire spécifiquement viennoise.

Le Centre Georges Pompidou, a déjà organisé, il y a trois ans, une rétrospective importante du travail de cet artiste. L'exposition du MAGASIN se concentre sur un aspect essentiel de son oeuvre de ces dernières années : Les Métaphores de la Mort.

Son travail sur les oeuvres d'autres artistes prend une place particulière dans le développement de l'oeuvre de Rainer. Il a repris récemment ce thème avec une série d'eaux-fortes d'Henri Michaux. Deux catalogues seront publiés à l'occasion de l'exposition du MAGASIN. Le premier regroupera une série Totenmasken, de croix. Le deuxième présentera la série des Überzeichnungen sur les oeuvres de Michaux.

Arnulf Rainer et Serge Spitzer au MAGASIN
La structure architecturale du MAGASIN - CENTRE NATIONAL D'ART CONTEMPORAIN DE GRENOBLE incite à une confrontation entre galerie d'exposition et espace ouvert. Même si deux expositions sont conçues indépendamment l'une de l'autre. Leur juxtaposition n'est pas fortuite : La présence simultanée de l'installation de Serge Spitzer et des oeuvres d'Arnulf Rainer va par exemple mettre en valeur l'aspect conceptuel de ce dernier. Mais aussi, sans doute, ses préoccupations de la mort et de son propre corps rappellent ce que Serge Spitzer désigne comme des "Survival Strategies".

L'oeuvre de ces deux artistes renvoie, sous des formes très différentes, à la tragédie de l'Europe divisée.