Communiqué de presse

FRANCK SCURTI
What is Public Sculpture?

11 février – 6 mai 2007
INTERVIEW VIDEO
Février 2007 / 2mn18s
© La Compagnie des Vidéastes 02/07

Franck Scurti a conçu et composé What is Public Sculpture ? à partir d'un ensemble de sculptures taguées et de graffitis qu’il a déployé dans l’espace de la Rue. Il crée les sculptures à partir des règles des différents styles du XXe siècle tandis qu’il a fait reproduire à l’identique des tags et des graffitis prélevés dans l’espace urbain. La particularité de ceux qui recouvrent les sculptures est qu'ils sont inscrits en "creux", comme gravés dans la matière, un peu comme si la surface accusait la projection de peinture ou le tracé d'un feutre pour n'en garder que l'empreinte. En outre, l’imbrication des lignes et des couleurs gravées sur les murs de la Rue ou sur les surfaces des sculptures, est telle, que les certitudes que nous pouvions avoir sur la prééminence de la forme ou de l'empreinte sont bousculées ; l'idée n'est pas d'opposer "l'art de la rue" au "grand art", il s'agit, en toute ironie, d'en proposer simultanément les deux lectures. En effet, la juxtaposition des tags et des sculptures procède du même mouvement, ils concourent ensemble au service de la forme et de la composition de chaque sculpture. Si la question de la trace ou de l'empreinte nous amène à une réflexion sur "l'aube des images", il s'agit aussi de s'interroger sur la perte des modèles à l'ère de leur reproductibilité technique. La question de la place de l’art dans la ville aujourd'hui s’impose, alors, comme une évidence.
Dans le même temps, l’observation minutieuse des sculptures -expérience peu habituelle quand il s’agit d’œuvres d’art public- à laquelle nous pouvons ici nous prêter, nous amène à interroger la notion d’auteur, l’origine et le rôle de la signature, le tag par définition en étant une. Interrogations qui ne sont pas nouvelles dans l’art, surtout contemporain, mais qui ont toute leur pertinence à l’époque d’Internet.

Franck Scurti, questions-réponses, janvier 2007
- What is Public Sculpture ? est-il un titre que vous avez choisi en écho à celui de l’exposition Qu’est-ce que la sculpture moderne ? (Exposition présentée au Musée National d’Art Moderne, Centre Pompidou, Paris, 1986)
- Absolument. J'aime l'idée qu'une question, une interrogation, deviennent le titre d'une exposition.

- Les oeuvres présentées sont toutes conçues et produites pour cet espace appelé la “Rue”. Aviez-vous ce projet en tête avant d’être invité par le Magasin ?
- Oui, je réfléchis à cette idée depuis environ une année. La première sculpture a été produite à l'occasion de la FIAC en 2006 et avait été présentée au jardin des Tuileries.

- Grenoble tient une place importante dans le développement de la commande publique et plus spécifiquement dans celui des sculptures (Village Olympique en 1968, Campus Universitaire, Parc du Musée, peintures des Malassis à Grand Place, etc). Est-ce que cela a compté dans la conception de votre projet ?
- Non, même si je trouve cela plutôt bien pour mon projet. ça lui donne un paysage...

- Comment avez-vous procédé pour la production des sculptures et le choix de leur matériau ?
- J'ai réalisé des maquettes, des dessins, des plans. Je me rends très régulièrement chez les artisans qui réalisent les oeuvres pour vérifier l'avancement des travaux et corriger lorsqu’il y a des problèmes. J'essaie d'être au plus près du processus de fabrication. Je choisis le matériau de façon à ce qu'il corresponde au genre de la sculpture, à son style. Par exemple, les structures géométriques ou minimalistes seront plutôt en aluminium, mais pour une statue ou une oeuvre abstraite cela m'amènera plutôt vers la résine ou le béton... Cela dépend. Il y a aussi le facteur économique qui entre en compte.

- Avez-vous conçu les bas-reliefs et les murs peints après avoir élaboré le concept des sculptures?
- Tout à fait. C'est une déclinaison de la série qui exploite les variations possibles entre une figure et un fond. Les cinq sculptures sont autonomes, le bas-relief en losange aussi, quant aux oeuvres sur les murs, il faut les considérer comme des interventions sur le lieu, des oeuvres in situ en quelque sorte.

- Pour vous, la Rue du MAGASIN figure l’espace public et en même temps elle institutionnalise les tags et les graffitis par son statut d’espace d’exposition. Vous superposez des éléments, des codes, appartenant à la culture populaire et urbaine mais aussi aux beaux-arts. Est-ce que cela fait partie intégrante de votre démarche ?
- Oui, l'ambiguïté entre les domaines m'a toujours intéressé, mais je ne suis pas un tagueur, se sont avant tout des formes rapportées, qui sont refroidies par leur reproduction. Les graffitis s'inscrivent dans les sculptures et vice-versa, ils laissent des traces sur les murs de l'institution, je pense que quelque part ils révèlent l'inconscient collectif...

Né en 1965 à Lyon, il vit et travaille à Paris. Il a étudié à l’Ecole d’art de Grenoble et à l’Ecole d’art de Saint-Etienne. Pour en savoir plus : www.franckscurti.net