Communiqué de presse
Catherine Sullivan
‘Tis Pity She’s a Fluxus Whore, 2003
1er - 29 avril 2005
Née à Los Angeles en 1968 où elle vit et travaille,
Catherine Sullivan étudie le théâtre avant d’étudier
les arts plastiques. Elle filme ses performances érudites et citationnelles.
L’œuvre présentée juxtapose des extraits d’une
production de 1943 d’un drame jacobéen de John Ford au Wadsworth
Atheneum… et une performance du Festival Fluxus de 1964 à Aix-la-Chapelle.
‘Tis Pity She’s a Whore, (dommage qu’elle soit une
catin) publiée en 1633, est d’abord une œuvre dramatique écrite
par John Ford, considéré par les critiques comme le dernier grand
dramaturge de la renaissance anglaise. L’histoire raconte la relation
entre Giovanni et sa sœur Annabella qui se termine dramatiquement. Catherine
Sullivan fait référence à la pièce de théâtre
jouée en 1943 avec “Chick” Austin. Sullivan s’appuie
précisément sur cette représentation au Wadsworth Atheneum à Hartford,
Connecticut dont Austin fut également le directeur. Le contenu de la
pièce (inceste, meurtre) et le contexte (seconde guerre mondiale) font
scandale et valent le renvoi d’Austin.
La représentation de 1943 est mise en relation avec une série de
performances données en 1964 à l’Amphithéâtre
de l’Académie Technique de Aix-La-Chapelle (Audimax project, 20
juillet 1964) pendant un festival Fluxus avec Bazon Brock, Ludwig Gosewitz, Erik
Andersen, Arthur Koepcke, Robert Filliou, Wolf Vostell et Joseph Beuys. Cet événement
coïncide avec le jour de l’appel à la résistance contre
Hitler en Allemagne vingt ans auparavant. Les artistes saisissent cette occasion
pour évoquer cette date historique dans leur travail. La tension culmine
quand Beuys prend un coup de poing dans le visage et sans interrompre son action,
ensanglanté, brandit un crucifix face au public. L’artiste américaine
considère cet événement comme l’un des moments clés
de l’avant-garde et tente de reconstruire ce projet en 2003 en l’associant à la
référence théâtrale et à son personnage principal.
L’œuvre Tis Pity She’s a Fluxus Whore est composée
de deux vidéos (filmées en 16 mm transférées en DVD)
présentées en diptyque. Filmées dans les deux lieux de présentation
d’origine (on voit Hartford sur l’écran de gauche et Aix-la-Chapelle
sur l’écran de droite), un seul acteur incarne tous les personnages à l’aide
de postures, de travestissements.
L’œuvre évolue à chaque présentation. Elle peut être
alimentée de photographies ou d’objets en rapport avec les objets
Fluxus (par exemple, des photogrammes d’objets, des chaises de Brecht,
ou des prises faites lors du tournage des films…).
Au Magasin d’en face, les vidéos sont montrées sur moniteur
avec une série de 18 photographies couleur. The Potential Interlocutor (2003)
montre des détails de graffitis griffés sur les sièges en
bois de l’Audimax à Aix-la-Chapelle. Pour l’artiste, il s’agit
de représenter un public potentiel de ces nouvelles performances ainsi
proposées.