Communiqué de presse

LIDWIEN VAN DE VEN
exposition du 16 mars au 14 septembre 2003
RUE

Lidwien van de Ven utilise la photographie depuis 1985 et le film depuis 1995. Elle explore la frontière entre la réalité et ses images, et s’intéresse tout particulièrement aux lois qui gouvernent la figuration dans la politique et la religion. Elle voyage à travers le monde - elle partage en effet très souvent, les mêmes lieux d’investigation que les journalistes - et enquête sur les questions qui touchent à la notion de représentation, sur ce qui est photographiable, visible, identifiable.

Alors que l’on pourait être tenté de placer son travail dans le champ du documentaire ou du photo-reportage, elle insiste sur le fait que c’est le circuit artistique qui lui offre le temps et les conditions nécessaires pour produire et montrer ses images. Hors du flux de l’actualité, Lidwien van de Ven cherche à élaborer un langage au sein duquel les éléments visuels et les contenus peuvent être équivalents, tout en prenant en compte les contraintes techniques imposées par le médium utilisé.

La photographie lui permet de produire ses œuvres dans des formats et supports d’édition différents. Pour plusieurs d’entre elles, comme c’est le cas pour les cinq qui sont montrées au MAGASIN, elle a repris (approximativement) le format standard des panneaux publicitaires 4 x 3 mètres, imprimées en off-set, et ainsi joué de la forme de représentation dans l’espace public la plus codée et la plus répandue.

La disposition de ses photographies dans l’espace d’exposition est également de toute première importance; elle tient compte des relations visuelle et textuelle qui se créent entre elles. Une même image peut fonctionner dans plusieurs expositions, avec un sens différent. De façon significative, elle a choisi ici de montrer des photographies prises en Europe à la fin du millénaire : cinq images différentes du monde contemporain.

Marche Blanche (2001) 300 x 390 cm
OTAN/BXL., 19 avril 1999 (2001) 386 x 300 cm
Sans titre (2001) 245 x 356 cm
Eclipse de lune (2001) 280 x 332 cm
Reichtag (2001) 300 x 425 cm

Marche Blanche et OTAN désignent des situations bien précises de l’actualité récente : la «marche blanche», grande manifestation contre la pédophilie en Belgique, et les camions satellites des médias devant le siège de l’OTAN. Mais en même temps, elles acquièrent un statut métonymique, en valant comme synthèse possible d’un ordre du monde tel que pensé par le monde de la communication : d’un côté la fabrique de l’information par des professionnels, et de l’autre le mode collectif d’expression publique des citoyens anonymes.
Sans titre, 2001, montre un jeune homme qui dort à même le sol, ses chaussures soigneusement posées à ses côtés, la tête reposant sur un livre. L’état de sommeil a souvent été examiné par Lidwien van de Ven. Cet état où chacun est vulnérable, présent sans l’être, capable d’accéder à d’autres mondes par le rêve rejoint aussi le questionnement de l’artiste sur le visible et l’invisible, sur l’écart entre ce que montrent les images et ce qui est vu par le spectateur, que l’on retrouve aussi dans Eclipse de Lune, 2001.
Enfin, Reichtag nous montre l’édifice du parlement allemand d’un point de vue frontal, en cours de restauration, à la fois matériellement et symboliquement pour le peuple allemand réunifié.
Les images de Lidwien van de Ven permettent de multiples lectures, et confèrent au spectateur un rôle crucial (celui de prolonger l’histoire des images en fonction de son propre vécu) : une exploration de la substance de la communication.


Lidwien van de Ven
Née en 1963 à Hulst, Pays Bas.