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carte Ethernet Origami
Carte Ethernet : composant de l'ordinateur permettant d'établir une transmission sur Internet ou à un réseau local représentée ici en origami [11]



ADN Origami

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Double hélice d'ADN
: cellule de transmission des gènes représentée en Origami (conçu (par Thoki Yenn et documenté par Erik Demaine)


Les distants et leurs formes transmissibles



Autour de moi, j'en viens à considérer simplement que les formes circulent géographiquement et dans le temps. Je les appelle des formes transmissibles lorsqu'avant tout, elles sont capables de se transmettre par apprentissage. La mobilité des informations et des personnes fait apparaître des manières d'apprendre à distance qui s'incarnent dans des formes : Les formes transmissibles que je propose de décrire dans ce texte.
Le verbe transmettre vient du latin « transmittere » qui veut dire « envoyer au-delà » (trans et mitterre). Je referme mon dictionnaire etymologique. La première expérience de télécommunication sans fil à travers les frontières et les océans remonte à un siècle. A l'aide de la TSF (Télégraphie sans fil), Guglielmo Marconi, son inventeur, réalise en 1901 une transmission de Poldhu (Cornouailles) à Saint-Jean (terre-Neuve) qui consiste à envoyer la lettre « S » à intervalle régulier (point point point en langage Morse). Aujourd'hui, la commutation par paquets sur laquelle est basé Internet a considérablement optimisé et démocratisé les capacités de transmission. Chaque message sur le réseau est acheminé par un processus qui consiste à découper celui-ci en paquets, paquets qui empruntent des chemins différents et les plus courts avant de se réconstituer à la réception [1].
Nous partageons une culture de la transmission dans de nombreux domaines. Les explorations de la génétique qui ont sillonnées le 20e siècle dont la découverte de l'ADN en 1953 par James Dewey Watson et Francis Crick étudient la biologie d'un point de vue de la transmission [2]. Si Darwin pense au 19e siècle la reproduction du vivant en terme de changement et d'évolution, la génétique s'intéresse principalement aux processus d'hérédité, de constance : La permanence propre à toute transmission.
Bien que les formes transmissibles préexistaient à Internet et aux technosciences, elles se développent considérablement grâce à elles. Elles sommeillaient on va dire. Du fait de leur propagation, les formes transmissibles adoptent des qualités variables d'accès : lent, rapide, publique et confidentielle selon une infinité de nuances. Un programme à télécharger mais aussi un origami qui consiste à plier une simple feuille de papier, sont des formes transmissibles. Tel des tuteurs imaginaires, les formes transmissibles propagent des manières d'apprendre à distance dans notre monde contemporain. Tutoriel, documentaire, fichier d'aide, recette de cuisine, didacticiel, pas de danse, code source informatique commenté, partition, ombre chinoise, méthode d'apprentissage de langue étrangère, diagramme d'origami, réseaux de neuronnes d'agent conversationnel, blague, Wiki, Blog, hot-line, poème, live-CD, menu de restaurant, menu déroulant, fenêtre contextuelle sont autant de formes transmissibles. Le livre n'est plus seul à acheminer les connaissances.


Les formes transmissibles sont constituées d'une matière propre : Des données conventionnelles, simples à traiter, faciles à mémoriser qui en assurent la bonne transmission.
L'origami est fait de plis tantôt en creux (vallée), tantôt en relief (montagne), courbes ou droits. Une recette de cuisine se prépare avec des ingrédients élémentaires. De la même manière, la programmation informatique utilise des constantes qui se divisent schématiquement en différents types : Sera dite « Booléenne » la constante prenant la valeur vrai ou faux, « chaîne de caractère » la constante contenant du texte et la constante « arithmétique » formant un nombre algébrique, réel ou à virgule. On dira d'un langage qu'il est fortement ou faiblement typé selon qu'il permette à une constante de changer ou non de type (transtypage).
Que ce soit en cuisine, en programmation ou en origami, ces données ne sont pas forcément accessibles bien qu'elles soient cessibles par nature. Elles peuvent être payantes, cryptées, cachées ou tout simplement tombées dans l'oubli. A ce stade, imaginons nous que les données voyagent dans des bagages qui pourront être parfois transparents, opaques, fermés ou totalement ouverts. J'ai par exemple cherché plusieurs jours avant de trouver une page Web mettant à disposition le plan de montage (diagramme) de l'origami de l'ADN (en bas à gauche).


Quel rapport entre l'origami, la cuisine et la programmation ? Et comment sont ensuite traitées les données contenues dans les formes transmissibles ?
En choisissant une recette de cuisine, je sais le plat que je souhaite obtenir mais je ne sais pas comment, par quelle méthode. Pas à pas, la recette me guide afin d'effectuer des actions simples (« ajouter l'eau », « mélanger ») et des actions complexes (« pétrir jusqu'à », « si la poêle est chaude, alors... ») jusqu'au gâteau final. En programmation informatique, on utilisera le terme instruction pour désigner des actions simples et on appellera instructions conditionnelles (if, else if, switch) et instructions de boucle (for, while, do while, break) les actions plus complexes qui permettent de manipuler les données. Cette analogie entre la programmation avec la cuisine est couramment employée dans les manuels d'apprentissage [3]. La programmation, le codage, la démonstration (démo), le diagramme, le mode d'emploi sont quelques-uns des processus au coeur des formes transmissibles.
Une forme transmissible de qualité développe une expérience, selon la définition initiale de Jean de Meung de 1625 : Une acquisition de la connaissance. L'apprentissage à distance à partir des formes transmissibles correspond à un chemin inconnu. Même si je connais mon objectif, le chemin ne sera jamais tout à fait le même. Comme une promenade, comme faire l'amour, ce sont les imprévus qui m'attardent. Parti cueillir des champignons, je peux revenir avec des mirabelles aussi... La transmission de l'expérience d'un autre, distant dans le temps et l'espace s'effectue grâce à une relation de confiance avec celui-ci ou celle-ci, et en comparaison avec l'expérience en train de se vivre ici et maintenant, à chaque fois.


En suivant les étapes à la lettre de la recette de cuisine, j'obtiens le même plat à chaque fois mais le cuisinier qui n'est pas un robot peut aussi modifier les conventions en changeant certains ingrédients. Il en fera éventuellement part ultérieurement dans une nouvelle recette et deviendra ainsi à son tour un tuteur imaginaire pour d'autres.
De nombreuses personnes créent leur propre version de jeu-vidéo préféré que l'on nomme des « mods » (modification). En partant de modèles traditionnels japonais d'insectes et d'animaux, Robert lang réalise des origamis très sophistiqués [4]. Bien que l'origami existe depuis l'invention du papier (au moins deux millénaires [5]), la plupart des modèles existants ont été créés ces vingt dernières années sous l'impulsion notamment des mathématiques et de l'informatique (origami assistée par ordinateur ou computationnal origami). Cette conjonction constitue d'ailleurs un espace de recherche à part entière au MIT [6]. Pliage des airbags dans les voitures, déploiement des voiles de satellites de la NASA, remède contre les pliures de protéines à l'origine de la maladie de Creutzfeldt-Jakob sont quelques exemples d'expérimentations entamées dans le sillage de l'origami traditionnel japonais.
Au début du siècle en France, les liens avec les autres cultures semblent s'établir chez les artistes par le biais du colonialisme (l'orientalisme, le cubisme et le primitivisme par exemple). Dans un environnement de communication, on peut se demander si Internet ne joue pas dorénavant ce rôle ? Comme certains écrivains qui décrivent des pays lointains dans leurs romans sans s'y être forcément rendu (Lovecraft ou Jules Verne dans une moindre mesure), les internautes découvrent des ressources d'autres cultures via Internet, s'en font une idée, au risque de fantasmer.


En tapant « transmissible » dans le moteur de recherche Google, la toute première réponse est une page de l'OMS [7] (Organisation Mondiale de la Santé) racapitulant les ravages de la BSD (Bovine Spongiform Encephalopathy) appelée aussi maladie de la vache folle ou maladie Creutzfeldt-Jakob.
J'utilise ici le plus populaire des moteurs de recherche pour repérer le sens commun d'un terme et ses connotations dans les médias. La BSD attaque le cerveau qui représente le creuset de la connaissance. La transmission évoque le danger de la maladie et sa contamination. Les médias semblent avoir « virussé » le désir de connaissance en y injectant la peur. La meilleure manière d'endiguer la propagation du sens critique et de la curiosité intellectuelle consisterait à y dissimuler la culpabilité et la peur. En effet, le péché de la connaissance traverse la culture occidentale depuis la Bible jusqu'aux romans populaires comme « Le nom de la rose » d'Umberto Eco. Une telle mesure d'intimidation ne fonctionnerait cependant pas si il n'y avait pas un réel danger, un risque dans toute transmission du savoir. En effet, un secret horrible peut être transmis d'une personne à une autre sans que le destinataire ne soit ni consentant ni même conscient. C'est le sujet de nombreux films comme « The Yards » de James Gray. Il y a alors contamination, c'est à dire une intrusion non sollicitée qui remet en cause l'intégrité de la personne. C'est une arme qu'utilise à bon escient toute institution via les médias pour contrôler un groupe, préserver un acquis. Lors de la dernière remise des prix du fabuleux « NRJ Music Award 2004 » sur TF1, le présentateur Kavanagh fait une plaisanterie que je n'aurais pas le talent de raconter aussi bien. Il dit : « Autrefois, la vie des chanteurs était dangereuse. Ils devaient se rendre dans les villages pour faire des concerts où se propagaient les épidémies. Aujourd'hui avec Internet, c'est beaucoup mieux. On écoute tranquillement la musique chez soi et on télécharge directement le virus avec... ». Cette petite anecdote prend son sens dans le contexte de la guerre que se livrent l'industrie du disque et l'industrie informatique pour le monopole de la vente de la musique en ligne. L'arme employée ici par le présentateur consiste à connoter négativement le téléchargement dans son ensemble : Qu'il s'agisse de la dernière chanson pop protégée par le droit d'auteur ou d'un ouvrage littéraire dans le domaine public, il s'en moque complètement. Il répand la peur, voilà tout.


A mon avis, le meilleur point de vue pour apprécier les formes transmissibles demeure celui du participant. En découvrant le fonctionnement du logiciel P2P « BitTorrent » réalisé par Bram Cohen [8], j'ai réalisé combien la participation d'un point de vue technique est sous-jaçente dans un environnement de transmission. Les utilisateurs partagent bien sûr des fichiers mais aussi leur débit de connexion. Basé sur le calcul parallèle [9], cette application exploite la bande passante non utilisée de certains utilisateurs pour augmenter le débit du téléchargement des autres.
En ce qui concerne les formes transmissibles, participer veut simplement dire accepter une part d'inconnu, s'approcher pour mieux comprendre. Il est vrai que les technologies de communication obligent à relativiser son point de vue en permanence (local ou global, différé ou temps réel, etc). On se sent juste en mesure de participer. Je n'ai jamais autant su combien je sais si peu de choses depuis qu'autant de connaissances sont mises à disposition sur Internet. Alors, j'envisage un minimum de participation pour rétablir l'équilibre entre mon désir de savoir et la quantité de connaissance disponible.
Pour ces raisons que je viens de décrire, il est possible que le monde de l'art n'ait rien à voir avec les formes transmissibles. D'un point de vue contemplatif ou distancié dans un espace d'autonomie critique comme l'exposition, les formes transmissibles ne sont pas probantes.


J'ai l'intuition qu'une forme transmissible concluante ne représente pas le réel, elle a tendance à le dénouer, à en défaire les noeuds progressivement.
Au cinéma, en littérature et au théatre, lorsque les intrigues se démêlent, on parle d'un dénouement. Je dirais que le dénouement d'une fiction est le degré de la pente qui ramène le spectateur à la réalité : La porte de sortie d'une abstraction symbolique. Le documentaire à sa manière, est un dénouement à lui tout seul, une forme transmissible convaincante. Sans raconter forcément une histoire, le documentaire dénoue une situation pas à pas en la documentant.
Comparons une séquence d'images d'une fiction avec la séquence d'images çi-contre permettant de réaliser un pliage afin de comprendre le dénouement qu'opère une forme transmissible. Le film contient suffisamment de clichés pour donner l'illusion d'une transformation par le mouvement. Tu vois une forme se déplacer, une impression de magie en découle. Au contraire, la séquence d'images du pliage contient suffisamment de clichés pour comprendre les causes de la transformation. Il en ressort une sensation de soulagement comme de dénouer les lacets de ses chaussures après une rude journée...
Cette petite libération par le dénouement est également perceptible en observant la séquence d'instructions du pliage à l'envers, de bas en haut. On passe progressivement d'une forme complexe à un simple carré de papier. On assiste à un déploiement. Un film à l'envers quant à lui apparaît à la limite drôle ou étrange quelques instants mais n'a pas grande signification.
J'emets l'hypothèse que les formes transmissibles apportent une libération grâce à ce dénouement. Devant la télévision comme sur Internet, il m'arrive de naviguer à l'abandon, à l'infini, de chaînes en chaînes ou de liens en liens. Je peux me trouver lié, prisonnier, tracé sous surveillance ou simplement dépendant. Tel un tuteur, une forme transmissible éloquente me guide et me délie.


Le tuteur est celui qui protège (du latin tutor). Il permet de se construire et progresser : un modèle, un ange gardien, un compagnon, une machine [10], une divinité, ou simplement une présence humaine. Le tuteur imaginaire pourrait être comparé à un narrateur, une voix lointaine et abstraite. Nous personnifions des tuteurs imaginaires à travers des formes transmissibles qui expriment une pensée sociale et politique.
La mobilité des informations et des personnes qu'apportent les moyens de transport et de communication crée des manières d'apprendre à distance, dans le temps et l'espace mais cette mobilité a également un coût. Elle crée une confusion avec ceux qui nous sont proches. Puisqu'il est plus rapide de voyager et de converser à distance, ceux qu'on appelle nos proches peuvent devenir nos distants.
D'un autre coté, la distance a fait des inconnus, des proches. L'inconnu tient un rôle familier et sympathique dans notre société parce qu'il représente la part infime que nous occupons dans une société de masse. La tombe du soldat inconnu représente du point de vue de l'État tous les soldats par exemple. Par ailleurs, à mesure que nous subissons la médiatisation comme modèle de réussite sociale, nous aimons les inconnus parce qu'ils ne cherchent pas la gloire eux au moins. La publicité utilise cette propension à aimer les inconnus et les anonymes pour vendre des technologies de communication. Dans la publicité de l'opérateur de téléphonie mobile « Orange », des hommes et des femmes dans la rue qui ne se connaissent pas jouent ensemble avec une spontaneité toute artificielle. Nous ne sommes pas dans une publicité « Orange »... Les formes transmissibles dont je parle sont des tuteurs imaginaires qui proviennent des distants : Mon distant, ma distante, ton distant, ta distante et parfois nos distants.








[1] Définition de la commutation par paquets chez Microsoft
Définition de la commutation par paquets chez Linux-France

[2] "Le siècle du gène", de Evelyn Fox Keller, Editions Gallimard, 2003

[3] Pâte à tarte

200g de farine
100g de beurre
1/2 verre d'eau

1. Incorporer le beurre par morceaux dans la farine.
2. Pétrir le mélange jusqu'à ce qu'il soit homogène.
3. Ajouter l'eau.
4. Mélanger.
5. Si la pâte est trop liquide, alors ajouter de la farine.
6. Si la pâte est trop sèche, alors ajouter de l'eau.
7. Si la pâte a une bonne consistance, alors la laisser reposer 1/4 d'heure sinon retourner à l'étape 4.

"Initiation à l'informatique, programmation algorithmique, architectures" de Jean-Pierre Charles, Editions Eyrolles, 2000


[4] "Origami Design Secrets" de Robert Lang, Editions Paperback, 2004

[5] Histoire de l'origami (anglais)

[6] Eric Demaine

[7] http://www.who.int/csr/disease/bse/en/

[8] BitTorrent

[9] Définition du calcul parallèle

[10] Un ordinateur peut devenir un excellent tuteur imaginaire en tenant un rôle pédagogique important. En 1982, sur les conseils du psychologue, mes parents achètent à mon frère un ordinateur TO7 de Thompson parce qu'il avait des difficultés scolaires. L'ordinateur disait-elle l'obligera à se concentrer davantage parce qu'il ne pourra pas le séduire comme il le fait avec les adultes. Il vient tout juste de devenir papa à l'heure où je termine ce texte (Photo du TO7).

[11] Projet Ordigami


Version 1.0 - Dernière mise à jour : 02/07/2005 - Je remercie Sonia Marques pour sa relecture attentive et fine -