Mark Handforth


 

Présenté dans un édifice qui va bientôt vivre sa résurrection, ce soleil levant revêt une dimension tout à fait emblématique. Alors que l'équipe du Magasin est dans les cartons et que les flaques d'eau, à la moindre averse, ornent plus triomphalement que jamais la halle Bouchayer, l'artiste Mark HANDFORTH a planté son radieux Rising Sun sur le grand mur blanc et sinueux de la « rue » du centre national d'Art contemporain. Cette installation, en place jusqu'à ce que les travaux de rénovation débutent au Magasin, fait donc figure d'allégorie, d'autant que dans sa simplicité et son efficacité même - elle se révèle plutôt frappante.
Composée de tubes de néon jaunes disposés de façon rayonnante autour d'un demi-cercle imaginaire, l'oeuvre ne présente aucune difficulté de lecture apparente : il ne fera de doute pour personne que l'artiste a voulu figurer là un soleil - encore que, dans l'ignorance de l'intitulé de cette installation, chacun aura le loisir de le qualifier de « levant » ou de « couchant », en fonction de son humeur variablement maussade et de son tempérament diversement optimiste. On y verra une démonstration de l'universalité des symboles, mais encore de la fragilité de leur interprétation.
Né à Hong-Kong en 1969 et installé aujourd'hui à Miami, Mark HANDFORTH propose là une oeuvre dont la légèreté presque candide marque le regard, par son efficience élémentaire. Pour autant, à qui exerce quelque peu sa sagacité, ce soleil ne manquera pas d'intriguer : ces rayons de clarté sont effectivement émis par un trou noir, le cour de l'astre étant la seule zone non éclairée. Du coup, les bâtonnets de lumière créent une tension fascinante avec la bouche d'ombre dont ils sont censés procéder.

Jean-Louis Roux