« Méthodologies éthiques matérialistes dans les pratiques de production culturelle »
Une série de rencontres organisées avec l'École Supérieure d'Art et Design - Grenoble (ESAD), dans le cadre de la mention « Holobionte. Pratiques visuelles, expositions et nouvelles écologies de l’art ». Un programme réalisé grâce au soutien de la Direction Générale de la Créativité Contemporaine du Ministère de la Culture dans le cadre du Italian Council (12e édition, 2023).
Le monde de l’art est souvent accusé de pratiques abusives envers les travailleur.euses de l’art. L’enjeu de ces rencontres consacrées à la présentation de différents projets de recherches émanant autant des domaines artistiques, curatoriaux que de la critique d’art, sera d’identifier et de réfléchir aux méthodologies éthiques matérielles mises en place dans le cadre de projets de production culturelle, pendant en compte des questions comme la reconnaissance professionnelle des artistes, la lutte concrète contre forme de discriminations hétérosexistes et racistes. Quelles démarches “matérielles” adopter? Quels outils théoriques mobiliser? Quel cadre politique investir?
Mercredi 14 février à la librairie du Magasin-CNAC et en écho aux rencontres Holobionte
Présentation des publications Idoine & Jeanne Lebrun et Noz, avec Coralie Guillaubez, Éléonore Pano-Zavaroni, Pascale Riou (Idoine), et Jeanne Lebrun
de 17h30 à 19h30
Jeanne Lebrun écrit comme elle parle et parle comme elle pense: c’est rapide, percutant, critique et joyeux. La curiosité et la révolte comme moteurs, elle réfléchit le monde en l’habitant. Constamment au travail, elle développe une pratique où art et vie se confondent, vraiment. La famille, les ami·es et les rencontres pour penser et inventer seule ou à plusieurs des manières de faire. Quelques années en école d’art pour être sûre de ce qu’elle ne veut pas. Sans naïveté ni cynisme, le positionnement qu’elle se construit tient de la gourmandise et de l’exigence. Une éthique souvent confrontée à l’adversité et sans cesse réaffirmée.
"Idoine & Jeanne Lebrun" est augmenté de "Noz", un essai à l’écriture spontanée et directe dans lequel elle articule des expériences personnelles à des problématiques majeures de notre contemporanéité – la place de l’argent et ses représentations, l’instrumentalisation des émotions dans le système économique et politique hégémonique. Avec en contrepoint: comment tricher, s’organiser, et revendiquer une résistance pirate, joyeuse et collective, une inscription dans les failles, vers d’autres manières de vivre.
Jeanne Lebrun
Jeanne Lebrun est artiste, née dans la fin des années 1990, à Albertville, en Savoie, et diplômée de
l’ESAD Grenoble.
Ses productions plastiques, performatives, théoriques s’ancrent dans l’anecdotique qu’elle recontextualise afin de mettre en perspective et d’analyser les rouages du système capitaliste de notre société. Avec comme question : comment ça marche, et
pourquoi ça tient ?
Actuellement, elle développe le projet collectif La Vie Plus Belle, un feuilleton autogéré, bricolé et diffusé à Saint-Etienne où elle vit.
Idoine
Il arrive qu’une corneille ou un corbeau, pour casser une noix, se poste à un feu rouge, la dépose sur la route, et attende qu’une fois le feu passé au vert, les voitures aient roulé sur la noix, laissant à disposition et à découvert son contenu. Le contexte dans lequel cet oiseau vit influence ses manières de faire si l’on peut dire, ouvre des possibilités,
provoque des tentatives.
Idoine est la volonté de partager une curiosité et une gourmandise pour les modes de fonctionnement, les conditions d’émergence des outils, et les logiques internes de ses invités.
Idoine réunit Jérémy Glâtre, Coralie Guillaubez, Eléonore Pano-Zavaroni et Pascale Riou, en collaboration avec les personnes invitées et des compagnons de route ponctuels.
Jeudi 15 février dans la salle des pratiques au Magasin - CNAC
14h: Introduction de Simone Frangi et Katia Schneller
14h10: Alexia Pierre, Réagir, ralentir: échelles et temporalités complémentaires de la pratique curatoriale
Quelle(s) responsabilité(s) pour une pratique curatoriale en institution, en collectif, ou en indépendant.e? Si la production artistique navigue en permanence dans des contextes contrastant de par leurs ancrages, leurs échelles et leurs temporalités, comment approcher ces écarts en complémentarité? Quelle transversalité des principes du slow curating (Johnston, 2009) à l’institution? Comment prendre le temps? Quels avantages au potentiel de réactivité du just-in-time (Verwoert, 2008) dans des contextes d’urgence? Encourager la mise en pratique de la notion de réciprocité dans les relations de collaboration? Cette intervention propose un aperçu de trois “espaces” de pratiques, aux méthodologies et tempos différents.
Alexia Pierre est curatrice et critique actuellement basée à Grenoble, où elle est assistante commissaire au Magasin CNAC.
14h45: Katia Schneller, “An Unfinished Business: Craig Owens et l’éducation artistique”
Le critique d’art new yorkais Craig Owens (1950-1990) a tenté d’articuler une réflexion critique vis-à-vis des conditions de production au sein du champ de l’art. Revenir sur sa ligne de conduite en tant que critique d’art et enseignant, mais aussi retracer ses esquisses de projets curatoriaux, montre l’importance qu’il accordait au fait de se situer de manière critique dans le champ de l’art afin de pouvoir y développer une action éthique.
Katia Schneller est professeure d’histoire et théorie de l’art et coordonne l’unité de recherche “Hospitalité artistique et activisme visuel” à l’ESAD - site de Grenoble.
15h30: Simone Frangi “Corps-révolution: éthique curatoriale et justice sociale à partir de Luciano Parinetto”
L'intervention se concentre sur la relation entre l'éthique curatoriale et la justice sociale en prenant la pensée du philosophe freudomarxiste Luciano Parinetto comme point de départ, en remettant en circulation, dans le contexte de la critique d'art contemporain et du commissariat, ses analyses sur la solidarité néfaste entre les épistémologies hétéropatriarcales et coloniales, afin de fournir des outils méthodologiques concrets dans la consolidation des formes d'activisme curatorial. En élaborant certains concepts parinettiens (sorciérisation, corps-révolution, utopie, divers-pervers), l’intervention essaye de tracer la base théorique d'une idée de justice sociale et cognitive dans les arts contemporains en dehors des paradigmes égalitaires et assimilationnistes.
Simone Frangi est professeur de théorie de l’art et coordonne l’unité de recherche “Hospitalité artistique et activisme visuel” à l’ESAD - site de Grenoble.
16h15: Zones Floues
Zones Floues, c'est un espace de dialogue et d'écoute néo anti raciste réalisé dans nos salons à Grenoble. Né de l’initiative de trois artistes Grenoblois et de la volonté d'un espace intime, en non mixité racisæs et local, on y aborde les problématiques liées au racisme et pas que -psychophobie, classisme, sexisme, etc- la lutte intersectionnelle avec comme points d'entrée le racisme, le colonialisme et l'impérialisme.
Nous ne proposons pas un contenu exhaustif ou de pédagogie, mais un contenu vivant : imparfait, chaud, intime. Le choix du faire local, à partir de nos vécus, de nos lectures, de nos créations et de nos rencontres nous permet d’exercer l’intime politique.
Comment faire communauté ? Cette question à l’origine du podcast est aussi notre objectif : créer des rencontres, des liens, construire des ponts et sortir de nos zones de confort. Nous ouvrons donc nos salons à des invité·e·s plus ou moins réguliers et sommes friands de vos retours, questions, suggestions.
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Méthodologies éthiques matérialistes dans les pratiques de production culturelle
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