Paul Morrison


 

"Des fleurs à la rue"
Les Affiches de Grenoble, Grenoble, 2 août 2002, p.95

D’autres, qui ont voulu s’y frotter, s’y sont piqués. S’attaquer à " la Rue " du Magasin. L’Exaltant de l’affaire tient à la vaste superficie du lieu ; son péril tient aux mêmes données. Si certains donc s’y sont cassé les dents, Paul MORRISON, lui, s’en sort avec les honneurs. Sur l’intégralité des cloisons de cette ample halle, le jeune peintre anglais a déroulé une immense peinture murale couvrant plus de cent quarante mètres linéaires – sa plus grande œuvre à ce jour, de son propre avis. Au point qu’il lui aura fallu, bien que secondé par deux assistants, pas loin de quinze jours de travail, pour mener à bien cette " fresque " proprement monumentale.
Herbes, fleurs et feuillage gigantesques se déploient au gré de cette prairie en pleine floraison, composée avec rigueur d’aplats noirs sur fond blanc. La précision du tracé confère à l’ensemble un aspect très graphique, qui n’est pas sans faire songer à la bande dessinée ou, bien entendu, au pop art des années soixante. L’intérêt de cette imposante peinture acrylique tient, entre autres choses, à sa démesure : l’habituel rapport à l’échelle se trouve évidemment mis à mal, et la légère désorientation du spectateur résulte de la ligne d’horizon, qui (courant rectiligne tout au long de l’œuvre) se situe au-dessus du regard.
Jamais répétitive (l’observateur constatera qu’ici aucun dessin de fleur n’est identique aux autres), la peinture murale de Paul MORRISON constitue une réussite, que l’on signalera d’autant plus volontiers que le choix du noir et blanc se marie au mieux avec l’architecture du lieu – laquelle associe, comme on le sait, ossature métallique sombre et verrières claires.

J.-L.R