Lidwien
Van De Ven
E.E.
"Des clichés décalés"
Dauphiné
Libéré, Grenoble, 11 mai 2003, p. 9
Comment distinguer une photographie d’art du photo reportage, c’est
la question à laquelle a tenté de répondre l’artiste
Lidwien Van de Ven à travers cinq clichés noirs et blancs exposés
en ce moment au Magasin.
Voyageuse, l’artiste hollandaise s’est tracé un itinéraire
en fonction des évènements politiques. Des explorations qui la mèneront
à la rencontre du monde journalistique et inspireront ses travaux.
Cinq photos noir et blanc, présentées au Centre national d’art
contemporain (CNAC), expriment son point de vue d’artiste sur l’actualité.
Le spectateur est invité à décoder les évènements
et à développer son sens critique.
À la différence des clichés que l’on peut apercevoir
dans la presse, la ressemblance et l’identification à la source ne
sont pas les critères qu’elle privilégie. Présentées
dans le format des panneaux publicitaires (4x3), les photos illustrant des évènements
qui se sont déroulés récemment demandent de la réflexion,
à l’exemple de ce cliché intitulé OTAN.
Comment deviner en effet qu’à travers ces camionnettes de télévision
stationnées devant le quartier général de l’OTAN, l’avenir
du Kosovo est en train de se décider.
Pourtant malgré un cadrage décalé la photographe nous montre
en filigrane l’importance de ce qui se joue dans ce bâtiment. Les
camionnettes positionnées au pied d’une barrière où
se dessine au loin un édifice austère, nous indiquent que quelque
chose de confidentiel et sans doute crucial, vu l’heure tardive, se déroule
devant les yeux des journalistes.
Ainsi, si Lidwien entrevoit uniquement la réalité c’est pour
que le spectateur déchiffre par lui même l’œuvre d’art.
Aiguiser notre regard
Un travail destiné à aiguiser notre regard, comme l’explique
la guide Sylvie Vojik : «Cette photo nous montre que l’enjeu est
ailleurs. En cadrant sur les journalistes et non pas sur l’OTAN, Lidwien
nous signifie qu’il faut prendre de la distance par rapport à ce
que l’on nous montre et apprendre à décrypter les apparences.
»
Un exercice pas très compliqué et qui est à la portée
de tous, ajoute Sylvie Vojik : «Contrairement à ce que l’on
pourrait croire, l’art moderne est facilement accessible. Les visiteurs
sont d’ailleurs souvent surpris de découvrir la signification si
rapidement ! »
L’artiste moderne évolue dans le monde réel et travaille avec
ce qu’il voit. «Comme le montre Lidwien, il ne donne pas une vérité
mais propose une ouverture sur ce qui lui semble important» conclut
Sylvie.