Cinéma(s)



 

«L'espace doit s'adapter à l'artiste»
Le Temps, Suisse, 24 janvier 2006, p. 33


Institution. Le Magasin, Centre national d'art contemporain de Grenoble, a rouvert ses portes ce week-end, après des travaux de rénovation.

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Créateurs internationaux
L'allusion est à prendre comme chacun veut l'entendre. Toujours est-il que la troisième exposition, Cinéma(s), installée dans les galeries, joue sur cette subtilité. Mis sur pied pour replacer la France sur la scène artistique mondiale, le Centre l'a fait en invitant des créateurs de notoriété internationale. Mais, ici, il se permet de rappeler, à travers une vingtaine d'oeuvres (rushes de films, vidéos, photographies, installations) de ces trente dernières années, qu'il y eut une production locale très caractérisée.
Tout commence au début des années 70, lorsque Jean-Pierre Beauviala, organisateur du ciné-club de Grenoble, met au point la caméra "paluche" qui lui permet de concrétiser le cinéma de proximité qui l'intéresse. Le concept et le matériel attirent Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville à Grenoble (1974-78). Et ces expériences, via la vidéo, via la convivialité, ont contaminé deux à trois générations d'enseignants et d'élèves de l'Ecole d'art de Grenoble, comme Ange Leccia, Dominique Gonzalez-Foerster, Philippe Parreno, Pierre Huyghe. C'est ce que raconte l'exposition au public grenoblois. Aux autres, la présentation signale que cette réflexion s'est beaucoup menée en multipliant les collaborations et les oeuvres collectives.
Cette référence aux collectivités, le président du Magasin, Daniel Janicot, l'a retournée à sa façon dans son exposé de vernissage, indiquant qu'"il y a toute une réflexion à mener sur les modèles de gestion" des centres d'art tels que le Magasin. Au moment où la concurrence s'intensifie, où les financements publics s'étiolent tandis que les engagements privés deviennent plus conséquents, le débat en effet est à lancer sur les modalités et les équilibres à trouver pour l'intérêt de tous. Et il ne concerne pas que Grenoble et la France.

Philippe Mathonnet