Cinéma(s)



 

«Le Magasin veille au grain»
Libération, Paris, 31 janvier 2006, p. 28

Le centre d'art grenoblois rouvre après deux ans de travaux.

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L'autre manifestation dans les galeries se préoccupe de Cinéma(s). L'exposé est ambitieux : apporter sa pierre historique aux développements contemporains, qui fusionnent cinéma d'art et essai et cinéma d'art tout court. Tout part ici d'une focale sur Grenoble. Dans cette ville, lieu d'expérimentation sociale après 1968, se développèrent également de nouvelles pratiques audiovisuelles lorsque Jean-Luc Godard s'y installe en 1974 (il y tourna notamment Numéro deux et France-Tour-Détour-deux-enfants). [...]

Souvenirs. Ainsi, introduits par le visage de Brigitte Bardot en brune (in le Mépris.), clippée par Ange Leccia, puis par un extrait minuscule d'Alphaville, sont rassemblés documents et oeuvres traités sur le même plan: historique. Des projets collectifs réapparaissent,comme autant de beaux souvenirs désemparés, telle la série des Ann Lee, ici sur grand écran : l'achat à trois (Gonzalez Foerster,Huyghe et Parreno), d'une figure de manga périmée et sa remonétisation par d'autres artistes (Liam Gillick) qui la remettent en circulation en la déplaçant sur les écrans de l'art.
Dans la continuation de ces aînés, le travail en duo (Ghost of Asia) de Christelle Lheureux et d'Apichatpong Weerasethakul opère dans le trou entre art et cinéma. L'art contemporain a sans doute changé la donne du spectacle filmique, mais réciproquement, la production du cinéma a aussi chamboulé la notion et surtout le temps d'exposition, devenu selon Philippe Parreno, «le temps réel d'un tournage».
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E.L.