Images, objets, scènes
« Quelques aspects de l’Art en France depuis 1978 »
Le Dauphiné Libéré, Grenoble, 28 janvier 1997, p. 7
A travers les oeuvres d'une trentaine d'artistes, le Centre national d'art
contemporain nous invite à un retour en arrière, à la découverte
de certains aspects de la création française depuis 1978. 1978 étant
l'année qui a marqué le retour des artistes français sur
la scène internationale.
Yyes Aupetitallot, directeur du Magasin, l'a précisé lors de la
représentation de l'exposition, l'ampleur du sujet appelait obligatoirement
une série de choix. Le Magasin a donc privilégié les installations,
la photographie et la vidéo, créant un parcours où les oeuvres
de deux générations d'artistes se répondent et se complètent.
S'articulant autour de plusieurs thèmes forts, ce cheminement nous livre
quelques clefs pour appréhender une création plutôt multiforme
et parfois hermétique. Car, si le regroupement par thèmes peut constituer
un premier élément d'approche, nombre de ces oeuvres faisant plutôt
appel à l'intellect qu'à l'émotion, il est parfois difficile
de les comprendre.
Dans les galeries, l'espace conçu par l'architecte du Magasin a été
retrouvé, les salles se déployant de part et d'autre d'un cheminement
qui se fait sous la verrière.
Un parcours à thèmes
Première étape : l'artiste s'interroge sur son rôle, sur ses
rapports avec les galeries et les collectionneurs. Avec, en introduction, la phrase
d'Ernest T. qui devrait susciter quelques réflexions. Véronique
Joumand, Marylène Negro et Christiane Geoffroy ont choisi l'accumulation
au quotidien, avec un portrait de groupe sur une série de sacs en papier.
Et si Philippe Thomas rassemble ses collectionneurs, Dominique Gonzalez-Foerster,
présente sa galériste à travers une série, chronologique,
de photographies. A noter que toutes ces artistes sont d'anciennes élèves
de l'école des Beaux-Arts de Grenoble qui a formé toute une génération
d'artistes qui ont su s'imposer.
2° étape : " architecture et représentations allégoriques
" centrée autour de la crise de la représentation. Avec notamment
le " Studiolo " de Michel Aubry et sa vraie table de jeux, les fenêtres
évocatrices de BazileBustamante, l'univers de Disney revu par Bertrand
Lavier et les portraits de Tosani qui paradoxalement lisent grâce au braille.
3e étape : " L'effet mise en scène ", l'artiste devient
manipulateur d'objets et créateur d'atmosphère.
Jean-Luc Vilmouth nous invite à prendre un verre dans un " bar des
Acariens ". Très réussi mais qui n'incite pas vraiment à
la convivialité et Claude Levêque avec une chaise, une lampe et un
mot " asile " recré une ambiance particulièrement sinistre.
La parcours dans les salles se termine par une bouffée d'air pur avec la
pièce " Ozone "…
La " rue " abrite un joyeux pêle-mêle avec notamment les
deux (vrais) buts de football accolés par Ange Veccia, les (vraies) affiches
collées par la société Dauphin sur une idée d'IFPET,
la (vraie), cheminée, mise en place par Focus pour Xavier Veilhan…
et les visiteurs qui sortent un peu frigorifiés de l'exposition.
Une exposition qui a été inaugurée par Miche Destot, député-maire
de Grenoble et animé par les "personnages à réactiven".
De Pierre Joseph, une fée qui filmait le vernissage, une sorcière
qui s'était écrasée dans une installation et un cupidon qui
heureusement n'a pas tiré de flèches.
Sylvie Perrard