Managers de l'immaturité
"Le foisonnement des démarches"
La Tribune - Le Progrès, Saint-Etienne, 11 janvier 1999
Neuf artistes diplômés des Beaux-Arts de Saint-Etienne
participeront dès cette semaine, à Grenoble, à une exposition
réunissant une quarantaine de jeunes plasticiens.
Présenter en un même lieu, le Magasin Centre national d'art contemporain
de Grenoble, la production artistique rhônalpine répond à
une thématique définie par Dominique Gonzalez-Foerster. Il a en
effet proposé à la quarantaine de plasticiens réunis du
17 janvier au 7 février trois axes possibles de recherche : soit un ensemble
de décisions extérieures régira l'accrochage, la présentation
et le choix des oeuvres ; soit les participants choisiront eux mêmes leurs
oeuvres et le mode de présentation de ces derniers; soit, enfin, les
artistes auront le loisir de définir leurs choix durant l'accrochage,
sans décision préalable ni concertation.
Trois surfaces pour trois choix
Divisé en trois surfaces de taille identique, l'espace du Magasin permettra
de donner à voir les spécificités de chaque artiste. Qu'ils
optent pour un monde réglé de l'intérieur, autogéré
ou sans règles, les plasticiens investiront la surface réservée
de ces trois mondes parallèles. Au spectateur de constater alors à
loisir la pertinence des questions et des thématiques proposées
à Grenoble.
Conviés à participer à cette exposition intitulée
Managers de l'immaturité, neuf étudiants diplômés
des Beaux-Arts de Saint-Etienne intégreront l'équipe composée
d'une quarantaine d'artistes d'Annecy, Grenoble, Lyon ou Valence. De cette rencontre,
devrait surgir un intéressant panorama de la production artistique rhônalpine.
Travaillant autour d'une lecture nouvelle de l'objet, Alexandra Audry réinvestit
les murs, transforme la valeur quotidienne. « Je souhaite ainsi faire
passer les objets du quotidien du plan horizontal (le sol, la table...) au plan
vertical (le mur) par l'intermédiaire des divers supports proposés
», explique la jeune artiste diplômée l'an passé
de l'option design des Beaux-Arts.
Sa démarche de designer montre une diversité des réflexions.
Tout comme celle de Nathalie Audry, qui s'attache pour sa part à concevoir
un mobilier public spécifique au monde rural. Inspiré par le land-art,
son travail exploite toutes « le principe d'actions géométriques
dans le milieu naturel ». Quant à Emmanuelle Bentz, elle puise
dans la littérature, notamment l'oeuvre de Witold Gombrowicz, la substance
de son expression plastique.
Répertoire et mémoire
« L'écriture est inévitablement liée à
la mémoire, elle est pour moi très présente puisque parallèlement
j'oeuvre à un travail poétique et sonore », annonce
la jeune artistes qui assista le groupe japonais Mono-ha durant son installation
en 1996 au musée d'Art moderne de Saint-Etienne. Son travail s'inscrit
donc dans le répertoire et la mémoire.
On est loin ici des Spectacles en boîte qu'exposera Léonard Bertrand.
On en est proche toutefois par l'aspect ludique des deux démarches.
Le plasticien stéphanois mettra en scène des objets photographiés,
à travers une symbolique. Appliquant lui aussi des techniques graphiques
étayées par le numérique, Fred Conté présentera
pour sa part les pages d'un «journal intime des jours passé».
Le support photographique est aussi utilisé par Damien Deroubaix dont
le point de départ consiste à s expérimenter la peinture».
Retour à a catégorie design, on pourra aussi voir les réalisations
de Hélène Emptaz qui expérimente la fonctionnalité
des objets. Par ailleurs, les Managers de l'immaturité permettront
de voir les travaux de Céline Savoye qui, après une maîtrise
sur l'Objet dans l'art observe les schémas orthogonaux. Elle les assemble,
les accumule et les empile à la manière de jeux d'enfants.
Enfin, c'est sur les Jardins de Véronique Vernette que se portera
le regard. Elle proposera en effet un ensemble de dessins réalisés
dans le cadre d'une exposition intitulée Volubilis ou silence autour
des jardins ouvriers, qui s'est tenue en 1997 dans les jardins Volpette
de Saint-Etienne.
Sylvie Milczach