GRAV


 
«Le GRAV»
Profils médico-sociaux – Info-médecin
Asnières, 5 novembre 1998, p. 12

Le Magasin, lieu d'art contemporain de Grenoble, a reçu cet été le G.R.A.V., groupe de recherche en arts visuels, mouvement de plasticiens d'avant-garde de 1962 à 1968, date où ce groupe s'est auto-dissous.
Le G.R.A.V., c'est un groupe de 6 plasticiens : les argentins Garcia-Rossi et Le Parc, les français Morellet, Stein et Yvaral, et l'espagnol Sobrino, qui se regroupent en 1961 autour de ce qui était alors un credo totalement révolutionnaire : l'art dans la rue. Pour ces artistes issus du cinétisme, aventure individuelle et aventure commune vont de pair. Pendant ses six années d'activité, leur groupe participe aux biennales d'art contemporain de Paris, expose aux Etats-Unis, en Italie, et un de ses membres (Le Parc) est couronné par la biennale de Venise en 1964. La structure du G.R.A.V. permettait en effet que créations individuelles et interventions ou oeuvres collectives aillent de pair.
C'est le même état d'esprit qui préside à l'exposition rétrospective organisée par le Magasin, le lieu par excellence de l'avant-garde à Grenoble. Chaque artiste a son exposition personnelle, et en même temps les oeuvres communes, parfois reconstituées, sont présentées. C'est un parcours artistique novateur, qui fait fi de la toile et de toutes les techniques de la tradition picturale, et permet une réévaluation historique. Le G.R.A.V. est un des tout premiers mouvements à avoir rompu avec une tradition immémoriale.
L'exposition du G.R.A.V. a représenté 140 oeuvres individuelles, de 15 à 25 par artiste. On y remarque la grande sphère de Morellet, les boîtes à lumière de Garcia-Rossi, les structures en plexiglas et acier de Sobrino, les bouliers de Stein, les oeuvres en mouvement de Le Parc, et les trames d'Yvaral. Mais à côté de ces trajets individuels d'artistes tous venus de l'aventure géométrique, on remarque les réalisations communes du G.R.A.V., qui, dans les biennales de Paris des années 1960, avaient créé le choc. Car leur vision était double, contestation de l'art par la volonté de privilégier le mouvement, les rapports de volumes et les structures, mais aussi contestation de la part de l'art dans la société.