Mariko Mori
"Voyage au pays des mangas..."
Le Dauphiné Libéré, Grenoble, 1er septembre
1996, p.9
Après la visite d"Auto Reverse 2" qui nous invite à une
plongée éprouvante dans un univers oscillant entre création
et névrose, les oeuvres de Mariko Mori constituent une revigorante évasion.
Mannequin, styliste, élève au Whitney Museum of american art de
New York, cette jeune Japonaise se consacre aujourd'hui à son travail
d'artiste. Elle a opté pour la photographie.
Guerrière, urbaine, héroïne de manga à l'entrée
d'une arcade de jeux, déesse cyborg de la foudre, poupée cybernétique
dans un hôtel de plaisir, elle se met en scène au coeur de la ville,
dans des costumes qu'elle a spécialement créés. L'utopie
futuriste et la réalité se côtoient sans jamais se rencontrer
vraiment. Mariko Mori pose, et autour d'elle le monde s'agite. La dimension des
photos, le procédé utilisé (le "crystal print" qui
donne un aspect très brillant aux surfaces), la présentation dans
des caissons lumineux qui accentuent mouvement en profondeur, tout est fait pour
impliquer le spectateur et renforcer l'impression d'irréalité.
Pour le Magasin, Mariko Mori a créé "Begining of the end",
une impressionnante photographie panoramique, résultat d'une performance
réalisée à la Défense.
Après Tokyo, Londres et New York, elle a choisi Paris, également
capitale de la mode, pour se mettre en scène, allongée dans une
capsule transparente. Et là encore, le contraste entre cette étrange
bulle, digne d'une extra-terrestre, l'architecture de la Défense et l'activité très "terre à terre" qui
y règne est totalement réussi.
Sylvie Perrard