Serge Spitzer


 

Régis Durand
"Serge Spitzer, Arnulf Rainer"
Art press, Paris, avril 1987, n°113

Dans le grand espace du Magasin (La « rue »), Serge Spitzer a construit une pièce qui est à la fois un développement de son travail antérieur et une proposition (une « attitude ») liée à ce lieu. C'est cette ancienne fabrique de matériel lourd qui a déterminé le choix des matériaux (plaques d'acier et rails, sur des piliers de béton), ainsi que leur échelle. Mais l'anecdote s'arrête là. Le lieu est avant tout pour Spitzer une forme du territoire et non l'occasion d'une occupation esthétique. Territoire-abri, claustraphobique cette oeuvre a la présence écrasante d'un blockhaus. Mais vue de loin et d'au-dessus, elle change d'aspect et devient presque élégante, quelque chose comme un temple, peut-être. Spitzer joue de cette pluralité de niveaux et devisions. Impossible d'appréhender cela comme une simple sculpture : c'est une architecture complexe, pleine de pièges et d'angles. Ainsi es syllabes inscrites sur le mur adjacent, fragments d'un message à jamais perdu, ou la poignée au plafond qui évoque le sas, la trappe de secours. Dans les salles d'expositions, Spitzer montre également une série d'oeuvres sur papier.