Lawrence Weiner


 

S. Perrard
"Le Magasin vous souhaite une bonne année...Comme un cadeau..."
Le Dauphiné libéré, Grenoble, 29 janvier 1987

 

Le magasin (Centre national d'art contemporain) fidèle à sa mission qui est de faire découvrir l'art contemporain sous toutes ses formes, (même les plus déroutantes) à choisi de remplacer la banale carte de voeux par une oeuvre d'art.
Une manière originale d'associer une tradition avec un véritable travail de professionnel.
Ainsi, 7 000 personnes dans le monde, et notamment 2 000 Grenoblois, ont reçu cette oeuvre de Lawrence Weiner. Un envoi qui a suscité quelques réactions, parfois même agressives, qui prouvent que, l'oeuvre d'art interpelle toujours, surtout quand elle ne correspond pas aux critères classiques.
Ces réactions ont un peu attristé Jacques Guillot, directeur du centre, qui regrette que cet envoi n'ait pas toujours été apprécie à sa juste valeur. Alors qu'il a, véritablement été conçu non pas comme une provocation mais vraiment comme un cadeau. Pendant un an, le magasin se veut donc à l'origine d'une exposition, géante avec une oeuvre originale.
Lawrence Weiner est un artiste américain d'une quarantaine d'années qui vit à New York et Amsterdam. C'est un artiste conceptuel célèbre qui s'exprime par le biais de l'écriture.
On retrouve ses oeuvres dans les plus grandes collections internationales, et en France; Beaubourg, le musée, d'art moderne le musée Saint-Pierre à Lyon lui ont consacré des expositions.
Cette oeuvre se présente sous la forme de deux fèuilles en carton avec une phrase, l'une en anglais, l'autre en français. C'est l'outil, l'intermédiaire pour réaliser l'oeuvre. Les lettres ont été prédécoupées et utilisées comme pochoir pour permettre d'inscrire la phrase sur n'importe quel support.
On nous donne le mode d'emploi sur la pochette: 1.
L'artiste peut réaliser la piéce; 2. La pièce peut être réalisée par quelqu'un d'autre; 3. La pièce ne doit pas ne cessairement être réalisée.
Cela correspond aux principes de l'art conceptuel un « art de comportement », où le concept est plus inportant que la réalisation Weiner a conçu cette œuvre spécialement pour le Magasin. Il a bien sûr choisi la phrase, mais aussi le type de lettres, la maquette de la pochette...
Et, que les esprits pratiques se rassurent, l'argent du contribuable n'a pas été dilapidé. Cette oeuvre prêtée, pendant un an à 7 000 personnes intègrera ensuite la collection nationale à laquelle elle a été vendue par le Magasin. Nous n'auros plus alors qu'une copie.