18/20 - La fin du XVIIIe siècle et aujourd'hui

 

"Le XVIIIe et le XXe se rencontrent"
Le Dauphiné Libéré, Grenoble, 4 septembre 2004, p. 8

Privé d'espace d'exposition pendant les travaux de rénovation de la verrière de la halle Bouchayer Viallet qui l'abrite, le Magasin, Centre national d'art contemporain de Grenoble poursuit ses activités hors les murs.

Une ébauche en quelque sorte pour une exposition plus importante. Il nous apporte quelques pistes de réflexion à partir d'une confrontation entre des thématiques nées au moment de la Révolution et leurs prolongements à l'époque actuelle. Une façon de dire que les artistes d'aujourd'hui sont les héritiers des artistes d'hier.
Une manière aussi d'investir un lieu chargé d'histoire, la bibliothèque du musée, un lieu magique où installer une exposition, en respectant l'endroit, s'avère des plus difficiles. Le Magasin a résolu le problème en créant à l'aplomb des oculi du plafond des modules circulaires centrés sur un thème.
Le temps et l'histoire, l'espace et la géographie, l'exotisme et la chinoiserie, l'intimité et la domesticité, pour chaque thème abordé une oeuvre contemporaine fait face à un objet, un tableau, issu des collections de la ville ou du département. Associer une Bacchanale du 18e siècle, une paire de fauteuils estampillés Achard aux photographies de Nan Goldin. Mettre en parallèle des vues d'optique du 18eme et « Orange prison » l'oeuvre abstraite de Peter Halley, artiste représentatif du mouvement pictural "néo-géo", l'exercice peut paraître osé... Mais moyennant quelques explications, le résultat est plutôt convaincant.
La dernière salle présente une étonnante galerie de portraits. Les soixante jeunes gens photographiés par Thomas Ruff y dialoguent avec l'arrière grand-mère de Berlioz et les demoiselles de Rochechouart. L'approche réaliste est la même, exprimée bien sûr différemment. Et « L'homme sauvage » venu du Musée Dauphinois répond au « P Boy » chevelu d'Olaf Breuning.
Des séries, rééditées, de toiles de Jouy présentées dans chaque module constituent le fil d'Ariane de l'exposition. Des tissus jusqu'à ceux (d'époque) créés par la manufacture Perier de Vizille qui sont autant de livres d'images suivant les modes ou évoquant l'actualité politique. Une oeuvre de Renée Green qui a utilisé et, revu la toile de Jouy prolonge l'exposition au musée Stendhal.

Sylvie PERRARD