18/20 - La fin du XVIIIe siècle et aujourd'hui

 

“De l’un à l’autre”
Le Petit Bulletin, Grenoble, 6-13 octobre 2004, p. 10

Depuis l'annonce de la fermeture de son espace d'exposition pour travaux de rénovation, le Magasin a revu sa manière de travailler en proposant des expositions-maquettes, à la fois embryons d'exposition et expositions à part entière.
Ainsi, après avoir conduit au Mamco de Genève une réflexion sur les pratiques artistiques communautaires de l'après 1968, il se penche aujourd'hui sur les relations liant les artistes contemporains à l'Histoire, celle des hommes, des idées et de l'art. Pour cela, le Magasin a décidé de porter son regard sur une période emblématique pour Grenoble: le XVIIIe siècle. L'exposition 18/20 met donc en rapport des oeuvres du siècle des Lumières avec celle d'artistes contemporains selon différentes thématiques. Celles-ci se veulent ainsi le reflet des préoccupations des artistes du XVIIIe siècle, et leur projection dans notre modernité. On y rencontre des oeuvres parlant entre autres du temps, de l'espace, de l'exotisme, de l'intimité ou encore de l'art du portrait. Dans quatre modules circulaires, on assiste à la naissance d'une conversation intimiste entre les différentes oeuvres puis, dans la salle Matisse, au dialogue fleuve entre les portraits de Thomas Ruff, Rineke Dijkstra et d'Olaf Breuning et ceux de Greuze, Libon et. d'autres anonymes. Mais ce qui dérange le plus dans 18/20 est ce déséquilibre flagrant dans la mise en rapport des ouvres. La plupart des peintures, dessins et gravures du XVIIIe sont d'une facture assez faible alors que. le choix des artistes contemporains s'est porté sur les plus renommés de ces dernières années (on pense ici à Nan Goldin et Peter Halley notamment). Et, au
final, ce sont les toiles de Jouy, cette version française des Indiennes qui dialoguent le mieux aéec ces derniers. Et si l'on apprécie cette volon té de mise en dialogue, si l'on appréhende l'héritage que doivent les artistes d'aujourd'hui au passé, on ne comprend cependant pas en quoi cette exposition concerne l'histoire de a ville de Grenoble, ni en quoi, en définitive, se cristallise ce fameux génie historique qui permettrait à chacun de la définir dans ses réalités et dans ses mythes.

Vincent Verlé