"Grenoble, capitale des arts"
Grenoble Mensuel, Grenoble, novembre 1994
Trois mois durant, Grenoble est la capitale européenne d'art contemporain. Un exemple de réussite pour construire plastiquement l'Europe.
L'histoire remonte à 1988: les « quatre moteurs pour l' Europe » que sont les régions de Lombardie, Catalogne, Bade-Würtemberg et Rhône-Alpes ont décidé d'accélérer la construction de l'Europe en signant un mémorandum dont la culture est un des axes. L'exposition biennale intitulée « Carambolage » réunit donc ce que chaque région produit de plus valable en matière d'arts plastiques. Séduite par ce projet, la région d'Ontario du Canada participe également à l'opération. Après le coup d'envoi allemand, à Baden Baden c'est à Grenoble et au Magasin que se tient la deuxième édition. « Carambolage II » réunit cinq artistes choisis par Adelina von Fürstenberg. Le Catalan Francesc Abad a installé une série de cellules de moines très strictes, une ascèse que perturbe de temps à autre le martèlement des bruits de bottes. Sylvie Bélanger, d'Ontario, fragmente le corps humain, théâtre d'un affrontement entre le fascisme technologique et le féminisme. Le peintre lombard Giorgio Vicentini rend hommage à ses prédécesseurs (de Piero della Francesca à Cézanne ou Yves Klein) en faisant incliner vingt tableaux en pierres tombales. Jacques Vieille, le représentant de Rhône-Alpes, occupe toute « la rue » du Magasin en construisant un mur en zig-zag de plâtre blanc, jeu de perspective en trompe-l'œil. L'Allemande Elisabeth Wagner a sculpté un amas de « reptiles » (ou de fossiles) en papier mâché tandis qu'au loin, un nid de boîtes entrouvertes semble attendre...
J.LN.