Lothar Hempel Alphabet City
«L'art in situ, l'art in city»
Le Dauphiné Libéré Dimanche,
Grenoble, 11 février 2007,
p.9
What is public sculpture ? La réponse est dans La rue, cet espace central
du Magasin, occupé par Franck Scurti.
L'artiste a essuyé ses premiers plâtres aux Beaux-Arts de Grenoble
dans les années quatre-vingts et vit aujourd'hui à Paris. Il explose
et expose un peu partout, dernièrement au jardin des tuileries, pour la
FlAC. Très difficile à cataloguer, "il est toujours là où on
ne l'attend pas" disent ses pisteurs.
Ses traces sont de grâce
N'empêche, ses traces sont de grâce. Preuve en est: ce travail
tout en déliés sur l'espace public, spécialement conçu
pour Le Magasin et inspiré de l'art des rues.
Des graffs et des tags reproduits tels quels, en creux, sur des sculptures
en aluminium laqué ou brossé, bas reliefs, murs peints... "L'idée
m'est venue au Parc des sculptures à Paris, la plupart des oeuvres y
sont taguées et c'est là une autre façon d'attirer l'attention.
J'ai décliné l'idée... " en neuf chapitres, neuf
oeuvres qui font référence à un style ou un genre particulier
de l'histoire de l'art: minimalisme, expressionnisme, art géométrique,
etc...
"Stane", "Cash", "Bad", les signatures des tagueurs
s'inscrivent en creux sur le nu aux seins lourds et à la tête en
forme de cube comme dans les noeuds d'une guimauve géante.
Une lourde pluie tambourine sur les verrières du magasin et sur les
explications de l'artiste : "Sur ce coup-là, je voulais être
juste à côté du nombre d'or ..." A suivre...
Le clou du spectacle
Autre inclassable, formé cette fois par la fameuse académie de
Düsseldorf. L'artiste allemand Lothar Hempel - il est né, vit et
travaille à Cologne - use indifféremment de styles et de stratégies
empruntées au constructivisme ou encore au Bauhaus.
Mais ses installations sont avant tout fantastiques, ses décors étranges
et ses personnages fantomatiques qui hantent les salles du CNAC où l'artiste
présente une premiere rétrospective de ses oeuvres.
A commencer pas la reconstitution d'une exposition "Samstag morgen" réalisée à Londres
en 1997 jusqu'à une oeuvre beaucoup plus récente construite autour
de photographies agrandies et redécoupées, tirées d'un
livre sur un groupe de danse expérimentale de Harlem, et conçue
pour l'occasion.
Ces histoires racontées en peintures, dessins, photos, collages, vidéos
et sculptures, sans oublier la musique - l'artiste est également D.
J. - "empruntent des éléments au réel - comme cette
barrière en carton - reprennent les mêmes symboles - comme l'ombrelle-
et débordent sur des situations irréelles".
Des jeux de couleur et de lumières - partout des projecteurs, des lampes à la
place d'un oeil, d'un cerveau - complètent la scène et produisent
un spectacle "total", sans début ni fin.
Complètement hors du temps et des espaces connus, Lothar Hempel pense
qu'il est possible de faire, grâce à l'art, l'expérience
de quelque chose comparable à un rêve.
Frédérique VERHAEGHE