Le Procès de Pol Pot

 

«le Procès de Pol Pot»
Radicelle , Vif, décembre 1998, p. 58-59

Ce que dit le dossier de presse:

«L'exposition «le procès de Pol Pot» ne propose pas les oeuvres différentes de plusieurs artistes qui seraient rassemblées autour d'une quelconque thématique commune qu'ils illustreraient. Le procès de POL Pot est une seule oeuvre, l'oeuvre commune des artistes Philippes Parreno et Liam Gillick. Elle se découvre au fur et à mesure du parcours du visiteur dans l'ensemble des espaces du Magasin, la Rue et les galeries.

L'oeuvre est intitulée «le Procès de Pol Pot ». Elle se rapporte à l'un des événements majeurs de ce siècle. Evénement singulier de l'histoire cambodgienne qui pendant la durée du régime khmer rouge que Pol Pot a dirigé, n'a pas livré d'images, et dont le procès, organisé par ses pairs dans la jungle, nous semble illisible. Ce fait est d'autant plus marquant que ce régime a mis en oeuvre le génocide de son propre peuple, sans aucune distinction, et dans une relative indifférence voire dans certains cas avec la complicité de fait de certaines puissances internationales.

Liam Gillick et Philippe Parreno auraient pu tenter de documenter l'événement que constitue ce procès, de rassembler les informations existantes et de les soumettre à la connaissance et à l'analyse du public ou de l'interpréter artistiquement en créant des images ou des objets qui seraient des outils esthétiques d'appréhension des faits. Ils ont choisi de développer un projet de recherche auquel ils ont associé une dizaine d'artistes et d'organisateurs d'expositions appelés «superviseurs» afin de multiplier des points de vue et de soumettre à leur approbation ou à leur correction les étapes successives du projet et un ensemble de question.»

Restent barrant la rue, un grand rideau bleu avec un soleil ou une lune blanche et quelques arbres stylisés sur le côté droit.

De grands murs blanchis de frais tout autours de La Rue et de grands parallélépipèdes blancs. La salle des projets immense, déserte, blanche décloisonnée, avec des projecteurs de couleurs d'intensité variable.

Restent des lettres noires, un discours fragmenté en anglais et en français.

Reste-vous au milieu...

Je dis bien reste, et non pas il n'y a, car il n'y a rien, il n'y a jamais rien eu, le procès a-t-il eut lieu, était-ce un procès, un procès comme nous l'entendons.

Mais il reste quelque chose

Par delà la profondeur de la jungle et la prolifération du blanc. Des bribes de discours.

Des myriades de points et de questions

Une logique toute formelle comme l'est toute logique

Formelle et inachevée.

 

« Notre exposition n'est pas conçue pour suggérer que les meurtriers de masse devraient être tolères ; il est plutôt de notre devoir d'imaginer comment Pol Pot, par exemple, a réussi son coup. Nous avons vu quelques films et documentaires, amis»

What do I care about The stupid things I did yesterday

 

«Nous n'avons aucun portrait des protagonistes essentiels, et aucune image clair du sort des responsables. On peut en partie expliquer ce flou par la nature du communisme asiatique, différent de celui qui s'est développé dans l'Europe de l'Est et qui fut lui-même différent du communisme français, du communisme cubain» etc. l'analyse marxiste sur la façon de sortir les paysans de la merde a été appliquée aux arènes asiatiques sous de nombreuses formes différentes, qui toutes ont émergé dans des contextes historiques uniques et souvent isolément les unes des autres. Seuls des gens comme Robert McNamara ont cru à l'effet domino, à savoir que tous les communismes étaient identiques et que chaque effet du communisme est interchangeable avec tout autre, de sorte que lorsqu'un pays devient communiste alors ses voisins risquent de tomber aussi. De nombreuses formes de communisme asiatiques sont en fait des mouvements nationalistes. Le Vietnam en est un exemple classique. D'autres sont simplement des formes différentes d'une structure autoritaire qui avait existé dans le passé, comme en Chine. La situation cambodgienne était unique, comme toute autre. Et une part de son origine réside dans le fait que chacun convient que se fut un désastre alors même que le rideau n'est pas encore tombé.»

Le commentaire, pour souligner et interrompre le processus

Le lieu, sa nature vous auront persuadé que rien de figuratif ou autres ne sera accroché sur les grands murs blancs, rien de discursifs. Des mots mais pas de ponctuation.

Un espace blanc qui n'évoque pas la page sécurisante, repère, balise, jalon

Immensité du vide, surabondance de significations, signifiants démesurés et insignifiants.

Vide, résumé laconique.

«Bien entendu, les exemples d'artistes qui se sont intéressés à des événements épouvantables dans le cadre de leur travail ne manquent pas. En réalité, c'est presque un sujet rebattu dans le contexte post-freudien de l'expressionnisme européen occidental. Des aspects de l'héritage de l'Allemagne nazie ont servi à des artistes à des artistes aussi divers que Francis Bacon et Martin Kippenberger, et on nous a demandé, à tous, ce que nous allions faire à propos de la Yougoslavie. Pourtant avec notre exposition, nous nous tournons vers la structure d'événements qui se sont déroulés récemment plutôt que sur l'horreur apparente et fréquemment explicitée de l'expérience personnelle des victimes. En donnant forme à cela dans le musée, nous découvrirons peut-être quelques unes des raisons qui laissent cette suite particulière d'événements dans les limbes.»

 

Pol Pot, si c'est bien lui que j 'ai vu, était un petit vieux dont ses camarades étaient pressés de se débarrasser.

Ce n'était pas Pol Pot

Un petit vieux cambodgien avec des lunettes !

Battu...

Il y a des marionnettes le mercredi

Il aurait du y avoir une méga projection avec De Niro.

Un livre était prévu

Velléités aporie, tentative, esquisse, ratage somptueux.

Je ne vais tout de même pas vous faire le coup d'Oedipe se crevant les yeux pour avoir trop vu

Restent les grands murs blancs de la Rue, l'immensité blanche de la salle des projets et des grandes lettres noires, avec tout de même, des étoiles.

Qu'entendez-vous par-là ? Ils donnent dans le figuratif maintenant ?

Léonard