Chen Zhen


 

"Chen Zhen"
Kanal Europe, Paris, Février 1993

En France, depuis 1986, après des études d'art et de théâtre à Shangaï, il a vécu une triple expérience: la révolution culturelle, l'expérience scénographique et la culture occidentale. Il réalise ses premières sculptures en 1989, à partir d'objets récupérés, d'éléments naturels et de textes chinois. Au Magasin, à Grenoble (été 92), il a réalisé deux environnements, produits sur place pendant son séjour en résidence au Centre d'Art Contemporain. Ils ont été installés dans la nouvelle salle d'exposition. « La voie du sommeil » et « Le retour du fantôme de l'Homme » sont des oeuvres énigmatiques et hiératiques, participant d'une double culture, occidentale et asiatique.
Chen Zhen élabore un univers élémentaire complexe où les axes fondamentaux (Haut, bas, les points cardinaux, la polarité négatif et positif) ne sont plus contradictoires mais simultanément incarnés. Acte d'Art, acte politique.
« Je crois que ce qui relance tout c'est l'expérience, l'expérience en Chine, l'expérience en France. L'expérience n'est pas une enveloppe vide. Beaucoup de gens attendent de l'artiste chinois qu'il réponde à des stéréotypes, que ce soit le stéréotype de la calligraphie ou celui de la dissidence politique. Ce que je pense, c'est qu'il est hors de question de travailler dans « une version contemporaine d'un art ancien » - et je ne le pense pas pour des raisons politiques. Je crois qu'il faut distinguer deux choses extrêmement différentes. L'artiste travaille obligatoirement sous une influence politique dans le domaine de l'art, mais il travaille aussi librement avec ses propres opinions, avec ses propres implications dans le problème politique. En Chine, c'était le gouvernement, le régime qui poussaient à travailler dans certaines directions. C'est pourquoi beaucoup d'artistes chinois ont du mal avec la réalité politique, ils se foutent de la réalité ; ils veulent travailler loin de la société, loin des problèmes humains de notre planète. Moi je ne veux pas être contrôlé par la politique mais les problèmes politiques m'intéressent énormément.»

Extrait d'un entretien avec Yves Michaud (avril 1991) publié à l'occasion de son exposition à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (été 91).