"Au centre national d'art contemporain"
Le Dauphiné Libéré, Grenoble, samedi 27 juillet 1996, p.7
Gianni Motti vous invite à vous allonger sur son divan...
0n reproche souvent à l'art contemporain son hermétisme et son manque de chaleur. Le Suisse Gianni Motti, lui, a opté pour une autre voie, celle de la convivialité et du dialogue. "J'ai toujours, dit-il, recherché le contact... ".
Dans le cadre de l'actuelle exposition du Magasin, "Auto-reverse 2", il a créé une "psy-room" qui a tout du cabinet de psychiatre. Il y a la salle d'attente, la plante verte, les fiches de rendez-vous, et bien sûr le traditionnel fauteuil.
Le visiteur est convié à prendre rendez-vous pour rencontrer le faux psychiatre, en fait un artiste à l'écoute des autres qui a choisi d'intervenir sur le quotidien. Et, le premier moment de surprise passé, ça marche. On vient lui parler de l'exposition, d'art contemporain (la thérapie sur l'art et par l'art ça existe !), mais aussi, comme on le ferait avec un ami ou un psy, de toutes sortes de préoccupations.
Le "psy-room" devient alors un véritable lieu de rencontre et Gianni Motti cultive avec talent l'ambiguité. Il abolit les distances, suscite les confidences et assure son rôle de "psychologue de la vie" avec un naturel déconcertant.
A Genève, dans une galerie où il avait déjà tenté l'expérience (il a donné plus de 100 consultations) l'un de ses visiteurs s'est même endormi dans son fauteuil, c'est dire...
Gianni Motti se considère comme une sorte de trouble fête, de virus qui s'immisce dans les interstices de la vie et de l'art. Il a choisi de déranger... Il revendique les tremblements de terre (et devient tout naturellement un "artiste tellurique"), se fait découper en morceaux par un magicien, transforme un centre d'art en pays des illusions en y installant de vrais faux mâts de cocagne que les visiteurs prennent d'assaut.
Et jusqu'au 28 juillet il vous attend au Magasin. Jusqu'à la fin de l'exposition il reste disponible et on pourra le contacter par téléphone.
Sylvie Perrard