Andreas Dobler


 
"Cet obscur objet du désir"
Numéro, Paris, juin 2003, p. 30

Attention OPNI (objet peinture non identifié) ! La peinture figurative fait depuis quelques années un retour en force dans les grands musées, qui lui consacrent de nombreuses expositions afin de questionner son statut et sa validité dans le champ de l’art contemporain. Andreas Dobler, artiste vivant à Zürich, n’a cessé d’utiliser ce médium depuis 1985, au-delà des tendances du moment, et bénéficie par osmose d’un regain d’intérêt vis-à-vis de son travail comme l’a prouvé sa récente exposition au Magasin, centre d’art contemporain de Grenoble.
Fortement influencé dans sa jeunesse par la musique pop, la culture psychédélique et sa relation au néo-surréalisme des années 60 et 70 ainsi que par la science-fiction et l’esthétique des bandes dessinées, Andreas Dobler continue à piocher, seul dans son coin, dans une culture proche de celle des médias. Depuis de nombreuses années, il incorpore dans ses tableaux figuratifs des éléments trash du monde érotique, des films d’horreur ou de la musique rock.
Torso fait à la fois référence à une architecture moderniste vide, inspirée directement des brochures d’agence de voyage vantant les qualités des complexes hôteliers de vacances, et renvoie aussi à la sculpture de type anamorphique que pratiquait Jean Arp ou Henry Moore au début du siècle. Alors, la peinture figurative, c’est over ? Le magnifique livre publié sur Andreas Dobler aux éditions Patrick Frey de Zürich, tend à prouver le contraire.

Nicolas Trembley