Andreas Dobler

 
" En totale immersion "
Sortir, Grenoble, 16 - 23 avril 2003, p. 3

Il est tombé dedans quand il était tout petit… Car rien ne vaut la peinture pour s’occuper (…en s’amusant) quand on est fils unique et qu’on habite un petit village d’Argovie. Et manifestement, Andreas Dobler est resté fidèle à sa passion de jeunesse, même si la peinture, surtout figurative, n’a pas toujours été dans l’air du temps.
Dans ses compositions, souvent spectaculaires, il se raconte, explorant des territoires marginaux, oscillant toujours entre émotion et raison. L’exposition présentée au Magasin nous permet de le suivre depuis les années 80. Il nous fait partager son intérêt toujours renouvelé pour le fantastique et la science-fiction. Il nous livre quelques-unes de ses obsessions avec notamment, cette sculpture inspirée par Arp qui s’apparente à une apparition érotique, ou cette petite culotte enserrant une pierre.
Il a vécu à Los Angeles et à Paris, mais la Suisse reste très présente dans ses œuvres. Le chocolat suisse, source de plaisir et de salissure, accompagné de cotons-tiges, le pain tressé de son enfance d’un vert peu appétissant, transpercé par des bâtons de ski, deviennent des symboles d’ambivalence. Amoureux du point de fuite, Andreas Dobler associe souvent constructions géométriques, perspectives époustouflantes et matières dégoulinantes. Pour lui, la peinture s’apparente à la comédie, il cultive donc la mise en scène et utilise les techniques les plus diverses (batik, dessin, feutre, laque…) pour renforcer son propos.
Hôtels paradisiaques désertés, passages lunaires ou boules du loto en action… sa curiosité s’exerce aussi au quotidien. Il aime travailler en musique et ses illusions perdues de carrière musicale sont à l’origine de l’unique sculpture de l’exposition. Pour lui, tous les trucs sont bons pour entraîner le spectateur dans l’image. Il prône l’immersion totale. Et si le message n’est pas toujours limpide, la forme, elle, est vraiment convaincante.

Sylvie Perrard