La Consolation

 

«Au Magasin : la création contemproain en Flandre»
Arts Antiques Auctions, Gand, avril 1999, p. 17 (extrait)

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Dans l'espace "Galeries" du Magasin sont disposées les oeuvres de 27 artistes dits "flamands", plus particulièrement actifs entre 1975 et 1985. Des oeuvres pourtant introduites par celles de maîtres incontestés de la fin du XIXè et de la première moitié du XXè, tels James Ensor, Henri de Braekeleer, Pierre Devos ou Edgard Tytgat. Le communiqué de presse de la manifestation épingle opportunément l'expression "dits flamands", car fidèles à une politique quelque peu troublante, certains commissaires du nord de notre pays, n'hésitent plus à faire main basse sur des personnalités qui, de leur vivant, n'auraient guère admis pareilles annexions. Ensor, l'Ostendais d'origine anglaise, était-il un Flamand sensu stricto, lui qui écrivait en français ? Et Tytgat, le Bruxellois bon teint? Et Broodthaers, de nulle part et de partout à la fois ? Enfin, passons ! En tout état de cause, ces grands aînés précèdent un tas homogène de plasticiens énergiquement émergés dans un contexte conceptuel que l'extravagant Marcel Broodthaers avait, chez nous, engagé des rails encore incertains. Ainsi les Bijl, Copers, De Cordier, De Keyser, Delvoye, Dujourie, Fabre, Geys et autres Vercruysse sont-ils d'un rassemblement que trompent, ici et là, de trouvailles, souvent plus réconfortantes, un Panamarenko, un Raveel, un Tuymans, ou le sage et sensible Dan Van Severen. Une intéressante mise en confrontation orchestre cependant avec à-propos ces voisinages parfois inattendus. Ainsi un Tytgat y cohabite-t-il avec un Wim Delvoye, un Fabre avec un De Cordier. De quelle "Consolation", l'exposition nous entretient-elle ? A chacun d'y puiser la réponse qui lui sied, de celle de l'artiste à celle du visiteur… […]

Roger Pierre Turine