La Consolation

 

«Au centre national d’art contemporain des artistes et des architectes flamands»
Le Dauphiné Libéré, Grenoble, 11 mars 1999, p.9 (extrait)

"C'est de l'art flamand : Et alors ? Si on ne l'avait pas dit, je ne l'aurais pas su !"

En fait, ils sont flamands, leurs oeuvres proviennent de la prestigieuse collection de la communauté flamande de belgique, mais le parcours conçu par Yves Aupetitallot, directeur du centre national d'Art contemporain et commissaire de l'exposition met plutôt en lumière 27 fortes personnalités. Autant d'artistes de talent, appartenant à plusieurs générations, dont la célébrité a souvent franchi les frontières de leur pays et qui, bien sûr, véhiculent une certaine image de la Flandre. Au fil des décennies la communauté flamande de Belgique a constitué une collection riche aujourd'hui de plusieurs milliers d'oeuvres. Une collection qui lui permet d'affirmer son identité politique et culturelle à travers des expositions, à l'étranger notamment (cette exposition sera cet été à la biennale de Venise).
Pour choisir les 70 oeuvres qui jalonnent les galeries du magasin, Yves Aupetitallot a privilégié les critères de qualité et de contemporanéité, s'attachant à présenter des ensembles, bien utiles pour mieux appréhender le travail des artistes…

"La consolation"…
Le titre de l'exposition "La consolation", mérite quelques explications. «A travers les différentes salles, dit Yves Aupetitallot, émergent peu à peu quelques thèmes récurrents : l'artiste, l'art et la collection ; la proximité qu'elle soit humaine ou géographique ; la domesticité et l'intimité ; la représentation et le décor… Dont la tonalité du traitement est marquée par un sentiment diffus que nous qualifions intuitivement, donc subjectivement, de "consolation" qui est à la fois le soulagement d'une peine, l'appui et le plaisir».
Tout un programme !
La première salle donne le ton. Assise dans un coin la femme, très réaliste, créée par Jan Van Oost, l'un des plus jeunes artistes, surprend. Tout comme la matière, de l'acrylique sur un tapis persan, et le thème de l'oeuvre d'un autre jeune artiste, Wim Delvoye. L'oeuvre de Dan Van Severen l'un des abstraits les plus célèbres des années 60, répond à la tapisserie d'Edgard Tytgat (1879-1057) qui, avec son dimanche matin à la campagne, nous ramène au siècle dernier. Et les "cabines de bain de la plage d'Ostende", impressionnistes, de James Ensor (1860-1949) contrastent avec celles, très précises, de Pierre Devos.
Tout au long du parcours, le dialogue entre les oeuvres se poursuit : le squelette peintre d'Ensor voisine avec la pin-up pop de Panaramenko, les intérieurs feutrés d'Henri de Braekeleer (1840-1888) avec le musée imaginé par Marcel Broothaers (1924-1976)… Parfois la présentation se fait monographique.
Ainsi pour Jan Vercruysse et Raoul de Keyser qui se partagent une salle. A noter la présence d'oeuvres sur papier ou toile, support souvent dédaigné par les artistes contemporains mais pas par Gent Verhoven ou Patrick, Vanden Eynde, nés en 1964. Quelques surprenantes sculptures jalonnent le parcours : l'homme aux clous (et au jambon cru). Un drôle d'autoportrait signé Jan Fabre, le Gargantua moins spectaculaire mais aussi étonnant de Thierry de Cordier, la Danseuse de Degas revue par Degas revue par Léo Copers, le thème du gisant réactualisé (dans la glace) par Peter Rogiers et celui du drapé interprété, en plomb, par Lili Dujourie. L'exposition se termine par une halte ludique avec l'installation d'Honoré d'O qui a investi toute une salle et nous invite à jouer avec lui par bille interposée.[…]

Sylvie Perrard