La Consolation

 

«Flâneries flamandes»
Le Petit Bulletin, Grenoble, 31 mars 1999, p. 4

Dédiées à la création contemporaine de la Communauté Flamande, les soixante-dix oeuvres exposées au Magasin (CNAC) à travers "La Consolation" tentent de lui tracer une histoire. Belge ? Pas sûr…

La fille à l'entrée à gauche semble cacher ses yeux dans ses cheveux pour pleurer. Cette saisissante sculpture réaliste de Jan Van Oost précède dans son geste avachi la tristesse, l'ennui et la gravité qu'une partie de l'exposition symbolise. L'atmosphère étouffée des toiles de De Braekeleer, la matière roide et plane d'un bord de mer chez Pierre Devos ou la thématique géométrique des oeuvres, de Philippe Van Snick rappellent comment les invraisemblables altitudes de la Belgique ont pu imprégner les artistes d'une durable lassitude. Plus loin, Thierry de Cordier s'adonne au pessimisme avec un vague rictus : ses trois sculptures lisses et noires imposent une implacable résignation, un mutisme inconsolable. Inconsolable ? C'est oublier alors la mythologie démystifiée sur un tapis persan par Wim Delvoye, la grosse pin-up en feutre de Panamarenko, l'autoportrait dérisoire de Jan Vercruysse et surtout l'installation d'Honoré d'O en fin de parcours. Ici, le flâneur sourit forcément : une salle de jeux lui tend un décor tubulaire et enfantin, il y fait rouler des billes, actionne des mobiles et se distrait. En partant, la fille à l'entrée cache toujours ses yeux.
Mais c'est peut-être pour rêver.

Richard Gonzalez