Jack Goldstein
"Goldstein, un héros de l'art américain"
L'Oeil, Paris, avril 2002 p.84
Avec la rétrospective Jack Goldstein, le Magasin de Grenoble clôt
avec brio une série d'expositions consacrées à certains
maîtres de l'art américain peu connus en France. Yves Aupetitallot,
le directeur, voulait ainsi rompre avec une hiérarchie qui, d'expositions
en ouvrages savants, cite les mêmes artistes, les mêmes oeuvres
pour finalement aboutir à des filiations très convenues. Or, l'histoire
de l'art américain est riche de quelques personnages singuliers dont
l'influence fut considérable sur les artistes de leur génération.
Jack Goldstein est exemplaire de ce genre d'artiste autrefois célébré
puis tombé dans un relatif oubli. Né en 1945 à Montréal,
cet homme étrange produit ses premières oeuvres, des sculptures
très minimalistes, à la fin des années 60. Dès l'aube
des années 70, il réalise plusieurs petits films où il
s'attache à démontrer les constructions idéologiques alors
en vigueur aux Etats-Unis. Premier renversement fin 1974. Désormais,
ses projets ne sont plus l'expression d'un auteur qui dans le secret de l'atelier
produit de l'art mais bien celle d'un producteur mobilisant les moyens nécessaires
à son expression. De cette époque date les plus passionnants de
ses films très axés sur le spectaculaire de la société
contemporaine. Au même moment, il produit un ensemble de disques où
il monte sons, bruits et musiques dans d'improbables variations orchestrées.
Avec les années 80, nouvelle Mutation; désormais il se consacre
à la peinture. Réalisées par des assistants à partir
d'images photographiques, ces toiles énigmatiques lui ouvriront les portes
du succès avant qu'il ne se retire dans un silence troublant.
Damien Sausset